La règle du jeu ne variait pas : on tirait au sort tous les mois dans les listes électorales un inconnu ensuite enlevé un matin par les troupes spécialement entraînées pour cela et dont le travail propre net et sans bavures était depuis longtemps reconnu. Une fois le candidat involontaire endormi, sa mémoire était soigneusement lavée de tout souvenir par des méthodes gardées secrètes puis on le déposait dans le centre commercial totalement vidé et truffé de caméras invisibles. Enfermé là, l’individu s’éveillait seul.
C’est le moment où les paris en ligne affluaient, chaque spectateur misant sur des possibles plus ou moins probables (personne ne doutait plus que l’individu se servirait quelque chose à boire et partirait sans payer, ou passerait de longues premières minutes à hurler dans l’espoir vain d’une réponse).
Les gains les plus importants se faisaient évidemment sur le plus spectaculaire, crise de démence, sanglots, fissure de l’être et parfois même, ces jours où toutes les audiences explosaient, suicide en direct.
On ne savait pas ce que devenait les candidats une fois les projecteurs éteints. Aucun n’était jamais rentré chez lui, mais leurs familles éventuelles ne cherchaient pas plus loin : les compensations versées par les multinationales télévisuelles consolaient assurément de tout.
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