Lumière!

Je me suis évanoui ici, la musique des pas m’a éblouie d’un tempo trop lancinant pour mes pensées en désordre, des souffles inquiets et des percussions trop envahissantes sur ces murs froids, l’escalier vacillant m’a soudain bousculé et j’ai tenté de ne pas tomber, de lutter contre cette fatigue insidieusement permanente qui reprend le dessus, de m’accrocher aux silhouettes un peu flou qui sont devenu, avec brusquerie, silencieuses, et puis cette chute insensée vers le sol.

d’après le photoblog Caffeine+, inspiré de la photo Silhouette Sapporo, Hokkaido, Japan

Visages N’r’B

J’attends chaque fois avec un fol espoir
que ces corps dansent
de la belle virevolte qui bouillonne
J’entends chaque fois avec une belle acuité
musique, cris, murmures, scherzo,
qui font vibrer ces visages en N’r’B
J’entends chaque fois avec un beau frisson
le soupir doucement heureux
d’un visiteur stoppé net par une photo
J’attends chaque fois avec une douloureuse impatience
l’instant intime de la fermeture
où j’éteins une à une ces scènes de joie.

d’après le photoblog Présence Urbaine – Mister Hoveeto, inspiré de la photo Lisette Model

Je vois flou

C’était il y a longtemps
un jour où la fatigue n’engluait pas tout
le rire doux du sable sous les pieds
la mélodie des lumières
ce vent affolant
et je tournais au rythme lent des vagues
une danse pas si mélancolique
où mon corps aimait vivre l’instant
ce flou entre deux gravités

d’après le photoblog Présence Urbaine – Mister Hoveeto, inspiré de la photo Je vois flou

Ma ville est vide

Ma ville est vide, ce n’est pas une explosion nucléaire ou autres catastrophes, ce n’est pas un jour férié, ce n’est pas l’heure creuse où tout s’absente sans qu’on ne sache pourquoi, ce n’est pas une évacuation préventive face à une intempérie majeure, ce n’est pas un montage, c’est mon crime qui m’enlève toute vie intérieure, la culpabilité efface toute présence humaine, une paranoïa poussé tellement loin que même mes yeux se jouent de moi, ce vide insensé visant à vouloir me faire basculer dans la folie alors que c’est aux autres de disparaître, ce serait si bon d’être le seul homme en vie avec tout à moi, pour moi et à cause de moi, devenir le maître du monde pouvant faire cesser tous ces sons absurdes qui ne font rien que contredire ce que je vois et ce que je veux, non, non, non, je ne peux pas penser sans le silence absolu.

d’après les photos de Matt Logue, inspiré de la photo Untitled #46 de la série Empty L.A.

Paysage en miette

Ma vie part en miettes, mes points d’ancrage se sont effrités et je suis devenu aveugle, ébloui par tant de violence alentour, tous ces mots acérés comme des rochers, je voudrais errer, prendre le temps d’apprécier le bleu si pur, écouter le calme du lac, appuyer sur pause dans ce diaporama blessant, la fin de notre amour, toutes les imperfections et les erreurs jaillissent du train train calme, sans compter les reproches claquant dans mon coeur pris par surprise et qui se serre, loin de tout comprendre, on dirait que les regards changent autour de soi et que tous approuvent la descente aux enfers… impossible de crier quand tout est parfait autour de vous

d’après les photos de Matt Logue, inspiré de la photo Mono Lake, CA

Plage en vie

Une pluie de mots bouscule mon corps plus sûrement que cet orage qui ne vient pas, trop immobile dans ma chaise, j’enrage d’être immobilisé, condamné à ne plus bouger, j’enrage d’être muet, condamné à ne plus parler, mais j’entends tout, vraiment tout, ce trop plein de sons, de phrases et d’infimes vibrations, me rend fou, alors j’aimerais me vaporiser en nuages noirs qui cribleraient les gens et les objets, tous si plein de vacuité, j’enrage de pouvoir, à peine, difficilement, poser mot après mot, ce qui transperce mon coeur, laissant mon corps perdu dans ces sensations et si avide de comprendre.

d’après le photoblog de Matt Logue, inspiré de la photo El Segundo, CA

L. imagine le quotidien

Louise imagine    le quotidien
ces petits rien
pour une nuit
le miroir s’embue
impossible de se savoir si belle
Louise imagine    le quotidien
photos qui classent
les détails
ces petits PAST(s)
juste une chaise cachée
qu’on cherche
à situer
alors que la tapisserie ne fait pas rêver
Louise imagine

d’après le blog PAST(s), inspiré des photos de la page1 et page2

Juste un envol

Il était une fois
juste un envol
une nostalgie légère
lumière voilée
     ce n’est pas l’instant magique
celui des encore
ressac incessant
un ange  s’absente
la note n’est pas juste
manège cacophonique
en noir et blanc

d’après PAST(s), inspiré de la page6

En transit

quelque part
cet entre-deux
ailleurs
se perdre
ne plus trouver     son ombre

ailleurs
être     trop près
so close    comme cela
entre deux, ne pas descendre
un décalage infime
et les corps sont perdus
ailleurs
ne plus
décalage horaire
  you should be there
comment y croire?
Plus loin encore
    sans être ailleurs

d’après PAST(s)  , inspiré de la page 4