Il y avait ces moments de grâce où assis devant le piano mes mains appuyaient sur la mélancolie des auditeurs, les larmes glissaient généreusement sur les visages de mes geôliers, je riais des sous-entendus et des aveux de ma musique, ma langue avait finis par ne plus me manquer, ils n’avaient pu m’arracher que cela, leur tortures et leurs humiliations n’étaient qu’un ersatz des bouleversements du monde fuyant sa ruine, les mots étaient devenus si vains face au désastre, il m’a fallu à peine quelques semaines pour les amener au désespoir, à cette rage de tout détruire autour d’eux et… j’ai souris en sentant mon corps se désarticuler sous leurs balles.
d’après la série « The Ruins of Detroit » de Yves Marchand&Romain Meffre, inspiré de la photo piano