Non ce n’est pas l’automne et pourtant des feuilles d’arbres s’envolent et tombent ici. J’essaie de ne plus voir les barreaux, les grillages ou les murs. Je pense à l’automne dans mon jardin, un verre de vin à la main pour déguster les derniers rayons du soleil. Tout était simple à l’époque : travail, famille, amis. Mon seul plaisir solitaire c’était les ballades en VTT dans la forêt voisine. Des heures à pédaler, à grimper, descendre et slalomer entre les arbres, à surfer sur les dénivelés, à respirer le grand air et à fatiguer mes angoisses. Pourquoi me suis-je arrêté ce jour-là ? Des joggeurs et joggeuses j’en croisais tout le temps et on s’ignorait réciproquement, au mieux un petit signe pour dire bonjour… et là, je me suis arrêté à coté de cette joggeuse fatiguée et visiblement en détresse. Elle ne voulait aucune aide. Elle voulait rester seule. Elle voulait qu’on la laisse tranquille, « que le monde lui foute la paix » a-t-elle finit par hurler. Je suis reparti avec un drôle de malaise et l’esprit ailleurs. Je me sentais un peu solidaire de ce hurlement « qu’on me foute la paix ! ». Et il a fallu qu’on grand malade mental s’en prenne à elle, il a fallu qu’on croit que c’est moi ce grand malade et me voici ici dans cette prison a rêver devant de pauvres feuilles mortes.
(Evreux 04 avril, d’après cette image https://fershteh.aminus3.com/image/2025-04-01.html )