La promenade du viel homme

Collage autour de BergsonJ’avais écrit toutes ces lignes et je marchais ce matin-là fort des mots étranges qui avaient envahi mon esprit. La ville en devenait floue. Je ne voyais plus très bien les gens autour de moi. Il me semblait qu’on me regardait comme quelqu’un de suranné. Tout était vertige, sensation tortueuse d’être loin de tout. Il y avait cette arcade soutenant un pont à jamais désert, y compris par les animaux et les plantes. Le Pont Maudit était son surnom…

J’entendais un peu la rumeur du monde, ce malstrom de bruits et de voix, la symphonie d’un monde hyperactif. Sortir ma montre à gousset semblait installer comme une pause surréaliste. Je traversais avec indifférence brouhaha et hyperactivité jusqu’à mon salon de thé. Je compris que c’était le début de ma fin quand je vis, posé sur la vitrine : « Fermeture définitive »

Cauchemar

Cela aurait pu être un mauvais rêve, juste un délire pour se faire peur, mais non, mais non, mais non, c’est le spectacle de ma folie, le film détaillé de mes angoisses, des pensées insensées, la peur panique de m’envoler, de passer

au-delà

d’après le photoblog de Franscico Diaz, inspiré de la photo Pesadilla

Les mots sédimentent

Au fil des saisons, les mots s’accumulent
une couche épaisse et silencieuse
ils sédimentent

régulièrement je tamise
pour éviter la pourriture complexe
la noble sert parfois aux phrases les plus sombres

quand l’informe me pèse
je les saisis à pleines mains
composant des tableaux apaisants

impossible désordre
tout ce qui se dit sans conséquence
sans penser aux mots qui ont mal.

d’après le photoblog de Francisco Diaz, inspiré de la photo Winter leaves

Accroché

Fuyant l’impasse du vide
l’homme s’accroche à sa vie
toujours plus haut
minérale vanité
se croire plus fort que
celui qui contemple
immobile rêveur de sommets

d’après le photoblog Jennifer Colby Photography, inspiré de la photo My Man

Tourbillon

A la surface du coquillage
la couleur émouvante
balbutie sa caresse de lumière
soyeux halo
amoureusement impatient
dans l’attente du retour
au creux de soi
de son habitant.

inspirée du photoblog Jennifer Colby Photography, d’après la photo Swirl

Pensées lointaines

Hypnotisé par cette beauté minérale
immuable regard passé, présent et futur
où tente de s’incarner dans ma tête
fureur
les pensées floues
de lointaines élucubrations

    qui voudraient s’associer

cherchent à combler l’incompréhension

statue qui me dévore

inspiré du photoblog Jennifer Colby Photography, d’après la photo Reflecting

Saison

Petit à petit mon regard s’est fixé sur cette feuille, hypnotisé, je suis devenu feuille, prêt à s’envoler au grè du vent ou des souffles de conversations, balloté contre l’air, les corps, les arbres, les pierres, léger bruissement aussi frêle qu’indestructible mais un jour se déposer si usé et attendre un autre regard qui vous donnera la mort.

inspiré du photoblog de Xavier Rey, d’après la photo Saison (Bordeaux, France 2009)

Reflet

Il a suffit d’un clignement
cette fraction de seconde où l’oeil respire
pour que le désastre arrive
un rayon de soleil enleva la vie d’un arbre
prisonnier jusqu’au dessèchement d’une flaque d’eau

d’après le photoblog de Xavier Rey, inspiré de la photo Reflet ( St Lunaire, France, 2008)

Chapeau

Dans tous ces reflets, rien n’est perdu
ce n’était pas un rêve, il en était sûr
sa tête n’avait pas disparu sous lui
Il n’avait plus ses repères
trop fier d’attirer l’attention
sur son allure de chapeau
chapeau entendait-il à tour de bras
engloutis par le miroir des compliments
à lui-même, il se ment
et cherche la matière de son identité

d’après le photoblog Les Particules Etranges, inspiré de la photo Le Chapeau dans la voiture