manège

j’efface à l’acide les traces de mon enfance, pénibles qui explosent dans la bulle des cauchemars, flous qui s’étiolent dans l’incertitude entre impossible et invention, les douloureux cassés par les médicaments et par le refoulement >>> l’oubli,

mais les joyeux s’accrochent comme de magnifiques photographies couleurs bronzées, et partout où l’on passe impossible d’y échapper, objets ou personnes vous rappellent perpétuellement les beaux moments, les anecdotes heureuses, les heures privilégiées sans soucis et sans préoccupation du lendemain,

les traces joyeuses s’incrustent par tous les moyens possibles, insupportables mémoires sans cesse réactivées par le plaisir, étouffements pénibles sur le

bonheur obligé, chercher sa respiration effacer
annihiler seule
solution brûler traces avec
acides tous azimuts évacuer par la dissolution intentionnelle
criminelle décomposer brutalement une à une les composantes essentielles
regarder blanchir son passé
cheveux de l’aveuglement être de
passage vers

inspiré du photoblog Still Mood, d’après la photo Manège

part invisible

noir jubilation
le jouet brille
plume d’oeil à mes rêves
histoires qui se hissent entre   …
et ma main
tissage secret d’une vie sans cesse reconstruite
ne jamais vouloir s’endormir
de peur de ne plus pouvoir imaginer soi
cette part invisible
qui échappe au photographe
quand demain la lumière éclairera aussi le visage

d’après le photoblog Still mood, inspiré de la photo Enfance…/Childhood

Peindre

Pouvoir déteindre l’expiration
souffle microscopique de ses rêves
la main métallique posera glaciale
les reliques des espérées
images obnibouillantes
geysers d’image air
infimes microbes prêt à fondre
s’amalgamer sur la toile
la main suit les traces invisibles
ne pas se laisser troubler par son regard
cette raison qui capte le trivial
peur de perdre son fil
celui qui
dire
celui qui
dire
celui qui

d’après le photoblog Still mood, inspiré de la photo TRAVAIL: Peintre…/WORK: Painter… 1/3

heures de pointe

trop longtemps assis
se lever
vivre d’agitation et de café
fuir les ombres
celles de la sensualité
mouvements perpétuels impossible à penser
faire   agir   faire   agir   faire   a   f   a   f   a

attendre l’heure de pointe
motiver   respirer l’adrénaline communicative
si seulement sourire de killer
ne pas se laisser hypnotiser par   la beauté du soleil d’hiver
se lever   dès que   possible
ne plus contempler
trop longtemps assis

d’après le photoblog Crina Photography, inspiré de la photo Rush Hour

et pourtant, je t’ai oublié

Il y a longtemps que je t’aime
et pourtant je t’ai oublié
la fuite maladive de ton regard
l’incertitude de ton désir de vivre
ces cheveux si doux que je n’osais approcher
le métal de ton caractère
trop de contrastes

Il y a longtemps que je t’aime
et pourtant je t’ai oublié
Il me reste cette image
abîmée par les traces de nos errances sur la plage
tes yeux aspirés par la ligne de fuite
cet horizon incroyable

Il y a longtemps que je t’aime
et j’aimerais t’oublier
avoir la force de t’oublier
oublier
cette folie, ce défi à la tempête
oublier que tu es morte
enfin disparue
et pouvoir espérer un jour
te tenir dans
mes bras sans jamais avoir peur de
te perdre encore

d’après le photoblog Crina Photography, inspiré de la photo Rusty Memory

vie labyrinthe

Ma vie est un labyrinthe
où je m’éreinte
criant ma plainte
dans un air sans teinte
je me perds dans le brouillard qui suinte
chaque détour est une feinte

je bois ma douleur comme un pinte
et la mort n’est pas ma seule crainte
mon corps rigide comme une plinthe
gît sur le pavé, toute respiration éteinte
l’issue n’était peut être plus hors d’atteinte

d’après photoblog Terminal 715, inspiré de la photo Pile of wood

en feu

fermer les yeux
résister à l’envie de l’embrasser
la musique échauffe mes désirs
elle danse et

je voudrais
l’enlacer, lui dévorer la bouche, lui

dans le noir du caveau
lui glisser les mains sur le corps

la flamme est en nous
tout n’est plus comme avant
je n’ai pas résister à sa passion

quand j’ouvrirais les yeux
son sensuel sourire m’accueillera en silence
la musique n’existera plus pour nous

garder encore un peu
les yeux fermés
l’imaginer encore là

son corps enflammant la jazz session
d’après le photoblog Terminal 715, inspiré de la photo In flames

empreinte

j’ai presque
on me croit
je suis l’ombre de mon poids
relief disparu
je marche translucide
la glace n’a pu m’atteindre
le corps froid, le cerveau en ébullition
je suis suspendu à la frontière
…//…
personne ne m’écoute
quand je gratte l’écorce givrée
cherche à exhumer le sable
à peine refroidi de
j’y suis presque
si seulement
si d’autres mains existaient

d’après le photoblog Lost in Pixels, inspiré de la photo Man on the Moon

rayer l’espace

danser et tournoyer
à force d’enthousiasme, de déséquilibres heureux
le vertige bleu nous envahit
les lumières de la ville jouent avec notre regard
les glissements sur la glace jouent avec nos oreilles
les frottements de l’air jouent avec notre peau
douceur du cocon glacé qui nous enveloppe
ravissement de pouvoir jouer avec l’air
qui frémit de nos crayons de couleur
rayer l’espace de nos mouvements
tracer notre vertige, puis
au prochain tour, nous écrirons un mot d’amour.

inspiré du photoblog photos>mdpny, d’après la photo On a Cold Night, Movement on the Rock Center Ice Rink

confetti

bulles de joie dansant une sarabande
entendez-vous les rires
petits boutons sur bonheur bleu
chanter sans oublier
passé qui compte sans être grave
l’insouciance n’est pas qu’une parenthèse
c’est le pari d’une euphorie
celles de mains qui jettent
jour après jour
leurs soucis vers le ciel
pour goûter le plaisir incroyable
de voir leurs couleurs se dissoudre

d’après le photoblog Photo>MDNY, inspiré de la photo Lunar New Year Confetti Against a Blue Sky