quand la bombe est tombée, je cherchais du sens, je regardais l’agitation, je souffrais d’inutilité, je tendais la main pour vivre, je tendais la main simplement pour attirer leur regard, elle ne regardait pas ailleurs quand l’explosion l’a détruite, l’agitation n’avait pas plus de sens après, j’avais mal, je pleurais, je criais, j’ai regardé ses ruines se creuser sous le feu, le passé s’est enfui dans les flammes, les êtres ont fusionné avec la roche, inutile trace de leur passage, il ne me reste plus mes yeux pour pleurer, la bombe n’a pu effacer les images en moi, celle du ciel nuageux au-dessus des toits, celle de son visage amoureux, celle du mépris de mon frère quand j’ai décidé de tout quitter, j’ai trop de bruits dans ma tête, j’ai trop de ruines dans mon coeur pour oublier, j’ai trop d’images en moi pour accepter la mort, la délivrance s’est enfui comme la vue, maintenant je suis ému, je prends toutes les émotions en plein ventre, le moindre sentiment qui entre à proximité me touche à coeur, la musique chaotique des joies ou la sérénade des tristesses ainsi que le répétitif lamento de l’incertitude bouleverse mes neurones, je suis perdu dans un maelström d’émotions étrangères, et pourtant je dois traverser ces ruines pour toucher au-delà des rochers la certitude des peut-être.
photo sleep du photoblog life inchoate
excellent texte Xavier ! la deuxième moitié m’a particulièrement enchanté, puissant et tenu, avec une conclusion forte, des phrases pleines de sens… Bravo.