Somme d’oublis

Les mouvements sont trop infimes pour retrouver le fil de ces rêves, j’ai tout oublié y compris où je suis, la fatigue me pèse tant et tant que je ne cherche plus à me lever, j’ajoute heure après heure du flou dans ma tête, joyeuses amnésies vers cette évanescence qui me rend un semblant de paix,

parfois j’ai la douce sensation de disparaître, léger comme un souffle de couette

d’après les photos de Claire Sloan, inspiré de la série sleep for days

Epine d’hiver

Epine d’hiver
plantée dans l’air
n’est qu’une fragile défense
contre les mots d’enfance
que le soleil murmure avec douceur
à la branche crispée de douleur
avec ces joyeuses histoires
qui lui redonne espoir
pour bourgeonner de rire demain

d’après le photoblog d’un instant à l’autre, inspiré de la photo Epines d’hiver

Mars incertain

Un ciel lumineux léger en nuage
Sous le soleil des fleurs blanches
j’aimerais croire au retour d’une vie trépidante
mais les contours de mon corps restent flous
impalpable mer de nuage
qui aveugle mon monde sépia et instable
plus vide qu’une bulle d’air

d’après les photos de Claire Sloan, inspiré du la série Diary – march 09

Dans un fauteil

Est-ce que ma vie n’a tenu qu’à un fauteuil? Je me déformais à petits feux dans le mien tout en rêvant à celui du grand patron, fantasme d’un siège solide où l’éternité vennait à toi sans aucun effort à faire,
quand la vie s’enfuyait de mon corps, j’étais venu laminer mon bureau puis mon étage, puis… je déchirais des petits morceaux de papier peint, je cassais ce que ma force me permettait, mon couteau faisait des merveilles, un cadeau de maman,
quand la fatigue était trop forte, je regardais la décrépitude envahir l’immeuble et j’attendais l’affection opportuniste pour enfin me délivrer de tout ce qui me ronge, pire encore que la maladie

d’après la série « The Ruins of Detroit » de Yves Marchand&Romain Meffre, inspiré de la photo Donovan Building.