Je ne suis pas flou

je rêve, je fuis, je floue bleu, je ne suis pas fou, les tâches blanches gâchent mon cerveau bleu qui flotte, j’imagine, je mange l’air, je m’immisce dans le bleu, je ne suis pas fou, les bruits de l’automobile cahotent dans mon cerveau métal qui brille, je cris, je vise, je crime bleu, je ne suis pas fou, les balles d’à coté hurlent dans mon cerveau flou qui disparaît au-delà du bleu, je ne suis pas flou, je ne suis pas flou, je ne suis pas flou, je respire encore pour vous.

d’après la photo Old blue 2OO2 du photoblog chez Flawijn

la rouille du temps qui passe

J’attends un autre départ, le temps s’enfuit comme des copeaux de rouille, immobile à capturer le babillement de l’air sur mes rouages, je sais bien que le jaune brillant de mon voisin aveugle tout le monde, derrière c’est moi qui huile à lui donner un sens, je suis le grincement de ses pensées et le rimmel de se pavanes arrogantes.

d’après la photo As time goes by du photoblog Lost in Shots

lumière fossile

la lumière s'arrache péniblement
infimes reflets du métal
lutte pétrifiante contre l'absence

le soleil n'est qu'un fossile
pierre, bois et terre
image écho
dont l'ombre même est figée
dont la fleur même est solidifiée

leurre d'une existence
clin d'oeil fantomatique
vers l'hypothèse
d'un regard perçant
qui un jour

brillera dans cet inconnu

d'après Look Deep du photoblog Life inchoate

construire la couleur

Au hasard des couleurs
le mélange ne se fait pas
Il y a trop de fatigue
dans cette décrépitude
Il y a trop d’hésitation
dans cette moisissure
Il y a trop d’abandon
dans cette traînée humide

Il n’y a peut-être plus de désir,
de rencontres,
dans ces craquelures

La rencontre n’est pas qu’une
déconstruction

d’après la photo Constructivist du photoblog de John Washington

Menace du silence

j’ai peur du silence des formes, je crois que les meubles ou les objets vont m’anéantir, j’évite les miroirs qui absorbent les reflets, je panique en face des lignes d’ombres affûtées comme des couteaux invisibles, je fuis la lumière qui assassine les rêves, j’évite de prononcer le moindre son qui effacerait mon corps, je retiens sans cesse ma respiration jusqu’à baigner dans ce noir, en équilibre au-dessus dans ce maelström vide, si séduisant

d’après une photo du photo du samedi 6 mai 2oo6 à Saint-Pierre-Bois (67) sur le site Photoblog déclic du jour de Philippe Lutz

absence de soie

je m'absente, je me donne ces morceaux de rêve au milieu de la brutalité des mouvements et des volumes, la vie s'efface dans un fondu de lumière, je rêve d'ici et de maitenant à la douce sensualité de son baiser, à ses mains créant mon corps, à sa voix incarnant mon existence,

rester encore un peu dans ce brasier blanc qui ne serait plus seulement l'obsession de continuer à respirer

d'après la photo Photo In absentia du photoblog Photoblog Sopheava de Lumière

Enthousiasme coloré

Dans une trainée de couleur
la fille se marie avec la joie
limpide suspension de pollen

L'oiseau siffle
dans un frou-frou écru
douce courbe du jeu

Elle regarde au loin
le vert insouciant
jubilation des promesses

Elle aspire à s'incruster
telle la gouache sur le tableau
dans le pinceau de l'espoir

Ce demain qui se lève
juste devant sa course
l'oeil parsemé d'étoiles filantes.

d'après la photo Smiling Girl du Photoblog Jasonspix

craquelure de mes images

Craquelure de mes yeux
est-ce que ces formes soudainement
surgies?
est-ce autre chose qu’une simple lézarde?
est-ce que la couleur va revenir?
est-ce que la précision,

l’absence d’image n’est pas certaine?
mais la félure est là
distordant d’abord qu’un peu ce que je vois
mais je lutte contre

la brisure définitive
le simple miroir noir
le vide de mes rêves.

d’après la photo Rust II du photofolio de Blog photo de Jeremy Charles

l’écume des jours

dentelles d'écumes
les jours gisant
s'effacent les paroles
dessèchement des nouvelles

les rumeurs tissent dans nos cerveaux
de vieilles angoisses
peur des questions
instables bouillonnements
déstabilisent

la main des pensées glisse
tous ces déchets d'histoires
abandonnés à la macération

d'impossibles oublis
vagues intangibles de disparitions
rien ne se clôt
avant que la vague verte
ne se retire devant nos yeux

d'après la photo Oldnews du photoblog thinsite

cycle de l’ombre

Le cycle de l'ombre

L'homme ne s'y reflète pas, il refuse son ombre, il dévore sa vie qui n'est que lumière, il renvoie au Soleil toute son arrogance, son délire d'immortalité, l'ombre dissipée installe le doute et comme les roues de son vélo tournent le cycle des médisances, seules aisances des mauvaises ombres qui se plaisent à guetter le nombre des absurdités, l'homme les laisse tourner et dériver au rythme de ses coups de pédales et puis il s'arrête fièrement laissant le photographe fixer pour jamais son absence, l'homme soupire de ne pouvoir donner ne serait-ce que l'ombre de son si joli sourire, il pourrait croire alors à la vie infinie.

d'après la photo Bicycle Shadow du photoblog Dutch PhotoDay