Danse des mains

La danse de ses mains hypnotisent mon regard tout autant que mon corps, flou où mes sens moussent et pétillent, je ne fuis pas cette peur panique du bonheur, cet excès d’effervescence qui dérèglent la raison hallucinée par tant de paisibles sentiments et de plaisirs, j’entends le sourire de nos corps accueillir de concert la jouissance.

inspiré des photos de Pierrot Men, d’après la photo Antsirabe 1998

Reflets de la forêt

Marcher dans les reflets de la forêt, ne plus avoir d’autres ombres que ces feuilles perdues, errer comme une âme sans ombre, à la recherche des mots perdus, d’une phrase qui viendrait changer…
et parfois, se laisser éblouir par un contre-jour, cette lucidité de la nature qui vous étourdit et n’attends que votre regard pour se sentir belle.

d’après le blog la langue des papillons, inspiré de la photo Plateau de millevaches 2

Falaises

La plus belle ville du monde ne peut donner que cette immense sensation de solitude, le strass des lumières, les courbes des monuments, tout le passé qui pèse au coin de chaque rue historique, les belles oeuvres d’art qui nous font de l’oeil, rien n’y fait, quand ce petit quelque chose vous manque et que votre coeur dépeuplé n’attend plus rien, l’espoir est une foutaise pour faire patienter les idiots, le combat est le beau piège tendu aux héros, le renoncement est l’illusion intelligente proposée aux penseurs, que reste-t’il à ceux qui ont le courage de regarder le lendemain avec une impatience renouvelée?

d’après le photoblog Hajdu.me – Authentic Hajdu, inspiré de la photo Falaises

La promenade du viel homme

Collage autour de BergsonJ’avais écrit toutes ces lignes et je marchais ce matin-là fort des mots étranges qui avaient envahi mon esprit. La ville en devenait floue. Je ne voyais plus très bien les gens autour de moi. Il me semblait qu’on me regardait comme quelqu’un de suranné. Tout était vertige, sensation tortueuse d’être loin de tout. Il y avait cette arcade soutenant un pont à jamais désert, y compris par les animaux et les plantes. Le Pont Maudit était son surnom…

J’entendais un peu la rumeur du monde, ce malstrom de bruits et de voix, la symphonie d’un monde hyperactif. Sortir ma montre à gousset semblait installer comme une pause surréaliste. Je traversais avec indifférence brouhaha et hyperactivité jusqu’à mon salon de thé. Je compris que c’était le début de ma fin quand je vis, posé sur la vitrine : « Fermeture définitive »

Saison

Petit à petit mon regard s’est fixé sur cette feuille, hypnotisé, je suis devenu feuille, prêt à s’envoler au grè du vent ou des souffles de conversations, balloté contre l’air, les corps, les arbres, les pierres, léger bruissement aussi frêle qu’indestructible mais un jour se déposer si usé et attendre un autre regard qui vous donnera la mort.

inspiré du photoblog de Xavier Rey, d’après la photo Saison (Bordeaux, France 2009)

Ivresse du repas

Sa langue caresse délicatement le fond du verre de vin doux, le zeste du citron vert pique sa bouche, ses yeux un fiévreux cherchent un réconfort dans mes mains qui apprêtent l’entrée, des beignets de crevettes sur une sauce blanche, nos dents croquent à l’unisson ces carapaces, le poulet respire de désir libéré de sa longue cuisson à l’étouffée, son jaune curry semble alangui sur le rouge, jaune et vert de la ratatouille, nos papilles frémissent en contrepoint avec les notes sucrées du Gewurztraminer, nous suçons les os de poulet jusqu’au dernier lambeau de peau et le dessert apporte les dernières promesses d’une glace au coco se lovant dans un coulis de mangue à la menthe.

d’après la proposition 296 de la Zone d’Activités Poétiques Marelle qui s’inspire de Désir, Frédérique Dolphijn, Loren Capelli, esperluète éditions, 2006.

