De Compostelle à Saint Marc

à mon père

Le vent efface mes souvenirs,
mon regard decrescendo vers le noir et blanc
où est la couleur qui guidait mes pas?

Je crois au monument vers l’au-delà
pour communiquer
dans quelques pas, je serais mort
mon coeur a trop donné
les mercis tardent à m’embrasser

Je garderais en moi les mots dits
les caresses exotiques
les paysages intérieurs
la géographie des vins
l’amour euphémique des mets
un goût d’inachevé

trop d’illuminations pour continuer d’être raisonnable

J’attendrais la grâce à Bugarach.

d’après le photoblog de Ian Bramham, inspiré de la photo San Marco

Spirale esthétique

Je m’enfuirais dans le délire
J’aspirerais l’incandescence de la spirale
Je détruirais les tags de mon cerveau
Je ferais inspirer par les flammes ce vide esthétique
Je fondrais mon absence de talent par le mirage du feu
J’attendrais la lueur de renommée avant de devenir fumée.

d’après le photoblog sh00, inspiré de la photo Graphic Spiral

Illusion de paix

Faire une pause dans la nuisible effervescence
fermer les yeux, ouvrir les rêves
suivre les images et les fantasmes
s’évaporer dans les rêves
glisser dans la douceur blanche et silencieuse
la ouate paisible de l’oubli
un temps dissoute dans les couleurs absentes
quand la cigarette sera finie
la porte des illusions claquera dans la tête
faisant résonner les pas de la mort.

d’après le photoblog sh00, inspiré de la photo Illusion of peace

S’explorer

L’architecture d’ici est inhumaine
aucune courbe allégeant les lignes et les angles droits
je me sens écrasé par les matériaux bruts
je suis dévoré par l’absence de décorations
L’architecture d’ici est inhumaine
aucun silence allégeant les craquements et les ronronnements
je me sens écrasé par le raclement des matériaux bruts
je me sens dévoré par l’absence de voix

L’architecture d’ici est inhumaine
aucune couleur allégeant le noir et les nuances de gris
je me sens écrasé par l’indéfinissable teinte des matériaux bruts
je me sens dévoré par le halo terne

L’architecture d’ici est inhumaine
plus d’ami pour alléger ma folie
je me sens écrasé par ma solitude
je suis dévoré par ma folie

je n’étais pas seul, je ne suis pas fou
il n’est pas mort, je ne suis pas mort
je ne suis pas fou, je ne suis pas seul
il ne faut pas qu’il soit mort, je ne suis pas fou

d’après le photoblog sh00, inspiré de la photo Exploration

Coquillages

Je ne garde que des images sépia de notre première rencontre, ton visage enfantin devant les coquillages, tes cheveux furieusement noirs face au vent, ta manière de glisser sur le sable pour éviter d’avoir les pieds mouillés, ta voix me parvenait feutrée au creux de la petite tempête, tu t’étais inquiétée de me voir longtemps immobile, je n’étais pas évanoui ni malade mais amoureux, devant mes balbutiements idiots tu avais rougis puis souris… tu avais suggéré d’aller prendre une boisson chaude… tout en marchant vers le bar, je m’efforçais de mémoriser toutes les images de toi sur cette plage… quand je les dessinais plus tard, il me manquait toujours quelque chose dont je n’arrivais pas à me souvenir, je m’en voulais de n’avoir rien pu faire, de ne t’avoir pas laissé à ta chasse aux coquillages.

d’après le photoblogue de Line Lamarre, inspiré de la photo To collect shells

traduction anglaise:

I keep sepia picture from our first sight, your child’s face looking at shells, your deep black hairs facing the wind, your way of dancing on the sand trying to escape having wet feet, your voice coming to me slowly in the little tempest, you worry seeing me motionless to long, I wasn’t faint nor sick but fall in love, in front of my idiot’ stammering you flush and go smiling… you offer to drink a hot drink… while walking to the café, I try to remember each pictures of you on this beach… when I draw it later, it miss me always something which I can’t catch in my mind, I feel guilty not to be able to do anything, not to let you hunting shells.

Lignes de lumière

Quand la vie m’accable par sa vacuité, je descends dans la vieille cave, je regarde sans nostalgie les variations du passé accumulées ici, j’imagine les vies d’avant, péripéties riches ou vaines, j’entends la rumeur des machineries et les voix des comédiens, des cantatrices, des techniciens…

j’écris la lumière de ma mémoire que n’a pas tout a fait grignoté la folie.

d’après le photoblogue de Line Lamarre, inspiré de la photo LINE

(tentative de traduction en anglais par mes soins)

The light line

When I see my vanished life, I go down to the old cellar, I watch without nostalgia all the signs of my past which getting lost here, I imagine all my ancient existences, exciting times or futile days, I hear the murmur of the engines and the voices of actors, singers, technicians…

I write the light of my memory almost alive in front of the madness attack.

Ne plus tenir sur ses pattes

Après la guerre, après les morts,
après les fusillades, j’ai fait des rêves
des peurs paniques, courir pour ne pas mourir
partout des chaises vides,
exténué, ivre de mes absences,
mes cris font trembler les murs
j’ai fait des rêves, des peurs paniques,
mourir de ne pas pouvoir s’asseoir,
s’allonger à la verticale et
attendre la dernière fusillade
qui réveille l’angoisse de ne
jamais se réveiller.

d’après le photoblogue de Line Lamarre, inspiré de la photo Ne plus tenir sur ses pattes.

Visage sombre et lumineux

Longtemps, je ne me suis pas reposée
Le visage stoïque dans le labeur et la prière
L’espoir qu’un jour peut-être, je serais cette image
qui édifie et enseigne la foi à tous mes frères et soeurs
et un jour, dans un moment d’apesanteur et d’épuisement
l’âme et le regard dans le vague
je me suis fossilisée de fatigue

d’après le photoblog Lucca’s Café, inspiré de la photo Face dark&light

Cabane de plage

Crépitement des graviers
Plage aplatie
Pépiements de la mer
Air aplatie
déchirement de l’horizon
Couleurs aplaties
Effacement des silhouettes
Corps aplaties


– « Silence » /dit l’harmonie/

d’après le photoblog Lucca’s Café, inspiré de la photo Beach Chair

Deux fenêtres sur ma mélancolie

Je me souviens de ma mélancolie
quand la réalisation de ce tableau rongeait ma vie
je contemplai avec envie
cette facade de l’autre coté de la rue
Je n’ai pas peint la lumière crue
qui adoucissait la décrépitude vue
par tous les passants frénétiques
ces deux fenêtres n’étaient pour moi que panique
Elles étaient le reflet critique
de ma vanité d’artiste
avec le temps tout se flétrit et devient triste
A quoi bon jouer au Christ?

d’après le photoblog Lucca’s Café, inspiré de la photo Two old Windows