1/ Premier coup de soleil de l’année
Brisé dans mon élan laborieux par le franc beau temps d’aujourd’hui, je me suis assise sur un banc face au Rhône. Les gens marchaient très vite comme des animaux fuyants quelque menace. Les voitures s’affolaient sur le boulevard, qui à la recherche d’une place, qui pressés de quitter ses lieux, qui emporté par le courant. Le soleil piquait chaque pore de ma peau, réveillant une délicieuse sensation de farniente. Mes yeux se fermaient. J’imaginais la plage avec lesploufs , les bruits de raquettes, les cris d’enfants, les pages de livres effeuillés, le craquement des petits lus ou alors le pont d’un bateau avec le vent, le tintement des fils, l’écho léger du ressac, les conversations feutrées, les ronflements et lesslurps de café bien chaud. Les bruits de Lyon devenaient lointain. Tout ce que je devais faire de manière indispensable devenait soudain idiot. Vain! Mon corps s’engourdissait sous les rayons du soleil. Enfin, je pouvais me laisser aller. Ne plus lutter. Tout ces efforts n’ont plus de sens. Attendre jusqu’à sentir la brûlure du coup de soleil. Pouvoir regarder à nouveau dans la glace son visage rouge sans penser aux conséquences.
2/Frénésie d’achats
Journée de l’emmerdement maximum: l’ordi qui plante, la collègue malade, que des super urg. pour avant-hier et même before, le boss infect et les gamins grognons… C’est la pause de midi et j’ai décidé de décompress un max… Je fonce faire du shopping. Mes yeux clignotent de pleasure devant ces étalages de bijoux, de fringues et de bouffe. Je commence par un maxi-burgeur frites et pleins de sauces sucrées puis un glace hagen… Ce collier est trop top! Il brillera extra sur ma peau bronzé de miel. Je louche et craque pour ce cache coeur abricot, trop tendance dans lewind. J’essaie un pantacourt qui valdingue sur la vendeuse qui se fout de ma gueule en insistant alors que je vois bien qu’il me boudine. Mais alors cette robe en lin et froufrous dans tous les sens me colle sensuellement au bonbon. Voilà de quoi faire enrager lescops. J’apprécie déjà dans la boutique le regard des mecs. Woah! Je suis reboosté à donf. Quand je back au bureau, il y a tout un patacaisse de pompiers et de gens agglutinés. L’immeuble du boulot y burn… cash! Bien fait pour le boss… A force de speeder les gens, y font de conneries… J’espère qu’ça va remettre les swatchs à l’heure… Il était pas d’dans au moins?
3/Les Aigles
Ils sont beaux les aigles. Maman secoue machinalement la tête. Elle choisit un melon. Elle m’a déjà expliqué que c’est important de bien choisir ses fruits et ses légumes. Il faut faire en fonction de la vue, du toucher, de l’odeur -l’idéal serait de pouvoir gouter mais c’est interdit à ce qu’il paraît- et de quand on veut les manger. Elle parle comme la maitresse dans ce cas-là , ma maman. Je comprends pas tout mais je hoche la tête pour pas la fâcher, comme avec la maitresse. Pendant que Maman se concentre sur les melons, moi je fixe les aigles. Le dresseur m’a vite repéré et me fait signe de ne pas bouger. Il pose l’aigle sur son gant, me désigne et projette son bras vers moi. L’oiseau prend son envol avec une lente détermination vers sa proie. Maman se tourne vers moi pour dire quelque chose… aperçoit l’aigle… crie… fonce entre lui et moi avec des bras comme fous… l’oiseau dévie et monte vers le ciel. Je regarde l’oiseau qui vole loin, très haut, disparaître. Maman me serre dans ses bras en tremblant. J’ai pas tout compris. Maman non plus. Elle ne sait pas que je suis partie avec l’aigle, loin, très haut, mais je ne sais pas comment disparaître. J’aimerais apprendre. Je demanderais à la maitresse. Cela sera ma première question. Elle sera contente la maitresse qui se plaint sans arrêt que je ne dis jamais rien. Vivement demain.