On m’appelait le muet, jamais rien ne disait, mes cahiers d’écolier étaient mon seul espace de paroles, j’écrivais les pleurs qui ne sortaient pas, je dessinais les fantômes du coin de la rue, ceux qui me poursuivaient en hiver, je transcrivais mes pensées aléatoires sur ce que je ne comprenais pas, je me rêvais autre, je riais tout seul de mauvaises blagues, je cachais mes chagrins et refusais mes espoirs, on aurait dit que je savais écrire avant d’avoir appris à lire, il n’y a que l’amour que je n’ai jamais su écrire ni dire, aujourd’hui encore je le cherche à chaque phrase, je ne sais pas ce qui me manque mais cela fait mal.
inspiré du photoblog Pensées photographiques, d’après la photo Retour au travail