Souvenirs nocturnes

Si beaux souvenirs, la nuit n’était pas enchantée mais les façades enjôleuses sous les lumières, artifices cachant des attraits plus violents et sulfureux, toute la ville conspirait à endormir les visiteurs occasionnels, englués dans la fascination ils se noyaient joyeusement dans les furieuses zones d’ombres, quand ils ne mourraient pas, le passant tremblait de s’y risquer à nouveau, définitivement dépendant.

d’après le photoblog Morris Taub Exposed, inspiré de la photo Nightlife

Flots d’hiver – Winter’s floods

Le flot d’hiver fondait lentement
assis, je regardais longtemps,
fuir mes pensées
accrochant à ce coffre abandonné
un flot d’histoires
délicieusement tourmenté.

english

The winter flood disolved slowly
seated, I looked long
vanish my thoughts
hanging to this deserted coffer
a flood of stories
delightfully tortured

from / d’après le photoblog Morris Taub Exposed , inspiré de la photo Flood

Savoir pleurer – Be able to cry

Savoir pleurer

Le coeur a besoin de pleurer
sinon ce n’est qu’un muscle évidé
qui bat à peine
dans un corps sans contraste,
moins qu’une trace
morne vie
sur cette photo grise

english

Be able to cry

The heart need to cry
or else it’s a empty muscle
which beat hardly
in a body without gradation,
less than a trace
a gloomy life
on this grey picture

From / d’après le photoblog de Morris Taub Exposed, inspiré de la photo Weather

Crunch

Le futur s’écroule dans ma tête, je ne comprends plus rien, le paysage qui m’entoure est étrange, que fais-je ici loin de chez moi, loin de mon travail, est-ce que je fuis, ma vie est vide,  le travail m’oblige à répéter une litanie douloureuse, plus d’argent, plus de travail, vous ne servez plus à rien mais rester encore un peu, on ne sait jamais, si ce n’était qu’une mauvaise passe, oublier vos primes, votre salaire est réduit, soyez solidaire, c’est un strict minimum, faites un beau geste, ma femme ne sait plus quoi me dire, je me plains tout le temps, je suis exécrable, mes tous jeunes enfants -mes jolis coeurs- n’osent plus m’approcher, je suis leur grand méchant ogre, j’ai le vertige quand je vois la peur dans leurs petits yeux innocents, les objets m’en veulent, ma voiture, mon ordinateur portable, mon téléphone mobile, tout conspire à me nuire, je cours loin des tracas, prenant le métro au hasard, les gens sont bizarres et leurs regards angoissants, sortir pour respirer un peu d’air non-hostile, mais le paysage est dangereux, il m’en veut, que faire? où fuir? Non, le téléphone sonne, c’est déjà l’heure? Perdre sa liberté pour si peu, il n’aurait pas fallu, c’était inévitable.

d’après le photoblog The Rip, inspiré de la photo crunch

Tracé en rouge – 12 et fin

(…)

dans sa tête son visage disparu oui inventer contre la douleur la fatigue son visage le visage surtout le sourire de celle qu’il aime surtout les mots enfin et par dessous tout il imagine il rêve il s’extrait du rouge par dessus tout il rêve des mots enfin des mots heureux qu’elle lui dit c’est doux il entre oui il entre à grands pas dans ce pas d’elle vers lui ce pas qu’elle fait avec sourire marche spontannée prémisse du bonheur premisse de la logorrhée d’amour il rêve de ce bain chaud apaisant un bain doux qui doucement délivre de l’attente oui pas à pas il peut sourire en rêvant d’ailes qui s’envolent loin dans le lointain non pas vers elle non pas se souvenant d’elle non pas à sa recherche mémoire essayant de se souvenir de son visage fatigué sans sourire non pas les yeux rougis de désespoir non avec l’espoir non avec l’attente non avec la lune qui brille sur l’infini non ses ailes s’envolent vers le lointain loin de la déflagration du cri de la douleur à la tête qui fait mal le rouge qui aveugle ses ailes voient le lointain ses ailes battent l’air vif ses ailes s’envolent fermement joyeuses ses ailes s’envolent enfin avec elle avec son sourire avec son visage plein de mots des mots que pour lui des mots avec elle.

(fin)

Tracé en rouge – 11

(…)

il n’y a plus le lointain l’attente de ton visage qui surgisse de tes cheveux non tes cheveux n’ont plus de couleurs ta main fatiguée d’avoir crié abandonne épuisée rouge quelque chose du flou rouge tombe à genoux mon corps il tombe il imagine qu’il tombe il se souvient qu’il t’imaginait espérant sa venue il se souvient des mots plein d’espoir des mots doux fabriqués pour toi il s’imagine à nouveau ces mots disparus il y avait de l’élan où des mots plein de pas vers toi des mots ayant décrochés la lune il s’imagine tendant ses mains vers ton sourire il ne voit plus tomber être dans la boue épuisé son corps vide se vide s’épuise à respirer rouge il y avait du rouge dans ses yeux ou dans sa tête il a vu rouge il y a eu un cri dans sa tête non un cri déflagration dans son crâne lointain dans le lointain elle une lointaine déflagration son visage a fui depuis avant son visage s’efface de sa mémoire il ne peut qu’imaginer oui respirer

(…)

Tracé en rouge – 10

(..)

s’efface écho de ton cri fatigué lugubre désespéré je suis désespéré de ta haine ton élan heureux devenu haine déflagration joyeuse de ta peur déflagration de ton visage crispé incapable de bonheur appelant le bonheur non voulant le bonheur oui le bonheur le bonheur du cri destructeur loin si loin ce cri fatigué ce rouge qui efface ma mémoire la mémoire de ton visage encore un peu dans ma tête grâce aux mots pas ceux d’amour non ceux d’amour sont fatigués définitivement épuisés comme mon corps à genoux dans la boue mon corps grelottant froid mon corps épuisé d’absence mon corps sans mots attendant tes mots mon corps à genoux perd la mémoire de toi à peine les contours du visage plus imaginés que tracés du réel j’imagine les lignes de ton visage, tes yeux en amande tes yeux bleu vide j’imagine avec peine ton sourire j’entends ta voix sans mots ta voix fatiguée à genoux tes mains non ta main est rouge mes yeux ne voient plus rien

(…)