Tracé en rouge – 5

(…)

il n’y a eu qu’un bruit si fort si un bruit rouge un bruit comme ta passion qui explose sous mes mains le bruit de ton coeur enfin libre sous mes mains non ce que tu ne voulais alors que sous mes mains oui t’attendait ma passion cet amour sans limites pour toi ton visage ce visage rouge avec ses yeux bleus vides et un sourire enfin un sourire dehors un sourire dehors accueil franc ce sourire intérieur devient dehors aller enfin tu te laisse aller non t’évanouir non ne pas partir devant ce n’est que du rouge tu sais la passion ces mots  plein de joie vers toi vers toi ils ne non ils voulaient t’aimer ces mots seulement t’aimer pourquoi non pourquoi la boue le mépris ce regard le fracas de ce regard la moue oui la moue le rictus fourbe devant mes mains fuir la boue fuir devant mes mains fuir la musique de ton cri mes mots t’aimaient des doux des sucrés des mots d’amour si simples une musique simple douce pas comme la boue

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Tracé en rouge – 4

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à mes mains caressent épanouissent sous les caresses redoubler de tant de rouges caresses ton coeur passionné pour libérer la boue immobile l’attente non tu ne voulais plus attendre mais si tu pouvais attendre un pas de moi mes jambes fatiguées tu savais il a suffit d’un pas pour caresser ton corps non pas de surprise mais si tu es surprise alors que tu croyais me connaître non tu disais non à tout pourtant tu attendais ce pas un grand pas pour tes petits pas fatigués dans la boue non ce n’était pas de la peur l’attente seulement l’attente de la peur qui te faisait avait tant de passion à sourire non trop de sourires non tu avais peur un peu peut-être un peu peur que je partes avant de faire le pas attendre tu as su attendre que le sang coule sur mon visage que le rouge noircissent ma vue pour éteindre ce sourire visage sans sourire rouge de peur

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Tracé en rouge – 2

(…)violence en toi en toi la fuite sans cesse loin de la boue loin de ton coeur apeuré les yeux fermés si clos si enclos si tellement enfermés définitivement enfermés sur le chemin vers non vers non tu n’oses non non le chemin du non enfermé si clos la boue glisse tu es loin comme perdu dans ton coeur qui refuse la Lune oui dans ma main il y avait la Lune ouvre si tu ouvres la Lune vient dans tes yeux si tu n’étais pas non un coeur blessé de frayeur effrayé de sa propre frayeur arrêtes non stop tout non accordes ton coeur au petit vent aucune frayeur n’empêche la marche je tombe j’embrasse la boue nous relie non notre lit la marche te rattrape jambe blessée faiblit à ta suite le coup fut rude non partir tu me fais faire des ronds air dans l’air extrême vif des ronds vifs pour vivre marcher vivant jusqu’à ton visage non mes yeux non ne voient plus plein de sang mes yeux brouillés de rouge amour couleur passion de rage rouge ma passion pour tes yeux bleus non pas vide ils ne sont pas vides devenus vides ils sont ils le sont dans le sang marcher encore un peu loin être loin

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Tracé en rouge – 1

Traces tracer dans la boue traces de ma jambe fatiguée je tourne rond tracer un rond presque fermé je regarde ces traces fermées pas d’horizon la clôture serre mes yeux plus aucunes traces d’elle impossible de s’envoler enfermé dans ce rond la boue ralentit pèse mes yeux fatiguent savoir où aller avancer sans savoir où au hasard guetter la moindre trace je fuis elle est partie enfuie au-delà de mes yeux ne plus voir j’ai peur de ne plus voir connaître sans voir les traces fermées laissées croire que revenir en arrière rebrousser chemin suivre les traces croire que c’est possible d’effacer son chemin suivre les traces différentes avoir un chemin dans sa tête au loin devant vide de tous mouvements pas de traces pas d’elle la boue m’attire je tombe elle m’embrasse je repousse les mains pleines de boue debout à tâtons elle est loin si proche pourquoi je voudrais voudrais encore la voir encore près de moi essuyer enfin mes larmes dans son corps essuyer mes peurs encore être pour toujours avec être pour toujours violon d’âmes pluie si proche de nos promesses toutes ses promesses fuir avec elle elle a eu peur elle a dit non elle a dit non je ne peux pas tout dire pourquoi ne plus parler sans savoir que la boue me ralentit jusqu’à toi tu crois toi être loin mais tu es vue je te vois tu ne me fais plus peur c’est toi amour tu as peur de ton amour

