Reflet d’un avant

C’était un soir de masques et de fureurs
Déjà la pièce avait commencée dans ma tête
Bientôt mon corps allait tremblé
Juste avant d’entrer
Jouer avec soi, un autre malheur,
sentir l’émotion surgir de la salle
enfin libre
de choisir à qui ressembler

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Reflections

L’écouteur

Je suis fou
J’écoute aux portes, dans la rue, dans les parcs
dans les musées, dans les musées, chez les gens
C’est pas si facile
d’entendre tout ce qui se dit
le banal est ennuyeux
les ragots pas toujours croustillants
Les compliments souvent calculés
Les mondanités trop mielleuses
Les murmures plus intrigants
ils disent les secrets, les vacheries, les mots doux
Les déclamations trop attendues
elles blablatent, parlent faux ou injurient
j’exclue les cris d’amour si émoustillants
j’aimerais tout retenir, me souvenir, être dépositaire
de tous ces paradoxes
mais il en a trop
c’est si contradictoire
si impossible à comprendre
je suis fou, oui,
de ces impossibilités
le bonheur est à portée de mots
mais ils n’osent pas.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Listener

Tache indélébile

Les émotions contradictoires se dispersent peu à peu
J’efface un à un les couleurs du paysage
la raison
Ne plus souffrir
partir se baigner dans ce monochrome médicamenteux
se dissoudre dans l’eau
l’oubli
quand soudain
surgit cette tache indélébile.

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Red

Où est passé la joie?

Sur ces lambeaux de mur
mon enfance se lézarde
finis le délire des parties de cache-cache
ailleurs les petits plats de maman n’ont pas la même saveur
ne plus pouvoir chanter à tue-tête du rock débile
avoir peur quand la maison est vide
où est l’insouciance à ouvrir les volets?

L’absence à tout démolit
y compris mes souvenirs.

d’après le photoblog Life through a Lens Stu’s blog, insipiré de la photo untitled du 16 oct. 2008

Il suffirait d’attendre

Je suis fatiguée d’être triste, je m’ennuie, je marche dans ce parc tous les jours mais je m’ennuie, je suis seule, je pleure à perdre la raison, je cherche peut-être l’âme soeur mais je ne supporte pas la vie à deux, je m’ennuie et pourtant la vie bouillonne autour,

il suffit d’entendre tous ces bruits et ces paroles faire une cacophonie brouillonne, je suis fatiguée mais j’attends un regard, un signe pour m’extraire de l’ennui, un sourire et même quelques mots, le sage dit d’attendre et pourtant c’est insupportable

d’après le photoblog Life Through a Lens Stu’s Blog, inspiré de la photo Knackered

Pétrification

Tout mouvement est danger de mort
L’oxygène ne manque pas
mais le corps n’ose plus
absorber l’extérieur
bouger et ressentir
même la parole
les odeurs
l’air

pétrifie

Ma ville est irréelle

Quand je regarde la ville
quand je fonds en elle
Je ne sais plus

ce qui est réel et ce qui est irréel
cet enfant qui meurt de faim, sur l’affiche
ce passant qui ne sait où il va, sur le trottoir

ce qui est important et ce qui ne l’est pas
ce film qui me promet, une belle histoire
cet ami qui bavarde, une belle déprime

ce qui m’émeut et ce qui m’indiffère
ce joli mannequin qui irradie, dans la télé
cette belle vendeuse qui me sourit, derrière la vitrine

Quand je regarde ma ville
quand je me fonds en elle
je ne sais plus
qui je suis
réel ou irréel.

d’après la galerie d’Elaine Vallet, inspiré de la photo Chantier