il y avait des rêveries

Il y avait des rêveries qu’on ne maîtrise pas, quand je marche à l’aube dans Montréal vide et que je m’imagine dans une autre ville plus belle, plus sensuelle, plus lumineuse, les images se déroulent sans se superposer, je me vois à une fenêtre et le beau temps m’empêche de travailler, j’aimerais m’évader mais c’est impossible, les mots tournent en boucle dans ma tête, finir, danser avec son ombre, fuir une prison (oui mais laquelle), je me sens étouffer dans ces images qui cachent une drôle d’oppression derrière leur caractère enjoué, je marche à l’aube dans Montréal vide et gris sans savoir vraiment ce que je fais, j’hésite à me reconnaître quand un miroir se présente à moi, j’hésite à me houspiller de faire ci ou ça, je suis piégé, tout me piège et me contraint dans ces pas étrangement joyeux.
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inspiré de la série le Journal de Montréal, d’après la photo Ref.274219

Photo du jour le 6 avril 2012

Comme une longue fête de famille, les retrouvailles ont été euphoriques, les embrassades et les nouvelles fusaient dans tous les sens, nous étions ivres de nous retrouver, les enfants sont partis tout de suite jouer sur la plage, leur excitation était belle à voir, l’apéritif fut moins frénétique, nous continuons à égrainer les petits faits du quotidien depuis la dernière fois, là des travaux dans la maison, ici le voyage en Grèce, ailleurs un nouveau boulot, puis les enfants fatigués ont commencé à nous agacé et le repas n’était pas encore chaud, quelques petites piques sont arrivées, la ritournelle connue des reproches, le vin coulait à flot et les esprits s’échauffaient un peu, les grands parents avaient beau calmer le jeu ou tenter de détourner l’attention, rien n’y fit, quelques belles vacheries étaient en préparation quand un enfant a fait une grosse bêtise qui a focalisé l’attention de tous les adultes contre lui, le bouc émissaire ayant été sacrifié, le calme est revenu autour du café et puis on a dansé, l’assemblée s’est dispersée au rythme des vagues, la musique s’est faite plus calme et plus discrète jusqu’au levée du soleil, les survivants sont allés en silence au bord de la mer pour admirer le retour de la lumière.

d’après une photo de @chloecyde, photo du jour le 6 avril 2012 sur Webstagram

Photo du 31 mars 2012

J’aime ces longs moments de réflexion, je m’allonge et je laisse divaguer mes pensées, je revois toute ma journée, parfois je focalise sur un détail, je réfléchis à certains mots entendus ou à une phrase lue, j’imagine les moments qu’on va partager ensemble, forcément trop court, quand je pense à ma vie je la vois en gris ou au mieux dans un sépia brillant mais jamais en couleur, ces petits boulots de rien qui ne durent jamais, ces amis distants qui ne comprennent plus ce que je suis devenue, notre amour discontinu qui ne mène de toute façon nulle part, le temps qui refuse de me sourire, qui refuse de me faire un clin d’oeil, même un  tout petit, qui refuse de passer tout simplement, je me sens capturée dans une éternité douce amère, il y a combien de temps que je n’ai pas ri?

d’après une photo de @yupik, photo du jour le 31 mars 2012 sur Webstagram

Photo du 23 mars 2012

Si notre histoire doit commencer, ce sera ici, aujourd’hui, j’avance déterminé, une certitude inquiète m’étreint, nous sommes loin de Fukushima maintenant, je pense aux mots d’amour que je vais te dire, je pense à toi, ce visage qui m’obsède, cette aura douce et sensuelle qui se dégage de toi, cette voix qui parfois me fait frissonner, ce n’est pas notre premier rendez-vous mais je suis impatient d’être plus que ton ami et ton meilleur confident, j’ai cette faim de toi qui me donne des ailes, mon corps attend de te tenir dans tes bras, la barque glisse sur la peau de l’eau, direction le restaurant, je te caresse déjà, au bord de l’ivresse qui me donne l’illusion d’un paysage en technicolor.

