Photo du 10 mars 2012 (Remember Fukushima)

Ma vie n’est qu’attente, j’aime méditer où que je sois, il me suffit d’un peu de silence et d’un beau paysage, je m’assoie et je ne pense plus à rien, c’est une parenthèse, un moment à moi, je rêve, je réfléchis, je me laisse aller à mes états d’âme, sans risque d’une remarque, d’un jugement, d’une compassion maladroite, je m’identifie au grain de sable qui voyage dans le désert ou à la plume qui se détache d’un oiseau, ces instants peuvent être violents quand je prends soudain conscience de quelque chose ou quand je me rappelle d’un disparu, ces derniers jours je pense au Japon, à Fukushima, le sentiment d’absurdité et de néant est encore plus intense, alors ce matin en hommage à tous ces prisonniers du rien, à tous ceux qui affrontent là-bas une menace invisible, j’ai gonflé ces ballons pour les lâcher et ainsi apaiser un peu leurs douleurs.

d’après la photo de @zenography, photo du jour le 10 mars 2012 sur Webstagram

une lassitude des mots

Sous le poids des livres, il me vient
une lassitude des mots
qui ne cherchent pas
à tout nous dire

(journal des mots n°40 / 5 mars 2012)

sublimes lambeaux de peaux

Dans l’écho flou de mon visage
mes obsessions s’enfuient dans la musique
ma voix danse sur les montagnes russes
les émotions qui s’effondrent
des feuilles mortes à l’abandon
la lumière se détache
des lambeaux de peaux invisibles
le sublime se cache parfois
dans le revers d’un nuage

d’après le morceau Ain’t no Sunshine de Sister Crayon

entendre les mots gong

Entendre
les mots gong qui percutent
le voile évanescent
de nos phrases fortes.

(journal des mots n°39 / 4 mars 2012)

en manque de mots

j’avais trop à dire, manquer d’air, les mots se bousculaient ou me manquaient, je n’arrivais pas à faire de photos non plus, tous ces petits riens émouvant qui se cachent sous le flou de mes larmes, quand les mots doux sont inutiles, il me reste à essayer de respirer en suivant les lignes de fuite portées par les arbres, il y a trop de reflets douloureux que j’aimerais oublier, tant d’impossibles à dire que j’efface les photos de l’appareil numérique, les mots écrits sur l’écran de mon ordinateur, ma voix devient trop faible pour être entendue, manque d’air

d’après le billet Rien du blog paumée de Brigetoun

errance d’un mot

Sur fond de musiques absurdes, je me suis perdu dans les rues à la recherche d’un mot, je croyais l’avoir sur le bout de la langue mais en fait il était dans les airs, il s’enfuyait et se posait deci delà, sur les épices ou dans l’herbe ou au bord de l’eau, le fragile avait une prédilection pour les matières instables et vulgaires, invisible mais puissant à la fois, je me sentais comme en chantier suivant ce mot et les lignes de fuite sur ce mur blanc, je n’errais pas vraiment, j’étais là au hasard et j’avais une terrible envie de crier, de mettre à distance toute cette souffrance que je voyais au loin mais qui blessait le paysage.

d’après le blog paumée de Brigetoun, inspiré d’un billet Recycler errance d’un mot

doux désordre des mots

Dans un doux désordre
les mots se réinventent
laissant s’évaporer
les anciens sens.

(journal des mots n°38 / 2 mars 2012)