Prison de l’oeil

Mon regard ignore les détails
Les grillages de mes pensées emprisonnent ma vue
Je n’etends plus les images chanter
Mon regard ignore la douceur
Les couleurs de mes humeurs se mélangent
Je ne perçois plus la caresse du pinceau
Qui me dessine?
Mon regard ignore l’inconnue
Le mur de mes paupières refusent de la dévoiller
Je risque la folie à fixer le point aveugle
à m’abimer dans cet espace incertain
où l’oeil est sa propre cage noire
Les images m’absorbent et me rejetent hors de moi
Je ne peut être un autre
condamné à observer de l’autre côté
le rouge construit brique après brique
l’impalpable barrière
entre moi et la vie

d’après la photo Protected Wall du photoblog Photographic Odyssey

les trois éléments

Avant il y avait la mer, la vie
Maintenant il y a la rouille, la décomposition
Avant il y avait l’agitation, la joie
Maintenant il y a l’immensité, le vide
Avant il y avait les jeux, les conversations
Maintenant il y a les galets éparpillés, les rafales démentes
Avant il y avait les fremissements de l’eau, les éclaboussures ivres
Maintenant il y a les ondulations froides et menacantes du sable, les nuées ardentes du désert

Avant il y avait le ciel bleu, ta lumière
Maintenant il y a le gris infini, ton absence
Avant il y avait ton baiser débordant, ton rire tendresse
Maintenant il y a ta disparition, ton souvenir.

d’après Three Elements #1 et #2 du photoblog chromasia

Je ne suis pas flou

je rêve, je fuis, je floue bleu, je ne suis pas fou, les tâches blanches gâchent mon cerveau bleu qui flotte, j’imagine, je mange l’air, je m’immisce dans le bleu, je ne suis pas fou, les bruits de l’automobile cahotent dans mon cerveau métal qui brille, je cris, je vise, je crime bleu, je ne suis pas fou, les balles d’à coté hurlent dans mon cerveau flou qui disparaît au-delà du bleu, je ne suis pas flou, je ne suis pas flou, je ne suis pas flou, je respire encore pour vous.

d’après la photo Old blue 2OO2 du photoblog chez Flawijn

lumière fossile

la lumière s'arrache péniblement
infimes reflets du métal
lutte pétrifiante contre l'absence

le soleil n'est qu'un fossile
pierre, bois et terre
image écho
dont l'ombre même est figée
dont la fleur même est solidifiée

leurre d'une existence
clin d'oeil fantomatique
vers l'hypothèse
d'un regard perçant
qui un jour

brillera dans cet inconnu

d'après Look Deep du photoblog Life inchoate

Enthousiasme coloré

Dans une trainée de couleur
la fille se marie avec la joie
limpide suspension de pollen

L'oiseau siffle
dans un frou-frou écru
douce courbe du jeu

Elle regarde au loin
le vert insouciant
jubilation des promesses

Elle aspire à s'incruster
telle la gouache sur le tableau
dans le pinceau de l'espoir

Ce demain qui se lève
juste devant sa course
l'oeil parsemé d'étoiles filantes.

d'après la photo Smiling Girl du Photoblog Jasonspix

Rêve d’arbre

Dépouillé de tout, l'arbre attend
Tristes pas sur la neige
Qui ne veulent pas
Approcher et toucher
Lui qui monte au ciel
Il rit d'infini
Heureux d'avoir les pieds sur terre
Les branches en étoiles
prêtes à applaudir
L'éclat d'une voix
qui saura
lui parler.

d'après la photo A la croisée des chemins d'Edna Branner, issue d'une série intitulée Traces de vie hivernales sur le site Ruedesboulets

Déguster l’oubli

Dans la pénombre brillante
se calfeutrer
dans les coussins exotiques
pour déguster
sous les voûtes antiques
à l’abri de la fureur, de la neige
et de la foudre des rires

juste regarder s’écouler
dans la gorge, le thé
la menthe noire de notre oubli,

disparaître un instant
du miroir du monde.

d’après la photo Thé à la menthe du blog imag in

Polygones

Revanche glaciale d'un ciel asphyxié, il aligne au scalpel l'artifice, le sang lumière, le polygone devenu marionnette hurle de ses zébrures, le fantôme d'acier tranché est suspendu, encore une fraction de souffle, avant le déferlement, violence de la chute

d'après une photo de Bénédicte Reverchon, dans la série Les Lumières de la ville, visible à la galerie Vrais Rêves à Lyon et sur leur site vraireves (rubrique expositions en cours)

Petits diables

Petits diables sur un Tram
Ils enflamment
Jaunes
La course rouillée
d'une ville à
reconstruire
d'une ville à
hacher
d'une ville à
sourire libre
comme un chat
de Chris
Impertinence blanche
sur noir désastre.

d'après le sourire de la liberté une photo de Chris Marker d'après sa propre création sur les trams de Sarajevo

Destruction d’un immeuble

Dans un désert anguleux de béton
une fontaine brillante
les étincelles d'une vie mécanique
coeur invisible
intermittent
clin d'oeil hypnotique
écoulement délicat et violent
d'une absence
d'une destruction
scintillement de
fatal
peut-être.

inspiré d'une scène de rue