Chemins

On passe sa vie à chercher un chemin, celui qui ne nous mène pas directement à la mort, le petit sentier de traverse où l’on pourra aimer, rire, pleurer, briser quelques illusions aliénantes,

on passe sa vie sur une route pleine de brouillard avec quelques éclaircies joyeuses, ces moments rares où l’on se sent exister, ces joyeux instants où notre regard porte loin, si proche du bonheur

on passe sa vie à hésiter devant les bifurcations, sauf ceux qui croient qu’il n’y a qu’un seul chemin, le bon, alors que tous les chemins valent par le sens qu’on leur donne, quelque soit le choix, même l’évidence, reste à construire son propre itinéraire, celui qui nous permet de garder notre sourire en plein milieu de l’hiver.

d’après le photoblog A day in a librarian’s life, inspiré de la photo on the road and the winter coming

Ma vie en morceaux, la tempête de mots

La tempête de mots est pire qu’une chaise cassée. La litanie des reproches n’a pu qu’exploser en tonnerre de rupture. Les mille brisures de notre vie imparfaite ne méritaient plus d’être recollées. Et quand le silence douloureux passe pour de l’acquiescement, nul mot ou nul geste n’y pourra rien changer. Le jardin en miettes comme trace ironique d’une illusion envolée, fragile comme du plastique bon marché. Je ne cherche plus à rassembler les débris. C’est fini. Accepter que ma vie reste en vrac, puzzle jamais reconstitué. Comment donner une cohérence à toutes mes contradictions? Ne plus ramasser les morceaux, ne pas les oublier,  ne pas les fuir non plus, simplement regarder avec bienveillance ses états d’âme.

Ma vie en morceaux 3/3
d’après le photoblog head full of sky, inspiré de la photo broken

Ma vie en morceaux, la tête dans les étoiles

Ma vie en morceaux, la tête dans les étoiles
(s’est (soudain) cassée)

Dans ma vie en morceaux, j’avais parfois la tête dans les étoiles, ces moments de grâce où le temps s’arrête. Ma fille qui danse dans la neige, les pas plus légers qu’un flocon, si léger qu’elle pourrait s’envoler tel un nuage en forme de sourire. Dans ces parenthèses ouvertes sur l’insouciance, je ne trouve rien à dire. Ce silence est pris comme une menace. Alors que je commence à me détendre et que je succule la joie, me voici sommé de remarquer, de dire et d’exprimer cette fois quelque chose au lieu de cette expression indéfinissable, ce visage rabat-joie et cette attitude limite angoissante. Cela sera bientôt de ma faute si toute cette beauté vient à se casser.

Ma vie en morceaux 2/3
d’après le photoblog head full of sky, inspiré de la photo happiness

Ma vie en morceaux 1

J’ai passé ma vie à rassembler les morceaux. Je voulais être quelqu’un de joyeux. Je voulais qu’on soit jaloux de ma joie de vivre. Mais un jour, j’ai glissé sur un grain de sable. Quelque chose d’anodin. Ma vie s’est mise à déhancher du mauvais coté.  Plus rien n’avait de goût et j’attendais. Travail, mariage et enfants donnaient une belle apparence. Alors que tout un tas de petits riens griffait la peinture ripolinée de mon quotidien. J’avais toujours une petite maladie sur le feu mais rien de grave qui attire l’attention. Même si le moindre imprévu me déstabilisait, je continuais à m’accomoder et, surtout, à rêver.

Ma vie en morceaux 1/3
d’après le photoblog head full of the sky, inspirée de la photo I be fixin’it

Il y a des paysages qui font peur

il y a des paysages qui font peur, l’infini  n’est pas accueillant, le vide tel un ennemi paraît déjà rempli, même les nuages n’offrent aucune échappatoire les yeux fermés il n’y a que la couleur pour repousser le cauchemar.

douces ombres

c’est reposant d’être une ombre, léger reflet qui passe sans y penser, j’effleure tout ce qui m’entoure sans jamais provoquer de blessures, les plus inquiets ont peur de moi alors que l’ombre n’est que douceur, juste une impression flottante, parfois sucrée, parfois amère, qui traverse vos vies et quand le soleil n’est plus, je m’évanouis

d’après le photoblog A day in a librarian’s life, inspiré de la photo the swimming shadows

C’est fait

Je me sens vide, tous ces mots déposés sur une page blanche, ces mots enchaînés au monde, le noir a glissé si vite de ma point Bic, j’avais la rage et pourtant tout s’envolait avec légèreté, l’évidence de la méchanceté, je ne voulais pas entrer dans cette spirale, je n’en pouvais plus, je devais tenter ce cri, mettre un peu d’ordre, trouver peut-être ce qui me fait si mal, cette douleur invisible comme une peur idiote d’être un peu plus qu’une silhouette au milieu du bruit et de la fureur, j’ai tracé sur ce cahier des lignes clairs, dessiné un fragment de moi, si seulement je pouvais comprendre avant qu’il ne soit trop tard.

d’après le photoblog A day in a librarian’s life, inspiré de la photo Done

Sombre

De halo en halo, je marche sans voir une seule ligne d’horizon, je sombre dans ce labyrinthe et le pire est que je ne cherche rien, je marche et j’attends juste le prochain halo de lumière, je n’ai même pas l’espoir de trouver la sortie, de respirer à nouveau à l’air libre, de rencontrer quelqu’un ou qu’il y ait à nouveau un halo de lumière, je marche sans rien voir sans but, je suis de plus en plus fatigué, je tourne peut-être en rond dans ce tunnel noir et sans aucun son, et comme je suis muet, je ne peux même pas vérifier si je vis encore en criant, je suis certain de ne pas rêver, je ne cherche pas à me réveiller, je marche droit devant jusqu’à la fin

La photo At the Batcave vient du Tumblr de Lionel Dujol

Flamme

Je regarde cette flamme, elle brille sur mes mots, quelques douleurs mais aussi des phrases qui rient, ces poèmes des jours heureux où je n’attendais plus rien de la vie, je regarde cette flamme et j’attends mes souvenirs, le premier plan est toujours faux, le premier plan efface les sentiments laissant qu’un flou de sensations indicibles, je regarde longtemps sans me laisser hypnotiser et les souvenirs reviennent

d’après le photoblog l’objectiva fotografica, inspiré de la photo Que no s’apagui mai la flame.