la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité

la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité, la douleur étrange de ce qui devient pour un temps au moins, éternel
la photographie nous regarde autant qu’on la regarde, immatérielle immortalité qui se moque de notre vieillissement, qui nous console de l’absence mais qui ne sait pas souffrir
la photographie suspend le voyage de la lumière, juste en équilibre avant le fondu au noir et le découpage silencieux de la focale
la photographie cherche à faire danser les regrets dans notre gorge, jusqu’aux larmes
la photographie peut nous émerveiller avec ses couleurs autour de nos sourires mais elle ne peut jamais nous tuer
la photographie dépose nos souvenirs ailleurs mais l’image nous envahit jusqu’à la folie
tous les instants deviennent des images impossibles à effacer. Toujours visibles. A jamais.
la photographie n’est qu’un voile blanc derrière ce que l’on ressent.

Où est passé la joie?

Sur ces lambeaux de mur
mon enfance se lézarde
finis le délire des parties de cache-cache
ailleurs les petits plats de maman n’ont pas la même saveur
ne plus pouvoir chanter à tue-tête du rock débile
avoir peur quand la maison est vide
où est l’insouciance à ouvrir les volets?

L’absence à tout démolit
y compris mes souvenirs.

d’après le photoblog Life through a Lens Stu’s blog, insipiré de la photo untitled du 16 oct. 2008

Il suffirait d’attendre

Je suis fatiguée d’être triste, je m’ennuie, je marche dans ce parc tous les jours mais je m’ennuie, je suis seule, je pleure à perdre la raison, je cherche peut-être l’âme soeur mais je ne supporte pas la vie à deux, je m’ennuie et pourtant la vie bouillonne autour,

il suffit d’entendre tous ces bruits et ces paroles faire une cacophonie brouillonne, je suis fatiguée mais j’attends un regard, un signe pour m’extraire de l’ennui, un sourire et même quelques mots, le sage dit d’attendre et pourtant c’est insupportable

d’après le photoblog Life Through a Lens Stu’s Blog, inspiré de la photo Knackered

Pétrification

Tout mouvement est danger de mort
L’oxygène ne manque pas
mais le corps n’ose plus
absorber l’extérieur
bouger et ressentir
même la parole
les odeurs
l’air

pétrifie

Ma ville est irréelle

Quand je regarde la ville
quand je fonds en elle
Je ne sais plus

ce qui est réel et ce qui est irréel
cet enfant qui meurt de faim, sur l’affiche
ce passant qui ne sait où il va, sur le trottoir

ce qui est important et ce qui ne l’est pas
ce film qui me promet, une belle histoire
cet ami qui bavarde, une belle déprime

ce qui m’émeut et ce qui m’indiffère
ce joli mannequin qui irradie, dans la télé
cette belle vendeuse qui me sourit, derrière la vitrine

Quand je regarde ma ville
quand je me fonds en elle
je ne sais plus
qui je suis
réel ou irréel.

d’après la galerie d’Elaine Vallet, inspiré de la photo Chantier