prendre la route sans conviction, je flotte dans ces matins brumeux, ces matins ni tout à fait les mêmes ni tout à fait différents, le goût amer du sempiternel café, toujours le même, chaque fois je traverse le pont, je suis saisis par le fol espoir -indicible- qu’il s’écroule, qu’une grande vague l’emporte, etc… et moi avec, la radio en fond sonore donne l’illusion que c’est un autre jour mais quand je rencontre un autre habitué du pont je perds davantage mes repères, je mere-perds, la coulée métallique des voitures m’emmène paisiblement de l’autre coté, puis la ville ré-apparait et je suis rassuré, je suis re-vivant, je vais au travail et c’est bien, c’est bien, c’est bien, dis-je au costume cravate posé sur le siège passager, comme pour le rassurer avant de l’obliger à me vêtir, et puis je ris de soulagement, chasser cette angoisse quotidienne qui me rend fou dans ceno-ame’s land entre la maison et le travail.
d’après le photoblog lucidtones, inspiré de la photo throg