craquelure de mes images

Craquelure de mes yeux
est-ce que ces formes soudainement
surgies?
est-ce autre chose qu’une simple lézarde?
est-ce que la couleur va revenir?
est-ce que la précision,

l’absence d’image n’est pas certaine?
mais la félure est là
distordant d’abord qu’un peu ce que je vois
mais je lutte contre

la brisure définitive
le simple miroir noir
le vide de mes rêves.

d’après la photo Rust II du photofolio de Blog photo de Jeremy Charles

l’écume des jours

dentelles d'écumes
les jours gisant
s'effacent les paroles
dessèchement des nouvelles

les rumeurs tissent dans nos cerveaux
de vieilles angoisses
peur des questions
instables bouillonnements
déstabilisent

la main des pensées glisse
tous ces déchets d'histoires
abandonnés à la macération

d'impossibles oublis
vagues intangibles de disparitions
rien ne se clôt
avant que la vague verte
ne se retire devant nos yeux

d'après la photo Oldnews du photoblog thinsite

Rêve d’arbre

Dépouillé de tout, l'arbre attend
Tristes pas sur la neige
Qui ne veulent pas
Approcher et toucher
Lui qui monte au ciel
Il rit d'infini
Heureux d'avoir les pieds sur terre
Les branches en étoiles
prêtes à applaudir
L'éclat d'une voix
qui saura
lui parler.

d'après la photo A la croisée des chemins d'Edna Branner, issue d'une série intitulée Traces de vie hivernales sur le site Ruedesboulets

Déguster l’oubli

Dans la pénombre brillante
se calfeutrer
dans les coussins exotiques
pour déguster
sous les voûtes antiques
à l’abri de la fureur, de la neige
et de la foudre des rires

juste regarder s’écouler
dans la gorge, le thé
la menthe noire de notre oubli,

disparaître un instant
du miroir du monde.

d’après la photo Thé à la menthe du blog imag in

Partir en fumée

Ecrire les mots à ne pas oublier
Alors que fondu dans l'artificiel
le flash saisit
le corps ailleurs
Impossible de s'enfuir
vraiment
Le corps n'est plus qu'une
fumée blanche
translucide griserie
d'écriture
qui cherche son ombre
celle qui sourit.

d'après L'enfer de la drogue (San Francisco, Etats-Unis, 1989), une photo de Jim Goldberg ( photo numéro 6 du portfolio sur le site du journal Le Monde http://www.lemonde.fr/web/portfolio/0,12-0@2-3246,31-728724,0.html )

Petits diables

Petits diables sur un Tram
Ils enflamment
Jaunes
La course rouillée
d'une ville à
reconstruire
d'une ville à
hacher
d'une ville à
sourire libre
comme un chat
de Chris
Impertinence blanche
sur noir désastre.

d'après le sourire de la liberté une photo de Chris Marker d'après sa propre création sur les trams de Sarajevo

Destruction d’un immeuble

Dans un désert anguleux de béton
une fontaine brillante
les étincelles d'une vie mécanique
coeur invisible
intermittent
clin d'oeil hypnotique
écoulement délicat et violent
d'une absence
d'une destruction
scintillement de
fatal
peut-être.

inspiré d'une scène de rue

L’homme infime

L'homme infime
sous la caresse des nuages
silhouette fuyant son avenir
pataugeant dans l'humidité du présent
il cherche entre la terre et l'eau
les stries du possible
les rêves enfin fossilisés dans le réel
un sens non-vacillant
à ses incertitudes.

d'après Crépuscule, une photo de la série Madagascar de Jean-Noël De Soye

Ivresse des pétales

Elle s'ennivre
la griserie des pétales
coupe d'alcool dans ses mains

Son rire secoue l'arbre
De joie, il abandonne encore
des pensées éparpillées
Pétales où sont venues se nicher
l'intime des passants.

Les yeux fermés, elle hume
comme un vertige
entre l'envol et la chute
tous ces murmures inconnus.

d'après une photo d'Edouard Boubat (Paris, Parc de Sceaux, 1983)