Oublier les mots

Oublier les mots
quand dire n’est plus possible
la peur s’installe
il ne faut pas laisser s’enfuir
le reste des sens.

(journal des mots n°187 / 18 avril 2014)

Un seul mot et tout est dépeuplé

Fukushima
Un seul mot et tout est dépeuplé
Fukushima
Un seul mot nous rend muet
Fukushima
Un seul mot pour un vide qui s’installe
effarement et déréliction
Remember Fukushima
c’est tout ce qui nous reste
à notre vocabulaire qui s’est appauvri.

(journal des mots n°186 bis / 9 mars 2014)

les mots dessinent la vie

Fuyant la nostalgie
les mots dessinent la vie
celle gorgée des désirs
et apaisée dans la contemplation
échos de nos contradictions.

(journal des mots n°186 / 9 mars 2014)

Elle dansait en évitant les taches d’ombre

Le front couvert de sueur, elle est allongée sur le sol en bois de la terrasse. L’odeur de la terre chauffée par le soleil apaise sa folie. Tout à l’heure, elle dansait en évitant les taches d’ombres et de couleur éparpillées autour de la maison. Elle sautait de plus en plus haut pour attraper les nuages qui glissaient dans le ciel. Au tintement des cloches des vaches, elle s’est figée net, l’élan brisé par une peur panique. Elle s’est alors mise à tourner comme une toupie… jusqu’à s’écrouler sur le sol. Maintenant, elle attend pour bouger le cri-cri des grillons.

les mots s’étouffent dans la tempête

Telle une épave errante
les mots s’étouffent dans la tempête
et les fous n’ont plus de repères
ils n’entendent plus les phrases
qui, jusque-là, les guidaient hors d’eux.

(journal des mots n°184 / 2 février 2014)

les mots s’accélèrent dans mon coeur

Une fois le fusain levé de la feuille
les mots s’accélèrent dans mon coeur
de voir s’échapper si loin
la vie qu’on aimerait dessiner
tout près de toi.

(journal des mots, 183 / 12 janvier 2014)

mes yeux pleurent les mots libres

Polis par la blancheur du sable
mes yeux pleurent les mots libres
l’écume bleue des vacances
emportés par le vides des nuages.

(journal des mots, hors série été 2014)