Douche bleue

Je voudrais que ma vie ait un air de fête
foisonner de lumière dans ma tête
effacer les bleus du rire,
je voudrais peindre ma vie en espoir
non en griffures violettes
délicates blessures successives,
chercher la prise,
allumer un peu de vivre
être touché jusqu’aux fibres de mon coeur
je voudrais    …trembler… quand elle arrive.

d’après le photoblog petermartin.dk, inspiré de la photo light showers

Violente harmonie

Sa musique dans la rue comme une bulle de violence, la beauté tonitruait dans sa trompette, son souffle en folie décrivait les courbes sensuelles qu’il croisait, ses notes ornaient le beau soleil de rayons joyeux, ses délires crescendos oudé-crescendos faisaient rires les passants, les notes tenues perturbaient ceux qui étaient retranchées derrière leurs baladeurs, son ivresse contestatrice avait gagné plusieurs habitants d’Aars et des instruments sortaient de tout les cotés accompagner ces pérégrinations dorées, sans respiration la ville virevoltait sous l’assautcacophonique avec un entrain révolté… alors il posa dans un silence sec son instrument sur le bitume, il n’a pas bougé depuis, symptôme d’une harmonie vibrant dans la cité.

d’après le photoblog de petermartin.dk , inspiré de la photo Sunny Silver Trumpet

Dents de pierre

Folie dans un son
craquement de pierre
mon cerveau perd ses repères
crac in-localisable
ce bruit inlassable angoisse ma gorge
désorienté, il faudrait tout casser
faire cesser ce gris qui rouille mes yeux
mon horizon étouffé par le son
quand je tombe avec délice dans ce brouillard
enfin tout cela s’arrête
à part une petite douleur
si fine, trop fine
si petit sentiment d’exister encore
quelques secondes

d’après le photoblog de petermartin.dk, inspiré de la photo Teeth crushing rocks

distorsion

Je me perds dans les images distendues de mon miroir, impossible d’y être seul, mon reflet perdu au milieu d’images lancinantes quifaseyent et effacent mon visage, impossible de s’incarner, les paysages, les objets, les photos, les évènements, les moments sont incertains, se succèdent et décèdent implacables, ce kaléidoscope est plus rapide que la pellicule d’un film, enchaînement effréné des fragments, impossible superposition de ma vie, je voudrais que tout s’arrête le temps d’un clic.

d’après le photoblog de Jon Swainson, inspiré de la photo distorsion

Micro-fictions

1/ Premier coup de soleil de l’année

Brisé dans mon élan laborieux par le franc beau temps d’aujourd’hui, je me suis assise sur un banc face au Rhône. Les gens marchaient très vite comme des animaux fuyants quelque menace. Les voitures s’affolaient sur le boulevard, qui à la recherche d’une place, qui pressés de quitter ses lieux, qui emporté par le courant. Le soleil piquait chaque pore de ma peau, réveillant une délicieuse sensation de farniente. Mes yeux se fermaient. J’imaginais la plage avec lesploufs , les bruits de raquettes, les cris d’enfants, les pages de livres effeuillés, le craquement des petits lus ou alors le pont d’un bateau avec le vent, le tintement des fils, l’écho léger du ressac, les conversations feutrées, les ronflements et lesslurps de café bien chaud. Les bruits de Lyon devenaient lointain. Tout ce que je devais faire de manière indispensable devenait soudain idiot. Vain! Mon corps s’engourdissait sous les rayons du soleil. Enfin, je pouvais me laisser aller. Ne plus lutter. Tout ces efforts n’ont plus de sens. Attendre jusqu’à sentir la brûlure du coup de soleil. Pouvoir regarder à nouveau dans la glace son visage rouge sans penser aux conséquences.

2/Frénésie d’achats
Journée de l’emmerdement maximum: l’ordi qui plante, la collègue malade, que des super urg. pour avant-hier et même before, le boss infect et les gamins grognons… C’est la pause de midi et j’ai décidé de décompress un max… Je fonce faire du shopping. Mes yeux clignotent de pleasure devant ces étalages de bijoux, de fringues et de bouffe. Je commence par un maxi-burgeur frites et pleins de sauces sucrées puis un glace hagen… Ce collier est trop top! Il brillera extra sur ma peau bronzé de miel. Je louche et craque pour ce cache coeur abricot, trop tendance dans lewind. J’essaie un pantacourt qui valdingue sur la vendeuse qui se fout de ma gueule en insistant alors que je vois bien qu’il me boudine. Mais alors cette robe en lin et froufrous dans tous les sens me colle sensuellement au bonbon. Voilà de quoi faire enrager lescops. J’apprécie déjà dans la boutique le regard des mecs. Woah! Je suis reboosté à donf. Quand je back au bureau, il y a tout un patacaisse de pompiers et de gens agglutinés. L’immeuble du boulot y burn… cash! Bien fait pour le boss… A force de speeder les gens, y font de conneries… J’espère qu’ça va remettre les swatchs à l’heure… Il était pas d’dans au moins?