Ce pourrait être n’importe qui

C’était avant, la soirée s’annonçait belle, il faisait doux, le barbecue préparait de la bonne viande, je regardais les gens se servir au buffet, j’étais bien, pour une fois j’étais bien, je ne sentais aucune angoisse, toute crise d’asthme semblait improbable, je participais avec avidité aux conversations, c’était avant, aujourd’hui je regarde cette photo qui me parait si étrangère à moi-même, ce pourrait être n’importe quelle famille ou soirée entre amis, et pourtant il semble que j’y étais, c’est moi qui aurait pris la photo, il semble, c’était avant, je ne sais pas ce qui s’est passé, on ne me dit rien, on veut me préserver, on me dit juste « c’était avant », je ne me souvient de rien, je sais juste que j’aimerais y être à nouveau, j’aimerais à nouveau pouvoir être n’importe qui.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Almost Everyone

la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité

la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité, la douleur étrange de ce qui devient pour un temps au moins, éternel
la photographie nous regarde autant qu’on la regarde, immatérielle immortalité qui se moque de notre vieillissement, qui nous console de l’absence mais qui ne sait pas souffrir
la photographie suspend le voyage de la lumière, juste en équilibre avant le fondu au noir et le découpage silencieux de la focale
la photographie cherche à faire danser les regrets dans notre gorge, jusqu’aux larmes
la photographie peut nous émerveiller avec ses couleurs autour de nos sourires mais elle ne peut jamais nous tuer
la photographie dépose nos souvenirs ailleurs mais l’image nous envahit jusqu’à la folie
tous les instants deviennent des images impossibles à effacer. Toujours visibles. A jamais.
la photographie n’est qu’un voile blanc derrière ce que l’on ressent.

Histoire urbaine

Je ne veux pas disparaitre comme ces silhouettes qui passent (et trépassent?) devant mes yeux. Je marche, j’attends et je cherche une expression, un visage, un corps qui désire de la couleur. L’exubérance architecturale me fait plus vibrer que le pas pressé des passants. Je photographie discrètement à la volée dès que j’entends le cri de la ville.

J’aime ce temps suspendu où tout parait si limpide. La photo a capturé ce moment intime où je fais une rencontre avec la ville, avec quelqu’un, avec moi-même.  La fille au sac blanc cherchait son chemin. On s’est croisé. Elle arrivait et cherchait à mieux connaitre la ville. Son téléphone portable la reliait à son ancienne vie. La fille au sac blanc ne connaissait personne ici.

J’existais, je n’étais plus un corps errant, j’étais une âme joyeuse qui gambadait. Son visage avait changé. Enfin elle regardait la ville. Nous marchions comme deux étrangers visitant la ville, juste de passage et cherchant à enregistrer pour longtemps les moindres détails. Nous profitions de ces instants étranges où nous faisions connaissance.

Légers et euphoriques, nous avons pris de la hauteur. Vertige ou confiance, la femme au sac blanc m’a pris le bras quand nous sommes arrivés tout en haut. Immense et coloré, l’horizon nous rapprochait. Elle versa quelques larmes en posant sa tête sur mon épaule.

« Pourquoi, il faut partir? » a-t-elle murmuré.

Hormis le brouhaha de la ville, aucun bruit pendant de longues minutes. J’étais ému et désemparé au-delà de ce que j’aurais cru. Ce baiser a scellé un nouveau charme entre nous. Il y avait une harmonie dans l’air, une paix intense et impalpable entre nos corps noués. J’ai posé l’appareil photo qui nous a doucement saisi ensemble face à la ville, ombres contre couleurs.

Comme dans un conte, la journée s’est terminée dans ce restaurant fait d’alcôves intimes avec vue sur la rue et rue qui a vu sur nous. Ces balbutiements en public donnait une impression de sécurité à nos sentiments naissants alors que la salle nous isolait du reste du monde. Les ballets extérieurs et intérieurs étaient à peine un décor tant nous étions dans cette écoute sensuelle de l’autre. La façade du restaurant se mua peu à peu en calligraphie faite de mouvements abstraits où les voix s’effaçaient peu à peu. Le cercle des mots s’est refermé sur nos corps dans l’attente d’un plus tard. De tous les compliments, il ne me reste que ce haïku prononcé juste avant le silence du dessert.

