Même un bruit d’ailes
les mots restent de plomb
la parole chute sans cesse
au loin peut être un souffle d’air.
(Journal des mots 1 mai 2020)
Souffler c’est reconstruire
Souffler c’est reconstruire
je veux des pas perdus, absurdes et éternels
le champ n’est qu’un drap qui danse
alors que le temps suffoque
ne plus savoir marcher le long d’une rue
courir toujours courir
pour rattraper les éclats de rire.
13 avril 2020
Rêve 4
Dévoré par le désir d’apprendre
un monde de possibles devant soi
se dire qu’on aimera sans fin
espérer la paix pour s’embraser
retomber brutalement quand la princesse nous quitte
une phrase cynique à notre égard
comprendre que le monde brûle
dans un rire d’indifférence
…
qu’ont-ils fait de nos rêves?
Rêve 3
Terrible mal au ventre
la faim d’un peu de joie entre nous
foules sentimentales plus solidaires
chacun pour soi et dieux qui tuent
quelques soupçons d’amitiés
ici et là
…
qu’ont-ils fait de nos rêves?
9 septembre 2019
Dès qu’il se met à rire, il redevient le jeune homme insouciant qu’elle a tant aimé
1
Fatigué?
Pas vraiment… je n’ai couru que 20 km
Tu as ces rides crispés des mauvais jours
Le boulot… encore un emmerdeur qui ne comprends rien à rien!
Calme-toi où ces rides vont s’installer et te donner un charme supplémentaire
…
Rires
2
Dès qu’il se met à rire, il redevient le jeune homme insouciant qu’elle a tant aimé.
3
Sur les photos officiels, il fait tout pour disparaître ou se cacher derrière quelqu’un. Parfois, c’est sa coupe en brosse qui apparaît au dernier plan, une autre fois son profil énigmatique et coupé à la serpe, une autre fois encore la moitié de son sourire crispé à l’ombre d’un autre visage, d’autres fois on aperçoit à peine une joue et une oreille.
4
Son béret militaire fait ressortir la froideur de ses yeux. Dans ces moment-là, son visage lui donne une allure encore plus impitoyable.
5
J’ai rarement vu visage aussi étrange et énigmatique. Même dans l’ombre la plus sombre, une sorte de lumière émanait de lui. Les gouttes de pluie semblaient l’éviter alors que le vent le déformait complètement. Quand on l’observait trop longtemps sa forme carrée s’arrondissait tel une pastèque. J’avais parfois du mal à savoir s’il avait ou pas un nez. Son rire me faisait peur car seule partie de sa bouche s’agitait sans que je sache déterminer laquelle.
6
Plongé dans la lecture d’un livre, son visage dansait comme une flamme amoureuse.
7
Le reflet des ses lèvres dans le glaçon de son whisky la mettait dans tous ses états. Il en jouait quand ils étaient en public.
8
Il est le visage de la rigueur.
Cet œil toujours en fuite.
Il est le visage de l’ennui.
Ce nez informe et fade
Il est le visage de l’intransigeance
Cette bouche sans rictus
Il est le visage de la folie
Ce front fuyant la vie.
9
Au milieu de la foule, il est impossible de le reconnaître tellement son visage se fond dans le paysage. Il a le chic pour se donner un air inaccessible comme s’il nétait pas de ce monde. Parfois, j’ai même l’impression que sa silhouette est flou, son visage en particulier.
10
Je n’aime pas ma figure
Ah, bon?
Trop définitive!
?
J’ai l’air dur et méchant
C’est pour mieux cacher ta douceur, mon chéri
Je ressemble à un séminariste souffreteux et déprimé
Tu exagères un peu. Ton visage semble plus fermé ces derniers temps.
… même à toi, je fais peur.
Arrêtes de tout dramatiser!
11
En vieillissant, une patine de bonté s’était soudain déposée sur son visage. Ce n’était pas de la sagesse. Pas encore. Plutôt, une forme de sérénité qui avait envahi tout son être et rejaillissait sur cette figure. Cela ajoutait à son coté énigmatique. D’où venait cette paix en lui?
ne pas laisser filer les mots
Si l’ombre persiste
ne pas laisser filer les mots
le phrase rougeoie pour essayer
d’attraper ce qui fuit.
(Journal des mots, 5 décembre 2019)
les mots volent en éclat
Brisures de folie
les mots volent en éclats
la phrase cherchera la splendeur
jusqu’à vaincre le temps.
(Journal des Mots, 25 novembre 2019)
les mots naissent sous la cendre
Butin de pêche
les mots naissent sous la cendre
les phrases cuites ont la saveur d’une christophine
et la parole au coquillage se fait douce.
(Journal des Mots, 18 novembre 2019)
on se grisait d’une vie simple et joyeuse
On avait les yeux menthe à l’eau
On voulait s’envoler
Loin de notre quotidien
Il aurait suffit d’un signe
Ou d’un ouragan
Pour nous emporter
Nous donner envie de jouer
Du piano debout
Entre lambada et La Bamba
On se grisait
D’une vie simple et joyeuse
Et puis Mademoiselle chante le blues
Pour tenter de
Sauver l’amour
…
Qu’ont-ils fait de nos rêves?
(Rêves ? n°10, 16 novembre 2019)
les mots sont de feu
Ardent désir sombre
les mots sont de feu
les phrases brûlent sur vos lèvres
pourquoi tant de fuites?
(Journal des mots 8 novembre 2019)