Dans le bureau des histoires,
l’ombre des mots ne fait pas peur
à ceux qui frissonnent de rire
sous leur peau d’enfant.
(journal des mots n°84 / 19 mai 2012)
île de mots…
Dans le bureau des histoires,
l’ombre des mots ne fait pas peur
à ceux qui frissonnent de rire
sous leur peau d’enfant.
(journal des mots n°84 / 19 mai 2012)
Emportés par le swing,
les mots se dénudent
déflorant la part cachée
de nos grammaires intimes.
(journal des mots n°83 / 17 mai 2012)
La nuit remue les mots
ces phrases hors-champs
que seuls les éléphants peuvent entendre
quand ils s’en vont mourir
inspiré du photoblog Une Rose dans les ténèbres , d’après la photo Les jours vont bouger aussi!
Trop virevoltant, trop sophistiqué, trop généreux
les mots sont des leurres
pour habiller de beau
la pensée des apparences.
(journal des mots n°82 / 14 mai 2012)
Je suis toujours ému quand je reviens à Rouen,quand je vois l’usine, quand je sens la flamme, mes mains tremblent, mon corps se souvient, ma vue se trouble, le travail était rude, exténuant, horrible, mais je l’aimais, j’aimais cette peur d’y aller, le risque quotidien, parfois minute par minute l’angoisse qui monte, la mort qui rode autour de cette flamme au-dessus de nous, le patron avait beau dire et avait beau promettre le risque zéro, personne n’était dupe et nous étions solidaires, la peur nous soudait au-delà de toute autre considération, alors l’usine et les environs sont moches, alors l’usine est critiqué par tous, même au-delà des écologistes, alors l’usine nous a tous détruit un peu, beaucoup, à la folie, mais nous l’aimions notre usine et nous l’avons défendu maintes et maintes fois, je me souviens de ce piquet de grève où l’on s’est rencontré et aimé pour la première fois, et maintenant j’apprends qu’elle doit fermer pour des raisons financières et je suis écoeuré, je viens pour me battre, je viens pour ne pas sombrer à nouveau dans la folie, je viens pour essayer d’oublier et tourner la page d’un passé resté tapi au creux de l’estomac.
d’après une photo de @monnalisa, photo du jour le 17 mai 2012 sur Webstagram
D’une furieuse inconsistance
les mots mauvais crispent
étouffant l’air de leurs mains
plus violemment qu’une injure.
(journal des mots n°81 / 13 mai 2012)
Sur la piste de danse,
les mots tournent, tournent, tournent,
dessinant le vertige
jusqu’à la mort.
(journal des mots n°80 / 11 mai 2012)
L’ange se croit devenu fou
les sons décousus s’amusent avec son esprit
c’est trop tôt
des harmonies stridulantes lui donnent le tournis
un faux calme se moque de lui avec ironie
l’ange est perdu,
c’est trop tôt
la musique ne peut pas s’arrêter
c’est trop tôt
impossible de s’enfuir
la mort vient juste
de lui sourire
d’après le morceau Muerte del Angel d’Astor Piazzolla
Disséqués par la banalité
les mots se noient dans un brouhaha
tellement vidés de leur essence
qu’ils sont incapables d’exploser pour nous.
(journal des mots n°79 / 10 mai 2012)
Sur un air de bandonéon
on s’est embrassé pour la première fois
et pourtant nous a saisis
la nostalgie d’un amour qui prend fin
la peur d’un soleil qui ne se lèvera plus
dans le Sud de notre enfance
et pourtant on revient toujours
à ses premiers amours
cette tristesse des vies inabouties
comment quitter l’insouciance du Sud
et pourtant ton corps reste imprimé en moi
l’amour a le goût de ta bouche
comme une mélodie lancinante
infiniment triste
et pourtant on revient toujours dans le Sud.
d’après le morceau Vuelvo al Sur d’ Astor Piazzola, chanté par Roberto Goyeneche