3/Les Aigles

Ils sont beaux les aigles. Maman secoue machinalement la tête. Elle choisit un melon. Elle m’a déjà expliqué que c’est important de bien choisir ses fruits et ses légumes. Il faut faire en fonction de la vue, du toucher, de l’odeur -l’idéal serait de pouvoir gouter mais c’est interdit à ce qu’il paraît- et de quand on veut les manger. Elle parle comme la maitresse dans ce cas-là , ma maman. Je comprends pas tout mais je hoche la tête pour pas la fâcher, comme avec la maitresse. Pendant que Maman se concentre sur les melons, moi je fixe les aigles. Le dresseur m’a vite repéré et me fait signe de ne pas bouger. Il pose l’aigle sur son gant, me désigne et projette son bras vers moi. L’oiseau prend son envol avec une lente détermination vers sa proie. Maman se tourne vers moi pour dire quelque chose… aperçoit l’aigle… crie… fonce entre lui et moi avec des bras comme fous… l’oiseau dévie et monte vers le ciel. Je regarde l’oiseau qui vole loin, très haut, disparaître. Maman me serre dans ses bras en tremblant. J’ai pas tout compris. Maman non plus. Elle ne sait pas que je suis partie avec l’aigle, loin, très haut, mais je ne sais pas comment disparaître. J’aimerais apprendre. Je demanderais à la maitresse. Cela sera ma première question. Elle sera contente la maitresse qui se plaint sans arrêt que je ne dis jamais rien. Vivement demain.

Lignes de fuite

Paix a-plat
j’ai le goût de la couleur plein les yeux
barrières imbrisables
la fuite finit toujours    fondre
immobile le mirage attend son miracle
l’heure riche fusion de la mer et du muage ou nuage ou marécage ou
le ciel respire l’eau en ligne brisée
c’est trop vide pour être vrai
peur
prisme panique
de l’espace découpé en traits droits, délimités
dangereux
j’attends le dégradé de gris
souffle de ma joyeuse folie
mon corps dissout déjà dans tous les sens,   di s so   cia tion
svp, ne capturez plus d’images
plus d’images

plus

d’après le photoblog de Jon Swainson, inspiré de la photo Lines

neurophobie

tremblant écho

le souffle peine
un lamento cherche sa respiration

casser, refuser, couvrir la stridence insidieuse
non éloigner l’illusion du vent
chercher le chant qui feule
l’imperceptible signe de vie

non rester éveiller et se méfier
le souffle peine
un lamento cherche sa respiration

brisures sonores entêtantes

non ne pas tomber
se préparer au combat
comment reprendre son souffle
alors que le corps s’abandonne d’avance à

fascination d’une cacophonie animale
paisible lointain chaleureux
un lamento peine
un souffle cherche à reprendre ce que

le tremblant écho vole
combat fasciné des brisures essoufflées
reprendre ce que


inspiré de l’album Neurophobie de M.Alexis.M , d’après le morceau vieux lugo

(Il s’agit d’une tentative de diversifier mes sources d’inspiration. Je pars de musique concrète ou accousmatique et je rédige le texte en écoutant un morceau Celui-ci est en écoute libre sur Jamendo. Je n’ai pas réussis à insérer un player pour vous permettre de l’écouter directement depuis le site. Dès que possible.)

délavée

le temps affadi est cette couleur enclose qui rouille, clôture de l’horizon qui fond en poussière, lavage après lavage nos espoirs se décapent, certains rires s’incarnent de bois, d’autres bouts de vie ne sont plus que des touches à peine colorées, nos peines sont profondément incrustées dans la matière, échardes saillantes visant notre corps fragile, pouvoir étreindre les chairs teintées avant de s’éteindre, extinction de toutes les couleurs, la main s’approche pour résister au délavé

d’après le photoblog de Jon Swainson, inspiré de la photo Time Capsule

manège

j’efface à l’acide les traces de mon enfance, pénibles qui explosent dans la bulle des cauchemars, flous qui s’étiolent dans l’incertitude entre impossible et invention, les douloureux cassés par les médicaments et par le refoulement >>> l’oubli,

mais les joyeux s’accrochent comme de magnifiques photographies couleurs bronzées, et partout où l’on passe impossible d’y échapper, objets ou personnes vous rappellent perpétuellement les beaux moments, les anecdotes heureuses, les heures privilégiées sans soucis et sans préoccupation du lendemain,

les traces joyeuses s’incrustent par tous les moyens possibles, insupportables mémoires sans cesse réactivées par le plaisir, étouffements pénibles sur le

bonheur obligé, chercher sa respiration effacer
annihiler seule
solution brûler traces avec
acides tous azimuts évacuer par la dissolution intentionnelle
criminelle décomposer brutalement une à une les composantes essentielles
regarder blanchir son passé
cheveux de l’aveuglement être de
passage vers

inspiré du photoblog Still Mood, d’après la photo Manège

part invisible

noir jubilation
le jouet brille
plume d’oeil à mes rêves
histoires qui se hissent entre   …
et ma main
tissage secret d’une vie sans cesse reconstruite
ne jamais vouloir s’endormir
de peur de ne plus pouvoir imaginer soi
cette part invisible
qui échappe au photographe
quand demain la lumière éclairera aussi le visage

d’après le photoblog Still mood, inspiré de la photo Enfance…/Childhood