Savoir pleurer – Be able to cry

Savoir pleurer

Le coeur a besoin de pleurer
sinon ce n’est qu’un muscle évidé
qui bat à peine
dans un corps sans contraste,
moins qu’une trace
morne vie
sur cette photo grise

english

Be able to cry

The heart need to cry
or else it’s a empty muscle
which beat hardly
in a body without gradation,
less than a trace
a gloomy life
on this grey picture

From / d’après le photoblog de Morris Taub Exposed, inspiré de la photo Weather

Crunch

Le futur s’écroule dans ma tête, je ne comprends plus rien, le paysage qui m’entoure est étrange, que fais-je ici loin de chez moi, loin de mon travail, est-ce que je fuis, ma vie est vide,  le travail m’oblige à répéter une litanie douloureuse, plus d’argent, plus de travail, vous ne servez plus à rien mais rester encore un peu, on ne sait jamais, si ce n’était qu’une mauvaise passe, oublier vos primes, votre salaire est réduit, soyez solidaire, c’est un strict minimum, faites un beau geste, ma femme ne sait plus quoi me dire, je me plains tout le temps, je suis exécrable, mes tous jeunes enfants -mes jolis coeurs- n’osent plus m’approcher, je suis leur grand méchant ogre, j’ai le vertige quand je vois la peur dans leurs petits yeux innocents, les objets m’en veulent, ma voiture, mon ordinateur portable, mon téléphone mobile, tout conspire à me nuire, je cours loin des tracas, prenant le métro au hasard, les gens sont bizarres et leurs regards angoissants, sortir pour respirer un peu d’air non-hostile, mais le paysage est dangereux, il m’en veut, que faire? où fuir? Non, le téléphone sonne, c’est déjà l’heure? Perdre sa liberté pour si peu, il n’aurait pas fallu, c’était inévitable.

d’après le photoblog The Rip, inspiré de la photo crunch

Pixels humains

Quand je marche dans la rue, longtemps, je finis par avoir ce sentiment d’absence, mon corps deviendrait presque inconsistant voire transparent, je deviendrais une image imprécise, flou dans le regard des autres qui se soucient à peine d’eux-même et tellement de leur destination, du but fixé, de la fin du voyage, … qu’ils s’oublient dans l’instant, simples silhouettes entre la vie et la mort, c’est alors que la peur panique me saisit de me décomposer en une multitude de pixels informes.

d’après la photoblog The Rip, inspiré de la photo Resolution

Reflet d’un avant

C’était un soir de masques et de fureurs
Déjà la pièce avait commencée dans ma tête
Bientôt mon corps allait tremblé
Juste avant d’entrer
Jouer avec soi, un autre malheur,
sentir l’émotion surgir de la salle
enfin libre
de choisir à qui ressembler

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Reflections

Ce pourrait être n’importe qui

C’était avant, la soirée s’annonçait belle, il faisait doux, le barbecue préparait de la bonne viande, je regardais les gens se servir au buffet, j’étais bien, pour une fois j’étais bien, je ne sentais aucune angoisse, toute crise d’asthme semblait improbable, je participais avec avidité aux conversations, c’était avant, aujourd’hui je regarde cette photo qui me parait si étrangère à moi-même, ce pourrait être n’importe quelle famille ou soirée entre amis, et pourtant il semble que j’y étais, c’est moi qui aurait pris la photo, il semble, c’était avant, je ne sais pas ce qui s’est passé, on ne me dit rien, on veut me préserver, on me dit juste « c’était avant », je ne me souvient de rien, je sais juste que j’aimerais y être à nouveau, j’aimerais à nouveau pouvoir être n’importe qui.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Almost Everyone

L’écouteur

Je suis fou
J’écoute aux portes, dans la rue, dans les parcs
dans les musées, dans les musées, chez les gens
C’est pas si facile
d’entendre tout ce qui se dit
le banal est ennuyeux
les ragots pas toujours croustillants
Les compliments souvent calculés
Les mondanités trop mielleuses
Les murmures plus intrigants
ils disent les secrets, les vacheries, les mots doux
Les déclamations trop attendues
elles blablatent, parlent faux ou injurient
j’exclue les cris d’amour si émoustillants
j’aimerais tout retenir, me souvenir, être dépositaire
de tous ces paradoxes
mais il en a trop
c’est si contradictoire
si impossible à comprendre
je suis fou, oui,
de ces impossibilités
le bonheur est à portée de mots
mais ils n’osent pas.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Listener

Tache indélébile

Les émotions contradictoires se dispersent peu à peu
J’efface un à un les couleurs du paysage
la raison
Ne plus souffrir
partir se baigner dans ce monochrome médicamenteux
se dissoudre dans l’eau
l’oubli
quand soudain
surgit cette tache indélébile.

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Red

la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité

la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité, la douleur étrange de ce qui devient pour un temps au moins, éternel
la photographie nous regarde autant qu’on la regarde, immatérielle immortalité qui se moque de notre vieillissement, qui nous console de l’absence mais qui ne sait pas souffrir
la photographie suspend le voyage de la lumière, juste en équilibre avant le fondu au noir et le découpage silencieux de la focale
la photographie cherche à faire danser les regrets dans notre gorge, jusqu’aux larmes
la photographie peut nous émerveiller avec ses couleurs autour de nos sourires mais elle ne peut jamais nous tuer
la photographie dépose nos souvenirs ailleurs mais l’image nous envahit jusqu’à la folie
tous les instants deviennent des images impossibles à effacer. Toujours visibles. A jamais.
la photographie n’est qu’un voile blanc derrière ce que l’on ressent.

Où est passé la joie?

Sur ces lambeaux de mur
mon enfance se lézarde
finis le délire des parties de cache-cache
ailleurs les petits plats de maman n’ont pas la même saveur
ne plus pouvoir chanter à tue-tête du rock débile
avoir peur quand la maison est vide
où est l’insouciance à ouvrir les volets?

L’absence à tout démolit
y compris mes souvenirs.

d’après le photoblog Life through a Lens Stu’s blog, insipiré de la photo untitled du 16 oct. 2008