Jeux sensuels

Piège de ces jambes qui ont cisaillé mes désirs jeux de main comme un chemin irréel vers une perte de l’état second d’innocence qui voulait encore rêver un peu à ces jeux d’ombre intouchable douceur du frisson d’attente le moment juste avant le froissement des peaux silence intensément sensuel en soi certitude d’une caresse irréversible quand l’autre coté du miroir est proche sans autre peur que la déception désastre intérieur incapable d’un reflet ou d’une ultime touche de couleur.

d’après le photoblog Lô’tre Page, inspiré de la photo Les dessous chics (2)

Crunch

Le futur s’écroule dans ma tête, je ne comprends plus rien, le paysage qui m’entoure est étrange, que fais-je ici loin de chez moi, loin de mon travail, est-ce que je fuis, ma vie est vide,  le travail m’oblige à répéter une litanie douloureuse, plus d’argent, plus de travail, vous ne servez plus à rien mais rester encore un peu, on ne sait jamais, si ce n’était qu’une mauvaise passe, oublier vos primes, votre salaire est réduit, soyez solidaire, c’est un strict minimum, faites un beau geste, ma femme ne sait plus quoi me dire, je me plains tout le temps, je suis exécrable, mes tous jeunes enfants -mes jolis coeurs- n’osent plus m’approcher, je suis leur grand méchant ogre, j’ai le vertige quand je vois la peur dans leurs petits yeux innocents, les objets m’en veulent, ma voiture, mon ordinateur portable, mon téléphone mobile, tout conspire à me nuire, je cours loin des tracas, prenant le métro au hasard, les gens sont bizarres et leurs regards angoissants, sortir pour respirer un peu d’air non-hostile, mais le paysage est dangereux, il m’en veut, que faire? où fuir? Non, le téléphone sonne, c’est déjà l’heure? Perdre sa liberté pour si peu, il n’aurait pas fallu, c’était inévitable.

d’après le photoblog The Rip, inspiré de la photo crunch

Tracé en rouge – 12 et fin

(…)

dans sa tête son visage disparu oui inventer contre la douleur la fatigue son visage le visage surtout le sourire de celle qu’il aime surtout les mots enfin et par dessous tout il imagine il rêve il s’extrait du rouge par dessus tout il rêve des mots enfin des mots heureux qu’elle lui dit c’est doux il entre oui il entre à grands pas dans ce pas d’elle vers lui ce pas qu’elle fait avec sourire marche spontannée prémisse du bonheur premisse de la logorrhée d’amour il rêve de ce bain chaud apaisant un bain doux qui doucement délivre de l’attente oui pas à pas il peut sourire en rêvant d’ailes qui s’envolent loin dans le lointain non pas vers elle non pas se souvenant d’elle non pas à sa recherche mémoire essayant de se souvenir de son visage fatigué sans sourire non pas les yeux rougis de désespoir non avec l’espoir non avec l’attente non avec la lune qui brille sur l’infini non ses ailes s’envolent vers le lointain loin de la déflagration du cri de la douleur à la tête qui fait mal le rouge qui aveugle ses ailes voient le lointain ses ailes battent l’air vif ses ailes s’envolent fermement joyeuses ses ailes s’envolent enfin avec elle avec son sourire avec son visage plein de mots des mots que pour lui des mots avec elle.

(fin)

Tracé en rouge – 9

(…)

qui attendait les mains espérait le pas en avant le cou frémissant bouillonnant la gorge cri la gorge attendait le signal de la haine libérer la haine libérer la musique qui s’enfuit la musique rouge des mais mais qui chante la musique du cri fatigué du cri qui se fatigue d’amour fatigué de tant d’amour ce cri qui s’endort hypnotisé cette musique violente cette déflagration rouge qui envahit mes yeux cette musique qui devient chuchotement mes yeux cherchent ton visage loin soudain si loin fatigué des mots non ne plus parler se reposer enregistrer ces traces de toi, ce goût du baiser attendu, l’élan mémorisé l’élan des mains rouges ce voile rouge fatigué garder les mots doux garder l’intonation dans ma tête se souvenir de ton visage non ce visage crispé sans sourire pourtant heureux non pas heureux rouge de passion désespérément passionné plein du refus de ma passion fatiguée non ma passion se fatigue vire au rouge ennuie la boue fatigue mes jambes qui glissent péniblement au loin si loin ton visage

(…)