« Repas en noir
pour l’ivresse
de tes lèvres en couleur »

Ce jour-là, j’ai perdu mon appareil photo.

d’après le photoblog Digital Guff, inspiré des photos: Street Photography Osaka: Shinsaibashi ; Over Kobe 4 ; Human Bento

Histoires lambeaux

J’écoute cette musique nostalgique, comme un gout d’été avec ces accords de guitare. Je marche sur la plage, les larmes se noient dans la mer. La solitude m’assomme comme une gueule de bois. S’enivrer à la folie de la solitude puis se réveiller avec le bouche pâteuse de tristesse. Musiques électriques lancinantes qui oppressent cerveau et corps. Marcher et marcher pour reprendre ses esprits et comprendre. Le cerveau se laisse laver par l’océan agité. Le bruit du ressac et du vent éveille les neurones qui pas à pas reconstruisent du sens. Le corps détendu accélère et se laisse aller à une danse vacillante sur le sable. Le sourire n’est pas loin.

Paperoles

Je lutte contre la sècheresse de mon corps en buvant sans arrêt du thé, jasmin, wu-long, lampsong-souchan, darjeling, assam et thé vert de toutes origines mais jamais le pur-ehr. Ce goût de purin écoeure mes papilles. J’ai peur de mourir déshydraté (12)

Je regarde le ciel, le temps de tourner la tête pour identifier un bruit et le soleil a disparu. Reste la crême des nuages imprimant un bleu éternité dans mes pupilles (20)

Je sèche devant l’impératif de Facebook: que faites-vous en ce moment? (21)

Finir un livre, Naufragée de S. Estibal et Y. Vigouroux. Suis désemparé face au destin des immigrés qui risquent leur vie pour un ailleurs incertain. L’accueil est trop injuste! (31)

Je me délecte des croutes du pain acheté à l’hypermarché (33)

Je ne sais pas me moucher. Tout le monde me regarde bizarrement à chaque fois que je le fais. (34)

J’ai trop dormi dans le train entre Strasbourg et Mulhouse. La lumière du jour était hypnotisante. (42)

Tous ces paysages ont une histoire. Faut-il chercher à la connaitre? (44)

J’ai perdu mes gants en banlieue. Ils étaient tout neuf. Dans la cohue de la gare RER, quelqu’un me les a peut-être dérobé? ou sont-ils bêtement tombé par terre? Gris asphalte, tentant de marcher dessus…(45)

Je ne me rase jamais le dimanche. Question de principe. (46)

Trop sensible, certaines taquineries me blessent plus que de raison. (47)

J’aime marcher pour repenser aux derniers évènements, chercher de nouvelles idées et m’emplir de sensations à écrire. Les mots circulent dans ma tête pas après pas. L’histoire se construit au fil de l’air respiré. (55)

Pour m’endormir, je me raconte moi-même des histoires où je suis espion, super-héro, homme politique, amoureux transis, sportif hors pair,… et parfois d’autres personnages dans des situations plus (hum) érotiques… (56)

je flotte dans ces matins brumeux, ces matins ni tout à fait les mêmes ni tout à fait différents, le goût amer du sempiternel café, toujours le même, chaque fois que je traverse le pont, je suis saisis par le fol espoir qu’il s’écroule ou qu’une grande vague l’emporte, moi avec, le fond sonore de la radio donne l’illusion que c’est un autre jour mais quand je rencontre un autre habitué du pont je perds encore mes repères (66)

Je me concentre mieux avec un fond sonore doux, comme un caresse pour les neurones. Donne l’impression de flotter dans un bain chaud d’idées sauf quand les acouphènes sont là lancinants. (69)

Il y a ces films qui m’émeuvent plus que de raison, je ne veux pas en parler. (70)

sur une proposition d’écriture de Marelle Wiki Ecrit 276

Presque le printemps des sens

Le beau temps après l’hiver est la paix des sens, le corps qui revit, les yeux s’élargissent d’horizons chaleureux (ou presque), le cerveau se détend et croque toutes les perles des sensations, laisser aller la sensualité des ses et le calme des ambiances, les passants sont plus légers, les discussions aussi et les lèvres cherchent à se rencontrer.