Un seul mot et tout est dépeuplé

Fukushima
Un seul mot et tout est dépeuplé
Fukushima
Un seul mot nous rend muet
Fukushima
Un seul mot pour un vide qui s’installe
effarement et déréliction
Remember Fukushima
c’est tout ce qui nous reste
à notre vocabulaire qui s’est appauvri.

(journal des mots n°186 bis / 9 mars 2014)

ne pas suivre les étoiles filantes

maman me disait toujours de ne pas suivre les étoiles filantes, c’est juste une lumière lointaine et disparue depuis longtemps mais qui nous fait rêver, mais c’est plus fort que moi, je guette les moindres signes et je me précipite pour contempler, pour rêver et pour m’oublier, ces petites pauses dans mes tourments de mots sont délicieusement bizarres, le souffle d’une image apaisante, immobile et belle face de tout ce qui m’assaille, quotidiennement, le noir ne m’a jamais fait peur, au contraire j’aimerais m’y plonger et y disparaître, me fondre dans ce vide attirant, pour se prendre en pleine figure, juste avant l’aube, un réveil destructeur, la méchanceté même qui explose et qui disperse la paix nocturne, et de regretter, si j’avais pu suivre les étoiles filantes tout aurait été différent
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inspiré de la série Journal de Montréal, d’après la photo Ref:267532

Feu follet

Dans la ouate, sa voix est une flamme
les cordes hypnotiques fuient toute stridence
ne pas tourner en rond
sinon la transe ne vient pas
je me suis perdu dans les basses
à bout de souffle
le feu follet m’a finalement attrapé
dans le creux de son épaule

d’après le morceau You’ve Got Me (Nhar Firefly Remix) de Lee Burton

théâtre du sommeil

Il y a de drôle de fin de journée, dans un état au-delà de la fatigue et jamais loin du rêve, impressions d’errer à l’intérieur de soi et qu’en écho maladif le décor se brouille de nouvelles images qui font peur ou qui rendent euphoriques, même sans boire on se sent ivre d’un ailleurs impossible et qui pourtant vient à nous, on aimerait se fondre dans le paysage, devenir une autre, et soudain tout percute et l’angoisse prend le dessus, t’embrasser en catimini dans l’oreille et s’enfuir pour garder ce goût de toi et cette image d’ailleurs

inspiré du photoblog Wingsofflo, d’après la photo théâtre pour fin de journée carousel au sommeil

il faut toujours faire une échappée

Il faut toujours faire une échappée pendant des moments de bonheur intense, fermer les yeux, écouter la musique de la rue, regarder le ciel, on pourrait alors se croire en harmonie avec le monde, on a envie que tout ce qui nous entoure soit dans le même état d’extase que soi, beau comme un couché de soleil rose, léger comme une plume de nuage, virevoltant comme l’air qui brasse autour, et soudain quand on se prend l’indifférence en plein coeur, le froid glace le corps et alors il ne reste plus qu’à espérer s’envoler loin avec la première meute d’oiseaux qui passe par là…

inspiré du photoblog Wingsofflo, d’après la photo ça piaille, ça brasse l’air froid avec l’air

comme une âme chiffonnée

ce matin des fleurs de mots ont éclos du papier, j’étais jusque là à peine plus qu’un reflet, j’avais la fâcheuse impression d’être égarée dans le monde, comme un âme chiffonnée qui attendait le rebut, je m’étais réveillée plus par habitude que par envie de vivre, j’avais bien remarqué dehors quelques belles et inattendues couleurs mais je l’avais attribué à mon état de demi-sommeil, je m’étais évadée quelques minutes dans un des nombreux livres commencés mais jamais finis qui traînait dans mon appartement et le carillon léger de la boite aux lettres m’avais sorti de mon état d’abandon dans les mots, et puis soudain cet envoi postal rayonnant d’amour par sa profusion de chatoyante, puis soudain ces fleurs jaillissant de l’enveloppe, puis soudain ces mots d’une tendresse joyeuse, ont fait s’évaporer dans un déclic toutes les inquiétudes agrippées à mon coeur.

d’après le blog Wingsofflo, inspiré du billet … déjà, il avait sonné si fort qu’elle en était…

en manque de mots

j’avais trop à dire, manquer d’air, les mots se bousculaient ou me manquaient, je n’arrivais pas à faire de photos non plus, tous ces petits riens émouvant qui se cachent sous le flou de mes larmes, quand les mots doux sont inutiles, il me reste à essayer de respirer en suivant les lignes de fuite portées par les arbres, il y a trop de reflets douloureux que j’aimerais oublier, tant d’impossibles à dire que j’efface les photos de l’appareil numérique, les mots écrits sur l’écran de mon ordinateur, ma voix devient trop faible pour être entendue, manque d’air

d’après le billet Rien du blog paumée de Brigetoun

errance d’un mot

Sur fond de musiques absurdes, je me suis perdu dans les rues à la recherche d’un mot, je croyais l’avoir sur le bout de la langue mais en fait il était dans les airs, il s’enfuyait et se posait deci delà, sur les épices ou dans l’herbe ou au bord de l’eau, le fragile avait une prédilection pour les matières instables et vulgaires, invisible mais puissant à la fois, je me sentais comme en chantier suivant ce mot et les lignes de fuite sur ce mur blanc, je n’errais pas vraiment, j’étais là au hasard et j’avais une terrible envie de crier, de mettre à distance toute cette souffrance que je voyais au loin mais qui blessait le paysage.

d’après le blog paumée de Brigetoun, inspiré d’un billet Recycler errance d’un mot

le temps du passage d’un nuage

Tag Oiseau + UAu détour d’un chemin, tomber amoureux d’un drôle de piaf noir sur pierre, se mettre d’abord à danser devant les passants sans soucis, chanter ensuite une ritournelle si si si joyeuse qu’elle agace et crispe les moroses, dans la rue regarder ses voisins avec l’oeil du piaf et rire parfois au risque de si si si se faire biffer par la police qui aime tant et si que tout soit lisse et triste, à force de changer de mur pour changer de paysage réussir à trouver le ramage qui aime mon plumage, ne plus bouger et changer de disque pour un contre-U si si si surprenant mais tellement rond que beaucoup zappe et ceux qui l’entendent dansent en U et gardent le visage si si si heureux le temps du passage d’un nuage

Le rire s’émiette

Le rire s’émiette
pressant un zeste
de légèreté dans nos têtes

s’enivrer de ces particules d’espoir
qui nous tendent un délirant miroir
de toutes les joies qu’on attend