Vide froissé

Le poète tente de déplier le vide froissé en chacun de nous
et soudain les quelques questions qu’on ne s’est jamais posées
se changent en petits moments de bonheur.
(09 avril 2025)

Non ce n’est pas l’automne

Non ce n’est pas l’automne et pourtant des feuilles d’arbres s’envolent et tombent ici. J’essaie de ne plus voir les barreaux, les grillages ou les murs. Je pense à l’automne dans mon jardin, un verre de vin à la main pour déguster les derniers rayons du soleil. Tout était simple à l’époque : travail, famille, amis. Mon seul plaisir solitaire c’était les ballades en VTT dans la forêt voisine. Des heures à pédaler, à grimper, descendre et slalomer entre les arbres, à surfer sur les dénivelés, à respirer le grand air et à fatiguer mes angoisses. Pourquoi me suis-je arrêté ce jour-là ? Des joggeurs et joggeuses j’en croisais tout le temps et on s’ignorait réciproquement, au mieux un petit signe pour dire bonjour… et là, je me suis arrêté à coté de cette joggeuse fatiguée et visiblement en détresse. Elle ne voulait aucune aide. Elle voulait rester seule. Elle voulait qu’on la laisse tranquille, « que le monde lui foute la paix » a-t-elle finit par hurler. Je suis reparti avec un drôle de malaise et l’esprit ailleurs. Je me sentais un peu solidaire de ce hurlement « qu’on me foute la paix ! ». Et il a fallu qu’on grand malade mental s’en prenne à elle, il a fallu qu’on croit que c’est moi ce grand malade et me voici ici dans cette prison a rêver devant de pauvres feuilles mortes.

(Evreux 04 avril, d’après cette image https://fershteh.aminus3.com/image/2025-04-01.html )

Trop de vent

Trop de vent
sur les blessures de l’âme
rien ne s’envole vers ce bleu blessant
cette offense à toutes les souffrances
l’eau ridé de la rivière
ne comprend pas la tristesse des pics verts
quand la débroussailleuse a tout arraché
ils avancent chancelants et patauds
sur une pelouse lisse de toute vie.

Douceur de l’argile

La terre sous mes mains prend forme. Douceur de l’argile à travailler. Presque plus de rugosité à force de lissage. Le vase prendre forme et je sens les courbes s’affirmer. Mes longs doigts de pianiste compose un concerto de terre et d’eau. Pleins et déliés mes mains trace dans l’air une musique enlevée et amoureuse. Je pense à sa destinatrice et aux fleurs qui pourront y trouver refuge quelques jours avant de mourir. Choyer ce bel écrin pour des bouquets soyeux et joyeux. Arrondir les formes pour réjouir son visage quand elle le regardera. Éliminer toutes les aspérités qui pourraient faire douter de mon amour pour elle. Une dernière accélération du tour pour achever le lissage. Au même moment, je commence à visualiser les motifs géométriques qui couvriront les flans de ce vase. Comme une exclamation de son caractère doux mais sûr d’elle, enjoué mais cachant ses fêlures mais solaire avec de joyeuses zones d’ombre.

(d’après photo https://www.fotocommunity.fr/photo/potier-au-travail-eric59/49089744 )

Mots suspendus

Je laisse ici quelques mots suspendus
pour celles et ceux qui en manquent
pour dire leurs rêves.
26 mars 2025