d’après une photo de @endu_ungu, photo du jour le 23 mars 2012 sur Webstagram

Photo du 16 mars 2012

on m’appelait le voltigeur, j’aimais les toits et m’élancer en équilibre au-dessus du vide, le vertige me grisait et je m’amusais même à danser sous l’oeil curieux et inquiet des passants, l’été je dormais sur les pentes de mon propre toit, entre deux rêves je profitais du passage de la lune, j’admirais le couché et le levé du soleil, je respirais l’ambiance de la ville qui s’apaisait puis se réveillait plus ou mois énervée, j’étais un tagger du dimanche mais tout le monde aimait mes délires psychédéliques, je vivais de petits boulots de monte-en-l’air et de mon potager, la vie est devenue encore plus douce quand elle est arrivée, elle m’a d’abord apprivoisé avec son appareil photo, puis nous avons beaucoup contemplé ensemble les toits de la ville, et maintenant que nous vivons dans une petite maison toute simple, nous regardons sans nostalgie les photos du voltigeur avec nos enfants funambules

d’après une photo de @t_fish, la photo du jour le 16 mars 2012 sur Webstagram

théâtre du sommeil

Il y a de drôle de fin de journée, dans un état au-delà de la fatigue et jamais loin du rêve, impressions d’errer à l’intérieur de soi et qu’en écho maladif le décor se brouille de nouvelles images qui font peur ou qui rendent euphoriques, même sans boire on se sent ivre d’un ailleurs impossible et qui pourtant vient à nous, on aimerait se fondre dans le paysage, devenir une autre, et soudain tout percute et l’angoisse prend le dessus, t’embrasser en catimini dans l’oreille et s’enfuir pour garder ce goût de toi et cette image d’ailleurs

inspiré du photoblog Wingsofflo, d’après la photo théâtre pour fin de journée carousel au sommeil

il faut toujours faire une échappée

Il faut toujours faire une échappée pendant des moments de bonheur intense, fermer les yeux, écouter la musique de la rue, regarder le ciel, on pourrait alors se croire en harmonie avec le monde, on a envie que tout ce qui nous entoure soit dans le même état d’extase que soi, beau comme un couché de soleil rose, léger comme une plume de nuage, virevoltant comme l’air qui brasse autour, et soudain quand on se prend l’indifférence en plein coeur, le froid glace le corps et alors il ne reste plus qu’à espérer s’envoler loin avec la première meute d’oiseaux qui passe par là…

inspiré du photoblog Wingsofflo, d’après la photo ça piaille, ça brasse l’air froid avec l’air

comme une âme chiffonnée

ce matin des fleurs de mots ont éclos du papier, j’étais jusque là à peine plus qu’un reflet, j’avais la fâcheuse impression d’être égarée dans le monde, comme un âme chiffonnée qui attendait le rebut, je m’étais réveillée plus par habitude que par envie de vivre, j’avais bien remarqué dehors quelques belles et inattendues couleurs mais je l’avais attribué à mon état de demi-sommeil, je m’étais évadée quelques minutes dans un des nombreux livres commencés mais jamais finis qui traînait dans mon appartement et le carillon léger de la boite aux lettres m’avais sorti de mon état d’abandon dans les mots, et puis soudain cet envoi postal rayonnant d’amour par sa profusion de chatoyante, puis soudain ces fleurs jaillissant de l’enveloppe, puis soudain ces mots d’une tendresse joyeuse, ont fait s’évaporer dans un déclic toutes les inquiétudes agrippées à mon coeur.

d’après le blog Wingsofflo, inspiré du billet … déjà, il avait sonné si fort qu’elle en était…

Photo du 10 mars 2012 (Remember Fukushima)

Ma vie n’est qu’attente, j’aime méditer où que je sois, il me suffit d’un peu de silence et d’un beau paysage, je m’assoie et je ne pense plus à rien, c’est une parenthèse, un moment à moi, je rêve, je réfléchis, je me laisse aller à mes états d’âme, sans risque d’une remarque, d’un jugement, d’une compassion maladroite, je m’identifie au grain de sable qui voyage dans le désert ou à la plume qui se détache d’un oiseau, ces instants peuvent être violents quand je prends soudain conscience de quelque chose ou quand je me rappelle d’un disparu, ces derniers jours je pense au Japon, à Fukushima, le sentiment d’absurdité et de néant est encore plus intense, alors ce matin en hommage à tous ces prisonniers du rien, à tous ceux qui affrontent là-bas une menace invisible, j’ai gonflé ces ballons pour les lâcher et ainsi apaiser un peu leurs douleurs.

d’après la photo de @zenography, photo du jour le 10 mars 2012 sur Webstagram

en manque de mots

j’avais trop à dire, manquer d’air, les mots se bousculaient ou me manquaient, je n’arrivais pas à faire de photos non plus, tous ces petits riens émouvant qui se cachent sous le flou de mes larmes, quand les mots doux sont inutiles, il me reste à essayer de respirer en suivant les lignes de fuite portées par les arbres, il y a trop de reflets douloureux que j’aimerais oublier, tant d’impossibles à dire que j’efface les photos de l’appareil numérique, les mots écrits sur l’écran de mon ordinateur, ma voix devient trop faible pour être entendue, manque d’air

d’après le billet Rien du blog paumée de Brigetoun