La journée avait été étouffante. J’avais vécu recluse et concentrée sur mon reportage. Il y avait quelque chose d’étrange dans l’air. Alors que je mangeais machinalement mon sandwich au bord d’un canal, une nuée d’ampoules électriques passa, brillant dans le soleil couchant. Je saisis mon appareil photo et pris des clichés à la volée. On verra au développement.
J’entrai ensuite avec appréhension dans le quartier rouge d’Amsterdam qui était calme en cette saison à cause de l’absence de touristes. Je fis comme prévu dans mes repérages lors des nuits précédentes. Les filles semblaient ailleurs ce soir, comme pas concernées et pressées que cela finisse.
Et puis il y a eu cette fille, jamais vue avant, dans une vitrine parsemée de papiers froissés, si vivante, si attirante. Son bikini de papier semblait fragile et infranchissable en même temps. J’ai pris plusieurs clichés de ces différentes poses – heureusement que j’étais accréditée – et, une fraction de seconde, l’expression d’une tristesse fantastique passa sur son visage.
Cette photo me fait toujours autant pleurer que le soir-même en rentrant à l’hôtel sur le Herengracht.
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