Poème d’air et de nature 1

Ce matin-là, j’ai gonflé des ballons, recherchant un souffle d’air dans ma vie qui tanguait, solitude, j’ai tout fermé dans ma maison, sans laisser de lettres, je n’aimais pas ce beau temps qui aveuglait les hommes d’une stupide ivresse, je me suis promené sans état d’âme, juste chercher des sons autour de soi, d’une main je retenais les ballons attiré par le ciel, de l’autre je caressais les épis de blé, je sentais cette absurde absence de vent quand mes mains ont voulu se rejoindre pour mettre un terme à cette douceur qui gagnait
(…)

d’après le photoblog Wink, inspiré de la photo Rejoicing the hands

Paysage sans ombres

J’ai marché tout droit vers la tempête, le délire des éléments, ma fièvre en noir et blanc effaçait toutes les ombres, derrière moi les sons s’accumulaient comme une menace joyeuse, la clôture ne voulait rien dire, juste une impossibilité de crier de l’autre côté alors que, alors que, alors que, alors que,

comment attendre ce dont on ne sait rien, ne plus laisser peser l’absence de couleurs, rire noir car le jaune manque, savoir attendre le retour d’un visage dans ce paysage sans reflets qui pourrait être un rêve

d’après le photoblog Filling the Frame, inspiré de la photo Alambrado

Sanguine

la bataille était tellement sanglante que le brouillard vira au rouge, à chacune de mes pénibles respirations le brin d’herbe encore vert tremblotait, je gravais cette image dans mon coeur flou, pour l’écrire un jour, échappée par-delà de la nuit qui gagnait mon corps

inspiré du Ruben’s photoblog, d’après la photo .untitled sanguine

Traces de l’expérience

Les reliefs ne disent pas tout de l’expérience, en creux il y a les désillusions que l’on cache, les traits sinueux d’apprentissage difficiles, parfois jamais acquis, les réflexes qui jouent de mauvais tours, toute une vie à déplier dans cette main ni rude ni douce, comme une page dont certaines traces sont effacées, incompréhensibles ou inachevées,    cette main a souffert mais n’a jamais refusé son destin

d’après le Ruben’s photoblog, inspiré de la photo Hands of Experience

Dans l’ombre de cette gare

J’ai rêvé mes vies, travail, passion, amour, désarroi pouvaient se lire sur mon visage à la fenêtre des trains, j’ai vu trop de paysages se construire de nos vides, le d de détruire dans nos vies, j’ai voulu fuir mais toujours la nostalgie de mon pays, toujours ces ciels uniques où il fait bon mourir à l’ombre des arbres, chaque soir, j’attends… et puis je rentre en laissant mes rêves à la gare, je ne crois plus au demain peut-être, j’attends juste la fin de la musique, celle qui me fait sourire sur le trajet

inspiré du Photoblog Denis P Photographies, d’après la photo Dans l’ombre de cette gare

La beauté d’un ange

Depuis que je suis un ange, on me trouve toutes les beautés, on me vénère, on m’aime et on prend soin de moi. Dans le calme de l’église, j’étouffe de tant d’unanimité, j’aimerais pouvoir faire peur à nouveau et montrer mon ancien visage, celui de la haine, celui de tous les crimes auxquels j’ai rêvé, celui du désespoir d’une vie chaotique. Pouvoir fissurer la pose bienveillante et se moquer des faussaires et des hypocrites… J’attends la prochaine révolution, un tremblement de terre ou un profanateur… Il y a déjà ce gamin qui vient régulièrement me faire des grimaces pendant que ces parents se recueillent plus loin… Bénis soi son impertinence.

D’après le photoblog Man with 101 names, inspiré de la photo Angelic Beauty

Dans mon oeil fatigué

A la recherche de mon esprit, je photographie mon oeil, je n’y trouve que vaines pensées et goût pour la frivolité, dans l’heure grave qui m’accable, rien del’ambiance, affliction effacée , rien du cri bloqué dans mon coeur, juste un maelström de mots, peut être inutile, trop indiffèrent aux tremblements intérieurs, pensées mal maîtrisées

mais au fond de l’oeil, le sable racle sa cornée, creusant des paysages fatigués et violents,

cette douleur insensible         au vent chaleureux             et à l’indolence de l’océan apaisé.

d’après le photoblog de Ian Bramham, inspiré de la photo Sardinia 4

Coquillages

Je ne garde que des images sépia de notre première rencontre, ton visage enfantin devant les coquillages, tes cheveux furieusement noirs face au vent, ta manière de glisser sur le sable pour éviter d’avoir les pieds mouillés, ta voix me parvenait feutrée au creux de la petite tempête, tu t’étais inquiétée de me voir longtemps immobile, je n’étais pas évanoui ni malade mais amoureux, devant mes balbutiements idiots tu avais rougis puis souris… tu avais suggéré d’aller prendre une boisson chaude… tout en marchant vers le bar, je m’efforçais de mémoriser toutes les images de toi sur cette plage… quand je les dessinais plus tard, il me manquait toujours quelque chose dont je n’arrivais pas à me souvenir, je m’en voulais de n’avoir rien pu faire, de ne t’avoir pas laissé à ta chasse aux coquillages.

d’après le photoblogue de Line Lamarre, inspiré de la photo To collect shells

traduction anglaise:

I keep sepia picture from our first sight, your child’s face looking at shells, your deep black hairs facing the wind, your way of dancing on the sand trying to escape having wet feet, your voice coming to me slowly in the little tempest, you worry seeing me motionless to long, I wasn’t faint nor sick but fall in love, in front of my idiot’ stammering you flush and go smiling… you offer to drink a hot drink… while walking to the café, I try to remember each pictures of you on this beach… when I draw it later, it miss me always something which I can’t catch in my mind, I feel guilty not to be able to do anything, not to let you hunting shells.

Le cahier du muet

On m’appelait le muet, jamais rien ne disait, mes cahiers d’écolier étaient mon seul espace de paroles, j’écrivais les pleurs qui ne sortaient pas, je dessinais les fantômes du coin de la rue, ceux qui me poursuivaient en hiver, je transcrivais mes pensées aléatoires sur ce que je ne comprenais pas, je me rêvais autre, je riais tout seul de mauvaises blagues, je cachais mes chagrins et refusais mes espoirs, on aurait dit que je savais écrire avant d’avoir appris à lire, il n’y a que l’amour que je n’ai jamais su écrire ni dire, aujourd’hui encore je le cherche à chaque phrase, je ne sais pas ce qui me manque mais cela fait mal.

inspiré du photoblog Pensées photographiques, d’après la photo Retour au travail

Tête dans la bonheur

La photo surgit au détour d’un feuilletage, ce passé me semble lointain et improbable, pourtant d’un si violent retour à la mémoire, … exalté par un sentiment de liberté, j’avais erré en écoutant mes pas et le fil de mes pensées, libéré de ma vie et prêt à en recommencer une autre, ivre des possibles, je m’étais endormi dans ce champs, je devais m’imaginer heureux

inspiré du blog Pensées photographiques, d’après la photo Ah…Oh…Mmmm