noirceur

étouffer par les lignes de force, je marche à l’aveugle dans ce couloir, tétaniser par les ombres, je tremble pourtant sous les regards, aveuglé par le noir, j’ai peur du chemin, asphyxier par le grain de l’atmosphère, je respire mes cauchemars, affolé par le silence, je voudrais ne pas courir, épuisé par ma course éperdue, il ne me reste plus qu’à photographier sans fin ce rêve de noirceur qui va peut-être m’engloutir.

d’après la photo Darkness du photoblog chambrenoire

vague à l’âme

ma peau est une écorce translucide
fragile comme un nuage
qui refuse toute lumière
son coeur noir soupire
il y a toujours de l’espoir
sa solitude blanche est une vague
qui n’attend plus rien
le gris s’effilochera
déchiré par les branches humaines
respirer encore
à plein tonnerre
l’épaisseur du monde.

d’après la photo Waves of cloud du photoblog chambre noire

Ma prison sépia

Je pense aux couleurs
je cherche des mots
Je marche dans l’oubli
Je ne sais plus rien
Je marche invisible pour mes yeux

Je pense parfois être enfermé
Je cherche le son de ma voix
Je marche dans une image sépia
Je ne sais plus rien
Je marche invisible pour mes yeux

Je pense parfois aux fous
Je cherche le goût de mes repas
Je marche sur un pont sans paysage
Je ne sais plus rien
Je marche invisible pour mes yeux

Je pense aux barreaux de la fenêtre
Je cherches les plaies sur mon corps
Je marche sur une ombre
Je ne sais plus rien
Je marche invisible pour mes yeux

Je marche dans ma prison
il faut des mots
pour regarder son voisin
mourir de ne pas mourir

D’après la photo Prison du photoblog chambre noire
(dernier texte d’une série inspirée de ce photoblog)

Traverser le miroir

Depuis trop longtemps le miroir m’intimide, je reste de l’autre côté du guet, depuis trop longtemps je ne vois plus les couleurs, je me suis évanoui dans la blancheur lisse, depuis trop longtemps j’aime la transparence, j’avance sans points de reflets sur la glace, depuis trop longtemps je suis confortablement invisible, je regarde avec stupeur surgir les aspérités, depuis trop longtemps ces rochers alourdissent mon âme, depuis trop longtemps l’espace est vide, j’entends craqueler la banquise de mon univers, depuis trop longtemps le feu des doutes voudrait que je traverse, depuis trop longtemps je ne veux plus tourner en rond, je marche en découvrant l’écho de mes mots…

d’après la photo ….. du photoblog Chambre noire

deuxième texte d’une série inspiré de ce photoblog

Ombres d’enfance

Les feuilles chantent mes peurs
l’enfance qui panique devant les ombres
elles ne s’envolent pas
reflets coupant qui cachent des monstres
toutes ces menaces repoussées par des cris
le couchée de soleil, c’est l’horizon des incertitudes
soudain n’être plus nulle part ailleurs
qu’avec sa solitude de tout petit enfant
et le silence des silhouettes métalliques

d’après la Photo Shadows du photoblog Chambre noire

premier texte d’une série inspiré de ce photoblog

croire et chercher à croire

croire que la douleur s’évanouie d’une simple pénitence, croire que le désir s’enfuit d’une simple prière, croire que la folie s’envole d’une simple abstinence, croire que la pierre sacrée rayonne de bienfaits, croire que prêcher suffit à effacer les pêchés, croire qu’il faut croire plus que les statues immuables, croire que la foi n’est pas une chaise vide, chercher à croire que ce qui s’envole nous sauvera, chercher à croire que les ombres ont des espoirs, chercher à croire qu’il suffit de chercher, attendre de croire que tout est perdu.

d’après la série La Suite d’Arles (2OO3) de Corinne Mercadier

(fin provisoire de ma série inspirée par les photos de cet artiste)

Carré lunaire

Demain c’est la fin du monde, ou peut-être après demain, nous sommes les derniers hommes, nous avons accomplis notre dernier voyage vers la mer, l’origine du monde, le crépuscule permanent est extraordinairement éclairé par la Lune, nous ne parlons plus, chacun remâche en lui-même sa vie, ses souvenirs du monde disparu et sa peur de mourir, je griffonne ces quelques mots au dos du Polaroïd, ma dernière vanité.

d’après la photo Carré lunaire 1 de la série Longue Distance de Corinne Mercadier

huit envolé

Non, je ne suis pas un ange
Juste un huit qui a un âme
On me croit infini
alors que je voudrais juste
m’envoler
respirer une fois
la vie des cieux
pour ici
transmettre son mystère.

d’après le huit envolé de Corinne Mercadier

(début d’une série inspirée par cette photographe, découverte grâce à Marelle)

Froid horizon

Marcher dans l’horizon froid
Ma vie sans vent s’achève
Herbe desséchée qui attend
Je guette au-delà des formes

La vague blanche est une bouche glacée
Surgissant témoignage de mon errance
qui n’est plus qu’un tremblement

La peur bleue a palit, laissant
libre de toute exclamation
le point final de ma ballade

Ma vue efface progressivement le lointain
Le flou s’enfonce dans mon crâne
déficience menacante de mes facultés
Bientôt, je saurais à peine où je suis

d’après la photo Spaziergang du photoblog i am camera

D’après photo

recommence le regard blasé ballade sa flemme, l’image déstabilise l’indifférence, stupeurs et saisissements, les neurones dissolvent l’idée, la main frémit sur la peau de l’appareil, tourne tourne, tourne, genoux à terre, courses et sauts sur les bancs publics, sur les marches, sur les épaules, l’angle est la tempête du regard, le ravissement de l’intime, capture d’une plénitude quifait sens seulement pour soi, le clic relâche la parenthèse, le monde redevient chewing-gum, le corps laissé haletant tremble déjà des photos révélées dans le bain liquide, l’impatienceà faire battre le coeur, sarabande des rêves à achever

D’après la proposition d’écriture:

Expliquer son rapport à l’acte photographique, cette opération de la photographie, les interrogations qu’elle implique, et dans cette captation du réel, saisir ce qui fait face à l’objectif et le mettre en liaison avec le travail de la langue, dans un texte dont le rythme trépidant de la phrase qui se cherche, sinueuse, envahit l’espace et le révèle.
Plus d’explication et d’autres textes sur marellewiki à la page PhotoPoem