Mars incertain

Un ciel lumineux léger en nuage
Sous le soleil des fleurs blanches
j’aimerais croire au retour d’une vie trépidante
mais les contours de mon corps restent flous
impalpable mer de nuage
qui aveugle mon monde sépia et instable
plus vide qu’une bulle d’air

d’après les photos de Claire Sloan, inspiré du la série Diary – march 09

Dans un fauteil

Est-ce que ma vie n’a tenu qu’à un fauteuil? Je me déformais à petits feux dans le mien tout en rêvant à celui du grand patron, fantasme d’un siège solide où l’éternité vennait à toi sans aucun effort à faire,
quand la vie s’enfuyait de mon corps, j’étais venu laminer mon bureau puis mon étage, puis… je déchirais des petits morceaux de papier peint, je cassais ce que ma force me permettait, mon couteau faisait des merveilles, un cadeau de maman,
quand la fatigue était trop forte, je regardais la décrépitude envahir l’immeuble et j’attendais l’affection opportuniste pour enfin me délivrer de tout ce qui me ronge, pire encore que la maladie

d’après la série « The Ruins of Detroit » de Yves Marchand&Romain Meffre, inspiré de la photo Donovan Building.

Jeux graves

Nos jeux et nos folies s’entrechoquaient sans penser à demain jusqu’à ce que la ruine affecte peu à peu nos lieux de luxure laissant pantois ces objets si rassurants, notre vie belle, et nos corps trop légers dans les gravats s’évanouissaient tout doucement dans la lumière… parfois par beau temps il nous est permis de repasser quelques secondes, dans le rayon de lumière, damnation éternelle de voir la décrépitude inexorablement gangréner notre passé.

d’après la série « The Ruins of Detroit » de Yves Marchand&Romain Meffre, inspiré de la photo Ballroom, Fort Wayne Hotel

Musique désarticulée

Il y avait ces moments de grâce où assis devant le piano mes mains appuyaient sur la mélancolie des auditeurs, les larmes glissaient généreusement sur les visages de mes geôliers, je riais des sous-entendus et des aveux de ma musique, ma langue avait finis par ne plus me manquer, ils n’avaient pu m’arracher que cela, leur tortures et leurs humiliations n’étaient qu’un ersatz des bouleversements du monde fuyant sa ruine, les mots étaient devenus si vains face au désastre, il m’a fallu à peine quelques semaines pour les amener au désespoir, à cette rage de tout détruire autour d’eux et… j’ai souris en sentant mon corps se désarticuler sous leurs balles.

d’après la série « The Ruins of Detroit » de Yves Marchand&Romain Meffre, inspiré de la photo piano

Mon oeil surréaliste

Entre deux moments surréalistes, je n’arrivais plus à rêver l’autre coté de la porte, cet au-delà de ma vie faite de scotch plissés et informes, tout est cassé en moi sans ces songes si sensuels qui décrispent ma mâchoire, si demain la porte s’ouvre est-ce que je reconnaitrais mon oeil?

d’après le photoblog More Reveries, inspiré de la photo Eye

Sous le ciel écoeurant de Bay City

Sous le ciel écoeurant
de son inexistence
aucun envol mécanique
aucune chute salavatrice
aucune errance mystique
ne sauve celle qui a tout brulé
à bout de force de
mourir de ne pas oublier
étouffée par ses fantômes

à propos du livre Le Ciel de Bay City de Mavrikakis (Sabine Wespieser Editeur)

dont mon compte-rendu de lecture est à lire ici