D’âmes et de bois,
je tremble au bord
du gouffre de glace
le jaune peut attendre
d’après le photoblog tempsdepause, inspiré de la photo Abandon
île de mots…
D’âmes et de bois,
je tremble au bord
du gouffre de glace
le jaune peut attendre
d’après le photoblog tempsdepause, inspiré de la photo Abandon
Je veux partir depuis si longtemps, les papiers ne viennent jamais, j’erre dans Moscou, je fais la manche, je squatte chez des amis, ma seule lumière c’est l’appareil photo, il ne me quitte jamais, mon regarde scrute et emmagasine des images par milliers, je l’économise car les pellicules argentiques se font rares et de toute façon je n’ai pas les moyens, de temps en temps je cède à la tentation quand me saisit ce mélange de nostalgie et d’espoir fou si propre à cette ville, un soleil voilé par une fumée acre et noire, des immeubles majestueux mais décrépis au milieu de rues quasiment vides, le fleuve dont on ne sait pas dans quel sens il va, dans ma tête j’ai déjà le reportage photo que je ferais si je peux enfin prendre l’avion pour quitter Moscou, je veux partir depuis si longtemps, l’argent me file entre les doigts, les papiers ne viennent jamais, je suis parfois si triste que personne n’ose me donner l’aumône, je vois l’angoisse dans leurs yeux, c’est parce que je suis libre, moi, je suis déjà parti en fait et ils m’en veulent pour cela.
d’après la photo du jour 17 février 2012 de @abelyak sur Webstagram
Dans le silence feutré des grains de sable
entendre la couleur
marcher comme à regret et
se laisser éblouir
d’après le photoblog tempsdepause, inspiré de la photo La passerelle
le temps d’un soupir
le corps oscille
belle lumière
sur noir désespoir
d’après le photoblog tempsdepause, inspiré de la photo Silhouette
de retour de ma journée de travail, je bifurquais sur la jetée pour l’ivresse des embruns, pour les reflets du soleil dans l’océan, je m’accoudais sur la rambarde pour écouter vivre le vent et les jours sans, juste laisser gagner la profondeur du silence en bord de mer, je marchais sans prêter attention aux gens ou au paysage toujours identique, juste les variations de l’océan, l’été je mangeais un sandwich pour faire durer le plaisir, je ne me suis jamais baigné de peur de rompre le charme qui m’unissait à cet élément sauvage et sensuel, on se charmait de loin, il m’arrivait de dessiner l’horizon et la mer quand elle était très agitée, grâce à cette balade quotidienne, je ne me suis pas vu vieillir, et maintenant que je ne peux plus marcher, je suis fatigué, l’océan me manque, personne pour m’amener aussi régulièrement et quand j’y vais ce n’est plus le même plaisir, je ne reconnais plus rien, je ne me reconnais plus, très vite, très fort, j’ai envie de fuir, ma vie n’a plus de rêve et je tourne en rond, ma tête est devenu une impasse.
inspiré par la photo de @n883 élue photo du jour 10 février 2012 sur webstagram
combinaisons aléatoires
impassible végétal
qui absorbe le métal
de mes pensées chiffrées
d’après le Benkirane’s Photoblog, inspirée de la photo Gestion – digestion
J’ai des ronds dans la tête
tout s’enfuit autour
une telle beauté
se propage avec violence
sur ma rétine étoilée
Je pleure les clins d’oeil d’avant
ma vie n’est plus
qu’une somme de petits éclats
qui passent
inspiré du Benkirane’s Photoblog, d’après la photo Quand le train passe
Corps déchiré
les membres en miettes
s’accrochent
pour ne pas s’écrouler
les sensations se font
imprécises
tout est ocre
la vue se rétrécit
rester éveillé
concentré
sur
le
bruit
d’après le Benkirane’s photoblog , inspiré de la photo Impressions sétoises XIX
J’ai perdu la tête. J’ai fui, j’ai marché, j’ai couru, j’ai frappé sur les arbres, je me suis perdu dans cette forêt. J’ai crié doucement en moi en regardant tomber cette feuille morte. Je ne veux pas vieillir. Je ne veux pas être seul. Je ne veux pas devenir fou. Et pourtant mes pensées s’échappent et flétrissent comme ces feuilles mortes. Et pourtant les mots s’emmêlent dans ma bouche et à force de chercher à les rassembler, j’en perds tout mon souffle. J’ai peur et je voudrais être plus que le reflet de moi-même. Aurais-je droit à un printemps comme ces arbres qui m’entourent et me protègent?
d’après le photoblog de Luc Lombarda , inspiré de la photo Feuille morte – Arboretum de la vallée aux Loups
je l’ai attendu, elle a fini par arriver cette satanée neige, ces derniers temps le ciel était lourd de belles promesses mais rien n’y faisait, les nuages s’éloignaient et je redevenais triste, irritable, j’avais pris ma décision à l’automne de venir m’installer définitivement à la montagne, je voulais en finir avec la ville et ses passages incessants du désir, j’ai tout liquidé y compris ma solitude, je me sentais léger dans ce chalet, au début j’étais joyeux et l’attente ne comptait pour rien, tout était réglé dans ma tête, je me délectais du paysage, je me fatiguais avec de longues randonnées, je dormais tout mon saoul, je m’enivrais du vent et du froid, je vivais avec une rare intensité, la neige et la fin de l’histoire n’allaient plus tarder, et puis l’hiver a été particulièrement clément et l’attente devenait étouffante, je n’en pouvais plus, moi qui avait prévu de mourir avant Noël, tous mes plans étaient chamboulés, insomnie et aboulie m’ont gagné, j’ai dû faire bonne figure lors du passage des gardes forestiers, après leur passage tout me fatiguait, je ne voulais plus sortir, je mangeais à peine, je cassais et sciais sans cesse des bûches, je tournais en rond et je détestais ces nuages qui ne faisaient que traverser mon horizon, jusqu’à hier… maintenant la paix blanche est venue, je suis heureux, j’admire la mer de lumière devant mes yeux, je fais durer encore un tout petit peu et je vais sortir pour une ultime danse.
d’après la photo du jour 3 février 2012 de @serdar_g sur Webstagram