Autour d’une tasse de thé
quelques mots de souffrance
libère la flèche des possibles
entendre résonner demain.
(journal des mots n°123 / 22 septembre 2012)
île de mots…
Autour d’une tasse de thé
quelques mots de souffrance
libère la flèche des possibles
entendre résonner demain.
(journal des mots n°123 / 22 septembre 2012)
Il y a le choc de la catastrophe. Tout est démoli. Je me réveille et j’erre dans les ruines du raz de marée. Le plus effrayant est d’être seule. Personne à qui parler. Dans les décombres, je vois les restes d’un téléphone. J’aimerais avoir quelqu’un à rassurer, un ami à appeler, un patron à prévenir. En même temps, cette solitude me rend plus légère face à la destruction du monde qui m’entoure. Je n’ai plus aucun repère face à ce paysage bouleversé. Une joie étrange m’envahit et je marche avec une intensité accrue dans mon regard. J’attends le changement. Après plusieurs heures d’errance dans un état de fatigue extrême, je rencontre un homme qui me demande : « Qui êtes-vous ? ». Je réponds : « Votre prochain amour. »
(création d’Isartpostal)
C’est ici que le poète pesait les âmes de ses compagnons d’enfermement. Sa cellule était couverte de textes, du délire au poème en passant par les recettes de cuisine. Au détour de ce palimpseste infini, on pouvait lire – paraît-il, car les autorités ont fait repeindre la cellule à la hâte –le nom des compagnons exécutés ou « disparus ». Les morceaux joués par l’orchestre de la prison figuraient aussi, toujours du classique. Le poète écrivait tard dans la nuit, même quand la lumière avait été éteinte. Et puis, quand le grattement du poète contre le mur s’est arrêté, ils ont su que la catastrophe était proche. Tout le monde a été libéré et ils se sont retrouvés dehors, perdus, face à un monde incompréhensible. Ils n’avaient plus de mémoire. Sans le poète, ils ne savaient plus qui ils étaient. Ils avaient perdu le sourire. Les compagnons d’infortune du poète eurent beaucoup de mal à se disperser et bien plus tard ils sont venus tous les ans visiter la prison-musée.
Prêts à nuire
tous les mots qui luisent
jubilent à nous mentir
sur notre devenir.
(journal des mots n°122 / 19 septembre 2012)
Trop parfait, ce visage dans la vitrine, trop parfait, si beau de loin, si attirant, ce regard étrange, glacial mais mélancolique, comme cherchant de la compagnie, de loin, si beau, je devine une élégance tout en sobriété caché par la vitrine, je me sens intrigué, attiré, aimanté, et pourtant angoissé, trop parfait, si beau de loin, comme figé dans une tristesse inconsolable mais fier, la beauté plastique des mannequins sans la frime que je sens souvent dans leur fausse nonchalance, je lui souris et je m’approche, il ne m’a pas vu, si beau, si absent, il reste immobile et glacial, comme loin de moi, de nous, du monde, la ville tente désespérément de s’imprimer en lui mais rien n’y fait, ce regard étrange, il est absent, il est indifférent, ce crâne rasé le rend encore plus touchant, maladie ou volonté d’imposer son visage brut et fort, si parfait que j’ai peur de me brûler si je viens plus près, alors je prends cette photo de loin pour garder quelques temps une trace de cette beauté inconsolable.
La feuille tombée dans un rouleau d’écume
laisse s’échouer les mots tendres
qui voudraient bien s’effacer
si le poète avait un moment d’inattention.
(journal des mots n°121 / 13 septembre 2012)
Sous l’écorce des mots
la chair des émotions ne rougit plus
quand le sang des espoirs
s’est éparpillé en nuages.
(journal des mots n°120 / 8 septembre 2012)
Perdu dans l’air du temps
les mots échoués s’éparpillent
et sous la plume du poète
le monde redevient une merveille.
(journal des mots n°119 / 6 septembre 2012)
Avons-nous suffisamment de poussières de mots
pour alléger la pesanteur dans nos vies
qui peine sans fin à comprendre
ce qui pourraient leur arriver?
(journal des mots n°118 / 1er septembre 2012)
à Cécile-Anne H.
La rêveuse est assise dans son jardin. La rêveuse se remémore le livre qu’elle vient de terminer. Une nième variation sur l’amour qui triomphe malgré les obstacles. La rêveuse attend les enfants qui rentrent bientôt de l’école. Ce livre l’a troublé plus qu’elle ne l’aurait imaginé avec ses questions existentielles. Dieu, et tout ça, la rêveuse n’y croit pas mais quand même le doute s’est installé. Il y a peut-être quelque chose plutôt que rien. Et si le coeur n’y est pas, la rêveuse s’est faite belle pour le repas de ce soir. Ses invités. La lassitude la quitte un peu quand elle entend le portail du jardin. Les enfants. C’est l’heure du goûter pour tout le monde.