Le combat des plumes

Mes mots sont comme des plumes
ils arrangent la lumière
dans cette pièce obscure
qu’est le monde
donnant un brin de légèreté
des ombres et une douceur feutrée
à sa fascinante architecture
de pierres et d’arêtes

d’après le photoblog Our Little Hood, inspiré de la photo Bird rearanged

Disparu dans les flammes

trop de feu dans ma vie
jusqu’au jour             tout bascule vers l’étincelle
vertige attirant de sa propre disparition
feu fou qui détruit aussi soi

en scrutant profondément
vous me verrez
fantôme qui tremble dans cet intérieur flou

aucune lamentation
juste la folie de ce vide
qui n’en finit pas

ma main     ne pourra pas toujours
dissiper les malédictions
mais mon âme,         elle,
ne cessera jamais de s’embraser

d’après le photoblog Our Little Hood, inspiré de la photo Vanished in flames

Poussière qui rêve

blanche percussion
elle jouait en suspension
sur la pierre grésillante
si belle qu’une étoile filante

j’espérais la pureté sauvage
sensuel ravage
sur mon corps crispé
fugitive clarté

le temps est passé trop vite
vénéneuse fuite
prémisse d’une danse farouche
avant que sa bouche
ne s’arrondisse
et que pâlissent

briser la transparence
ne plus menacer d’évanescence
la triste lumière
où je n’étais plus que poussière

d’après le photoblog Our Little Hood, inspiré de la photo From that dream

mixage

Grincement obsessionnel de la musique
je n’entends plus rien
lancinant larsen de l’aiguille sur le vinyle
rotation du disque hypnotise
raison qui tourne en rond
Grincement lancinant de la musique
combat au corps à corps, disque contre cerveau
ritournelle lancinante du rond
je n’entends plus que le larsen
raison s’aiguille vers un grincement
rien que le rond
rotation lancinante des mots
corps qui tourne sur l’absence de musique
l’aiguille bute
mensonge fin du silence

d’après le photoblog xrpix, inspiré de la photo DJ’s Gear at Aurelie’s Birthday Party

léger comme une bulle

Malgré le poids des mots, la vie est légère comme une bulle
le souffle d’un sourire suffit à évaporer la suie des tracas

ne pas croire qu’en s’envolant, les bulles nous oublient
leurs joies planent, diaphane traces de notre bonheur
juste lever les yeux du béton quotidien
d’un clin d’oeil les attirer
et porter en courrier
ces perles heureuses

d’après xrpix photoblog, inspiré de la photo Just Married!

Au creux de l’oreille

Elle était belle, elle écoutait
Sa folie, « dis-moi un secret »
de table en table
de l’un à l’autre
« dis-moi un secret »

Elle était triste face au silence
Elle était perdue dans ses yeux
Ses mains trop crispés sur sa folie

Elle était belle, elle souriait
quand un murmure, au creux de son oreille
frissonnait quelques phrases
Sa main légère

Jamais elle ne s’est approchée de moi
pourtant j’avais un secret juste pour elle

d’après le photoblog xrpix, inspiré de la photo Tell me a secret

acquiescer

Je ne peut plus réfléchir, je me noie, je voudrais fuir, je me noie, mon univers est une pesanteur liquide, je bois comme je respire, je me noie, je voudrais fuir, j’ai perdu le goût des aliments et des corps et des couleurs et des mots, j’ai   , l’ombre minérale et liquide sans cesse plus menaçante, je me noie, je ne peux plus fuir, plus la force, plus la forme humaine, je deviens roche sombre, je suis fou, je me noie, je deviens liquide, résister encore un peu au noir, ce vertige définitif du vide.

d’après le photoblog maivju:z , inspiré de la photo acquiesce

Espoirs dessinés

D’un clignement d’oeil, elle s’est retournée
la fragrance de son corps écarte la palissade
je cherche les traits qui pourraient la retenir
la ligne qui briserait sa fuite
donner un contour à mes sentiments
je ne sais pas dessiner mes espoirs
il n’y a que le silence de sa beauté
effaçant l’horizon
d’une émotion tremblée

d’après le photoblog maivju:z, inspiré de la photo unrequited

Se faire un film

Je ne cours pas, je danse légèrement, mon pas accélère pour arriver vite, être présent, être là, je laisse glisser mon parapluie sur la grille du parc, le tac-tac-tac-tac-tac… résonne avec mon coeur, je jubile de la rencontre à venir, mes lèvres forment et déforment les mots qui bouleversent mon cerveau, ébullition des sentiments sautillant avec ma main incontrôlée, je fends la nuit à la vitesse d’un oiseau, je rie, je chantonne, je tremble, je ne dois pas courir, je frissonne d’être dans ses bras, à l’approche du lieu de rendez-vous je me contrains à ralentir, je veux déguster chaque seconde et chaque gorgée d’air commune, il m’attend, j’entends flotter ses cheveux, comme au cinéma, je me repasse la scène à venir, un travelling subjectif où je rentre dans la cours, le bruit de mes talons claquant le sol, je passe la scène en noir&blanc, c’est plus romantique, il se tourne et je l’embrasse dans son sourire, « coupé! la scène est bonne, on la garde ». L’appareil photo à la main, je prends ce fragment de temps suspendu, cette joie calme qui nous attend.

d’après le photoblog JENRIKS24hphoetry, inspiré de la photo Sneaking

ne pas toucher

les phrases s’effacent
la page s’épure d’une complainte
la blancheur crisse cette évidence
poésie intime des caresses
cette trame sensuelle        des coeurs
qui s’écrit sur cette peau
laissant plus de traces qu’un
trait de plume,     même généreux
froisser le corps est plus violent qu’

écraser une feuille (de papier)

les mots peuvent ne pas

toucher

la main non

d’après le photoblog maivju:z , inspiré de la photo …but not touch