Sur un paysage atone
allumer la lumière des mots
qui griffe en profondeur
cette douceur des possibles
(journal des mots n°103 / 22 juin 2012)
île de mots…
Sur un paysage atone
allumer la lumière des mots
qui griffe en profondeur
cette douceur des possibles
(journal des mots n°103 / 22 juin 2012)
Comme un tableau fantôme
Les mots ont dissous mon silence
la phrase racle dans vos oreilles
explosion continue de nos peurs
à fleurs de peau
(journal des mots n°102 / 19 juin 2012)
cette photo est dans l’album de famille et elle me donne le vertige, je suis très mal à l’aise quand je la regarde, je reconnais les lieux, pas le couple, il y a pourtant de l’amour dans l’air, l’idylle est figée à jamais dans ce noir et blanc, l’amour est éternel mais fragile à la fois, il va peut-être la lâcher dans la seconde qui suit et prendra fin la belle image, elle va peut-être se dégager pour s’enfuir à la nage, tout est figé et mensonger à la fois, je suis très mal à l’aise, je ne reconnais pas le couple dans ces souvenirs de famille, je n’ai ni fille ni fils, des amis, de vagues connaissances, des inconnus pris à leur insu juste pour la beauté de l’image, ma femme et moi n’avons jamais réussis à vivre cette insouciance, il a fallu tout de suite prendre la vie au sérieux et être des adultes, le boulot et l’argent étaient les seules choses qui nous préoccupaient, nous vivions à 200 km/heure, la folle illusion que c’était cela la vie, que les enfants seraient des fardeaux, que les amis devaient être à la hauteur de nos ambitions et de notre standing, on fait le vide et les connaissances que nous avons maintenant sont superficielles, liées aux circonstances, chaque fois que nous changeons de villes et parfois de pays, c’est sans état d’âme que nous changeons aussi le cercle de nos amis, aujourd’hui ma femme est partie avec l’un de ces “amis” sans un mot et sans regret, je suis très mal à l’aise, et cette détonation dans mon coeur m’anéantit avec une telle intensité que je sens bien que je perds la tête, je suis très mal à l’aise, j’ai le vertige, je tombe, sans savoir si cela va s’arrêter
d’après la photo du jour le 22 juin 2012 par @lisabiasio sur Webstagram
En apnée, je regarde
ces mots où je cherche des fleurs
comme un point d’ancrage
dans le courant d’air du monde
(journal des mots n°101 / 18 juin 2012)
Flottant au-dessus des textes,
les mots sont du rhum
qui profère au détour de quelques utopies
l’ivresse d’un monde heureux.
(journal des mots n°100 / 17 juin 2012)
Le coeur à toute vitesse
le temps se raccourcit
tout est noir autour de moi
juste le ruban d’asphalte
ligne droite où crissent les pneus
je vibre de plus en plus fort
jusqu’au vide soudain
le silence imprévisible
d’après le morceau Autostrada (extrait) d’AVsinger
Entre chiens et loups
les mots poudroient sur la phrase
d’un mouvement incertain
avant de fondre sous la langue.
(journal des mots n°99 / 16 juin 2012)
En équilibre au bord du monde
les mots jouent avec leur peur du vide
on les entendrait presque rire
lorsqu’ils effleurent le vertige.
(journal des mots n°98 / 15 juin 2012)
aujourd’hui j’hésite, il est là derrière moi à prendre sa photo, cette photo qu’il veut partager avec le monde entier en l’envoyant sur internet, il est là sur l’un des lieux les plus intimes de mon enfance, celui où j’ai appris à nager, celui des vacances insouciantes, celui où j’ai rêvé ce moment avec mon amoureux, l’un à coté de l’autre à regarder silencieusement passer les nuages, aujourd’hui je ne sais plus si je suis encore amoureuse, je prends la pose pour qu’il puisse crâner sur les réseaux sociaux, je fais aussi une pause dans ma tête, je suis là avec lui et pourtant je me sens si seule, je n’ai rien de particulier à lui reprocher, rien de grave, les broutilles du quotidien, je n’attends pas non plus les flammes de la passion, je n’ai plus d’illusion, aujourd’hui nous sommes loin l’un de l’autre, lui sur internet avec son smartphone, moi ici à repasser les moments de bonheur vécus auprès de ce lac, aujourd’hui j’hésite à continuer avec lui, qui est là derrière moi créant une fausse image du bonheur que des milliers de gens vont peut-être “aimer”.
d’après la photo du jour le 16 juin 2012 par @catherinedut sur Webstagram
Quand la vie se fait imprévisible
les mots cherchent l’écho du réconfort
se déposant sur le bras avec une telle douceur
qu’elle fait fuir l’incertitude.
(journal des mots n°97 / 13 juin 2012)