Je m’installe dans la véranda, un livre de poésie et mon Ipad. Derrière les lamelles du store, le jardin change un peu au fil des saisons. De là où je suis, je vois surtout le gazon, la haie et le petit cabanon en bois. Je lis quelques vers de poésie, un recueil acheté ou emprunté à la bibliothèque. 10, 15 ou 20 textes. Parfois une petite tasse de café à proximité. La lumière douce dans la véranda fait un cocon nuageux et silencieux. J’ouvre mon appli dédiée aux notes et je commence par écrire un petit poème à partir d’un mot glané dans ma lecture du jour ou d’avant. Je regarde le ciel en attendant les associations d’idée. J’ai ajouté un clavier à mon Ipad pour écrire plus vite car j’arrive à écrire tout en regardant l’écran. Je suis le rythme de mes pensées. Le silence est indispensable pour cette fluidité, pour que les images arrivent et que le texte coule sous les doigts. J’écris sur cette table ronde pleine de souvenirs heureux et malheureux. Quelques plantes nappent la véranda et profite de l’effet de serre. Bien qu’ouverte, l’armoire berger a bien des secrets. Certaines fois, je suis devant le grand écran de mon ordinateur avec un mur blanc et un tableau où autour d’une silhouette à peine esquisse surgit une citation « le poète éperdu… », sur la droite c’est la rue principale du lotissement que je surplombe du premier étage. Peu de circulation pendant la journée, juste un balai de voitures aux heures d’embauche et de débauche, quelques distributeurs de prospectus et sinon du gazon et des volets souvent à demi-fermé, quelques beaux arbres à regarder, je vagabonde entre deux moments d’écriture, entre arbre, gazon et nuages, un chat qui passe, il me faut parfois me lever pour remplir la tasse de thé quand je commence à avoir froid à force d’être immobile devant mon ordinateur, quelques revues et petits penses-bêtes sont éparpillés sur mon bureau, la bibliothèque à gauche cherche désespérément son classement, certains livres sont là pour être saisis régulièrement d’autres sont cacher par une carte postal où un mail-art, je me lève juste avant la fin pour marcher et laisser décanter les mots de la fin qui planent autour de moi, je vagabonde entre la véranda et la cuisine, jusqu’à me rasseoir à nouveau pour ajuster la dernière phrase.
Issu de la proposition 7 de l’Atelier d’écriture Hiver 2018 – 2019 de François Bon