écrire des mots en tesson

Les mains saignent
écrire des mots en tesson
qui déchirent la belle trame
d’une vie de plus en plus compliquée.

(journal des mots n°129 / 28 octobre 2012)

Je dessine la fêlure de leur voix

 lambeaux de feuilles en calligraphie japonaise

Dans ce jardin du souvenir, ces papiers mauves pourraient être effrayants, traces sans sépultures de morts proches ou lointains. Il n’en est rien. En-dessous des noms ; il y a ces images qui flottent dans l’air. Ces idéogrammes témoignent et racontent la vie du défunt, une anecdote, un exploit, un geste tendre, des mots d’amour…. Chacun vient ajouter sa touche, les liens tissés avec le mort. Chacun me raconte son histoire, ces moments qui ont compté dans les deux vies. Quand les dernières paroles sont parties avec le vent, je prends mon pinceau et pendant qu’ils s’éloignent, je dessine non seulement ce qu’ils ont dit, mais aussi la fêlure de leur voix.

(texte au dos de cette carte postale)

les mots ont le goût du temps

Là-bas posés sur une feuille d’automne
Les mots ont le goût du temps
celui qui désagrège toutes les certitudes
permettant au poète de sauter dans le vide.

(journal des mots n°128 / 14 octobre 2012)

dans ces mots du matin…

Dans ces mots du matin
il y a du souffle et de la poussière
pour tendre le bras vers les étoiles
sûr de toucher l’infini
de toucher l’infini
de toucher l’infini
avant de retomber
à bout de souffle
avec des phrases en poussière
pour ce matin qui s’en va.

(journal des mots n°127 / 7 octobre 2012)

les mots qui coulent dans mes mains

Impossible de disjoncter sans
les mots qui coulent de mes mains
abandonnant les phrases sur la page blanche
ces îles mystérieuses et fantastiques
qui nous attirent et nous laissent à part.

(journal des mots n°126 / 30 septembre 2012)

Photo du jour le 7 septembre 2012

Dans ce atmosphère de fin d’été, je regarde mes enfants jouer au loin sur la passerelle, je me sens étonnamment calme, je n’ai plus peur pour eux, il y a quelque temps je n’aurais pas supporté qu’ils soient si loin, qu’ils jouent en hauteur, qu’ils ne m’écoutent pas, je leur en aurait voulu pour cette insouciance, cette joie d’être au monde, ces rires sans raison, ma seule obsession aurait été de le protéger de tous les dangers, j’aurais envisagé les pires scénarios et même j’aurais inventé des risques potentiels, l’essentiel aurait été qu’il soit tout prêt de moi et le plus calme possible sans être inactifs afin de neutraliser mes pensées les plus sombres, maintenant qu’il pleut des étoiles dans ma tête, je souris et je me sens heureuse de les voir vivre, je somnole dans l’herbe sans inquiétude car nous sommes plusieurs à les surveiller du coin de l’oeil, la journée s’est passée en douceur autour de cette ballade et du pique-nique, tout à l’heure quand je serais moins fatiguée j’irais les rejoindre pour m’amuser avec eux et les prendre dans mes bras, on regardera ensemble le Soleil se coucher et disparaître.

photo du jour de @jn sur instagram le 7 septembre 2012

sur mes mots en miette

Il pleut des étoiles
Sur mes mots en miette
Quand nos bouches se rencontrent
et le goût du vide nous affole.

(journal des mots n°124 / 24 septembre 2012)

Taxidermie

Collage sur enveloppe avec tableaux et animaux

Ces vacances en Bretagne ont été un vrai bonheur. Quand nous n’étions pas à la plage, nous jouions dans la campagne ou dans l’immense par de la maison de Yannick. J’adorais la cabane au bord de la mer avec ses volets bleus. J’aurais préféré y dormir plutôt que dans le château à l’ambiance froide et étrange. Tous les murs étaient couverts de tableaux, de trophées d’animaux ou de livres. Aucun espace pour respirer. Les meubles étaient vieux. Ils ressemblent à ce que l’on voit dans les musées quand on y va avec l’école. C’est dire. La nuit, je fais des cauchemars où je vois des animaux empaillés se promenant dans les couloirs. Et puis, il y a la sœur de Yannick, pâle et habillée de blanc. Elle ne sort jamais.

(d’après une création postale d’Isartpostal)