Poussière qui rêve

blanche percussion
elle jouait en suspension
sur la pierre grésillante
si belle qu’une étoile filante

j’espérais la pureté sauvage
sensuel ravage
sur mon corps crispé
fugitive clarté

le temps est passé trop vite
vénéneuse fuite
prémisse d’une danse farouche
avant que sa bouche
ne s’arrondisse
et que pâlissent

briser la transparence
ne plus menacer d’évanescence
la triste lumière
où je n’étais plus que poussière

d’après le photoblog Our Little Hood, inspiré de la photo From that dream

mixage

Grincement obsessionnel de la musique
je n’entends plus rien
lancinant larsen de l’aiguille sur le vinyle
rotation du disque hypnotise
raison qui tourne en rond
Grincement lancinant de la musique
combat au corps à corps, disque contre cerveau
ritournelle lancinante du rond
je n’entends plus que le larsen
raison s’aiguille vers un grincement
rien que le rond
rotation lancinante des mots
corps qui tourne sur l’absence de musique
l’aiguille bute
mensonge fin du silence

d’après le photoblog xrpix, inspiré de la photo DJ’s Gear at Aurelie’s Birthday Party

léger comme une bulle

Malgré le poids des mots, la vie est légère comme une bulle
le souffle d’un sourire suffit à évaporer la suie des tracas

ne pas croire qu’en s’envolant, les bulles nous oublient
leurs joies planent, diaphane traces de notre bonheur
juste lever les yeux du béton quotidien
d’un clin d’oeil les attirer
et porter en courrier
ces perles heureuses

d’après xrpix photoblog, inspiré de la photo Just Married!

Au creux de l’oreille

Elle était belle, elle écoutait
Sa folie, « dis-moi un secret »
de table en table
de l’un à l’autre
« dis-moi un secret »

Elle était triste face au silence
Elle était perdue dans ses yeux
Ses mains trop crispés sur sa folie

Elle était belle, elle souriait
quand un murmure, au creux de son oreille
frissonnait quelques phrases
Sa main légère

Jamais elle ne s’est approchée de moi
pourtant j’avais un secret juste pour elle

d’après le photoblog xrpix, inspiré de la photo Tell me a secret

acquiescer

Je ne peut plus réfléchir, je me noie, je voudrais fuir, je me noie, mon univers est une pesanteur liquide, je bois comme je respire, je me noie, je voudrais fuir, j’ai perdu le goût des aliments et des corps et des couleurs et des mots, j’ai   , l’ombre minérale et liquide sans cesse plus menaçante, je me noie, je ne peux plus fuir, plus la force, plus la forme humaine, je deviens roche sombre, je suis fou, je me noie, je deviens liquide, résister encore un peu au noir, ce vertige définitif du vide.

d’après le photoblog maivju:z , inspiré de la photo acquiesce

Espoirs dessinés

D’un clignement d’oeil, elle s’est retournée
la fragrance de son corps écarte la palissade
je cherche les traits qui pourraient la retenir
la ligne qui briserait sa fuite
donner un contour à mes sentiments
je ne sais pas dessiner mes espoirs
il n’y a que le silence de sa beauté
effaçant l’horizon
d’une émotion tremblée

d’après le photoblog maivju:z, inspiré de la photo unrequited

ne pas toucher

les phrases s’effacent
la page s’épure d’une complainte
la blancheur crisse cette évidence
poésie intime des caresses
cette trame sensuelle        des coeurs
qui s’écrit sur cette peau
laissant plus de traces qu’un
trait de plume,     même généreux
froisser le corps est plus violent qu’

écraser une feuille (de papier)

les mots peuvent ne pas

toucher

la main non

d’après le photoblog maivju:z , inspiré de la photo …but not touch

légère dérive

plus je marche,
plus je monte,
plus je me sens léger, inconsistant,
frèle fremissement enveloppant
rêve léger d’être nuage
flotant informe au-dessus du      vide
voir virevoleter les cerfs-volants
se débatant impuissant d’aller si haut
l’air ivre, je chante contre le vent
si seul à siffler ma folie
avant de s’évanouir mon corps   suspendu
cherche à capter le courant assentionel
légère dérive du cerveau   si   peu   oxygéné
il suffirait de glisser sur l’air frais.

d’après le photoblog JENRIKS24hphoetry, inspiré de la photo fresh air

mélo profondeur

La voix frissonne sa douce tristesse
elle cherche l’assurance des instruments
la mélodie blues percute sur les doigts du guitariste
mélo mélancolie mélodrame mélo mélancolie mélodrame etc…
(air folk) (air rock)
la voix cherche note après note la joie d’avant
le disque danse sur la platine
course autour des mots à peine feuler
trop difficile à dire
trop peur
la voix se cache derrière les autres sons,
les guitares dévoreuses,
la percussion à peine présente,

trop
trop difficile
dire
la voix suspendue suggère avant que

d’après la proposition 188 de l’atelier d’écriture sur Marelle (08/06/2007):

L’espace d’un instant. La traduction la plus sensible, la plus immédiate d’une expérience, celle du quotidien, de la sensualité, de l’amour, de l’approche de la mort, de l’Invisible. L’expérience d’une écriture des profondeurs, dans une fragilité du poème.

(Appareils), Frédérique Guétat-Liviani, Farrago / Léo Scheer, 2002.


douleur dissoute

bruit dissoue douleur
doux pchitt de l’aspirine
pfff les soucis sans dessus dessous
pfff tête compressée trop comprimée
doux pchitt de l’aspirine
l’eau frémit et fait fuir l’écho fatigué
sang tape dans les tempes aléatoire
le jet de bulles gratte les impuretés
soulageant de la pyramide bruyante
multitudes de bizarreries quotidiennes
des fardeaux sédimentés heures par heures
les mirages s’évaporent, les poids peut-être, enfin, tout de suite,
d’abord casser l’écho sournois, ensuite vomir le halo ricaneur, enfin frapper le courant d’air impuissant,
chaque gorgée d’eau embullée
réanime et fait jouir du plaisir sensuel

d’après le photoblog JENRIKS24hphoetry, inspiré de la photo Aspirin