A coté de la falaise des drames
Les mots sont juste en équilibre
il suffit d’une virgule au bon endroit
pour que tout ne bascule pas.
(journal de mots n°143 / 16 décembre 2012)
île de mots…
A coté de la falaise des drames
Les mots sont juste en équilibre
il suffit d’une virgule au bon endroit
pour que tout ne bascule pas.
(journal de mots n°143 / 16 décembre 2012)
Comme un fantôme
les mots blancs errent sur la page blanche
imperceptiblement
ils se détachent de mes pensées.
(journal des mots n°142 / 9 décembre 2012)
J’ai peur de sortir, mes mains sont rouges et tout m’accuse, dehors ils sont tous hostiles, même si je suis en paix maintenant, à l’abri de l’enveloppe ouatée de ce vitrail, de sa tension blanche qui apaise et redonne le sourire, les évènements se sont précipités à une vitesse incroyable, les mots sont gravés dans la mémoire de certains, les gestes ont fait mal, mais ce n’est pas ce que je voulais au tréfond de moi, ce n’est pas moi, quelqu’un a-t-il voulu me piéger, ils me détestent tous, ou presque, je ne saurais pas quoi dire, je n’ai rien à dire, ici je suis bien, ce blanc repose, l’esprit peut prendre de la hauteur et s’évader dans les méandres de l’église, la finesse de ces arabesques détricote le bouillonnement intérieur, je ne cherche plus à comprendre, je ne cherche plus à savoir la vérité, ici je ne me sens pas coupable mais juste moi sans faux semblants, ici je suis prêt à attendre l’éternité que tout se règle par soi-même à l’extérieur, si je pouvais ne pas sortir, si je pouvais ne pas être déranger, si la rumeur pouvait disparaître, si l’angoisse pouvoir s’évanouir, si tout cela pouvait ne pas avoir eu lieu et si je pouvais juste écouter la bruit du vent, le chuintement de l’hiver dans cette église, alors je ne quitterais plus jamais Conques, mon pèlerinage prendrait fin.
Dans l’immobilité des mots
il y a l’immensité de la neige
les sens saignent sous l’effet du vent
cette effervescence froide des doutes.
(journal des mots n°141 / 2 décembre 2012)
Les mots cachent précieusement leur petite lumière
ce délire inédit qui naît du choc
et le coup porte net au plexus du lecteur
comme le tourbillon immobile.
(journal des mots n°140 / 30 novembre 2012)
Il y a longtemps que j’ai perdu sa trace… la femme aux yeux amandes. Notre rencontre s’est faite autour d’une robe qu’on accroche pour la faire sécher. Prétexte pour l’aborder, son visage métis brillait intensément sur le fond bleu des façades. Sa voix étrangement dissonante me fait toujours rêver comme une mélopée lancinante, inoubliable, insaisissable.
Mes compliments l’on fait rougir et s’enfuir à pas légers dans le dédale de ce quartier à l’écart du tourisme.
J’ai encore comme souvenir ce foulard orage perdu dans sa fuite. Au détour d’une ruelle, elle avait disparu… juste ce foulard au sol. J’ai beau le caresser, lui parler doucement ou le menacer, aucun génie n’apparaît pour me conduire à elle. Même cette photo reste insensible à mes œillades.
Je dévore
les brisures de mots
ces traces gourmandes
du gâteau de la vie
cette folie qui nous dévore.
(journal des mots n°139 / 28 novembre 2012)
La salle vibre de toutes ses notes. Le tonnerre des cuivres s’enfonce jusqu’au dernier rang. La voix de la chanteuse s’apprête à saisir le cœur du public. Le chef d’orchestre sourit sérieusement devant la perfection des enchaînements et le silence des spectateurs est éloquent. Je répète encore dans ma tête le passage qui m’incombe. J’imagine les notes qui s’entortillent autour du cor. Le rythme s’accélère. Je sens l’instrument qui frémit. J’harmonise ma respiration avec le tempo de l’orchestre. Je prends mon souffle, je pose ma bouche et je lance cette note jaune qui va surprendre tout le monde.
A peine posée sur une feuille morte
les mots s’évaporent
à force de se trouver à la porte
ce glissement vers la mort.
(journal des mots n°138 / 24 novembre 2012)
Retenant la violence
les mots fracassés sur la page
explosent de toutes nos passions
qui se cachent souvent derrière un doux regard.
(journal des mots n°137 / 22 novembre 2012)