Réalité liquide

Réalité liquide

fascination de la lumière, la réalité s'ombre de ses facettes, de clignement en clignement l'oeil se craquele de visages et d'objets qui se superposent, la réalité devient liquide, est-ce juste un reflet de soi ou un rêve violent quand ta vie se mélange à d'autres images?

j'aimerais ne pas être dévoré par le noir, simplement sourire en noir et blanc.

d'après la photo Holga fisheye – double exposure de Jege

Rêve d’arbre

Dépouillé de tout, l'arbre attend
Tristes pas sur la neige
Qui ne veulent pas
Approcher et toucher
Lui qui monte au ciel
Il rit d'infini
Heureux d'avoir les pieds sur terre
Les branches en étoiles
prêtes à applaudir
L'éclat d'une voix
qui saura
lui parler.

d'après la photo A la croisée des chemins d'Edna Branner, issue d'une série intitulée Traces de vie hivernales sur le site Ruedesboulets

Déguster l’oubli

Dans la pénombre brillante
se calfeutrer
dans les coussins exotiques
pour déguster
sous les voûtes antiques
à l’abri de la fureur, de la neige
et de la foudre des rires

juste regarder s’écouler
dans la gorge, le thé
la menthe noire de notre oubli,

disparaître un instant
du miroir du monde.

d’après la photo Thé à la menthe du blog imag in

S’asseoir

Ne plus savoir où s'asseoir, la vie en ruine, marcher,marcher, chercher une blancheur où se poser, ne plus savoir où s'asseoir, si l'on peut s'asseoir, marcher, marcher, marcher, la fatigue donne ce vertige, impossible, impossible, impossible, quand le regard cherche, elles surgissent, ces chaises, des flashs de chaises envahissent la rétine, impossible, impossible, impossible, juste ce rêve fatigué de s'asseoir sans savoir où mais, oui enfin, s'asseoir au bord du mirage

Photo n°37 du blog Sannahkvist.se – She broke my heart so I broke her face

Polygones

Revanche glaciale d'un ciel asphyxié, il aligne au scalpel l'artifice, le sang lumière, le polygone devenu marionnette hurle de ses zébrures, le fantôme d'acier tranché est suspendu, encore une fraction de souffle, avant le déferlement, violence de la chute

d'après une photo de Bénédicte Reverchon, dans la série Les Lumières de la ville, visible à la galerie Vrais Rêves à Lyon et sur leur site vraireves (rubrique expositions en cours)

Partir en fumée

Ecrire les mots à ne pas oublier
Alors que fondu dans l'artificiel
le flash saisit
le corps ailleurs
Impossible de s'enfuir
vraiment
Le corps n'est plus qu'une
fumée blanche
translucide griserie
d'écriture
qui cherche son ombre
celle qui sourit.

d'après L'enfer de la drogue (San Francisco, Etats-Unis, 1989), une photo de Jim Goldberg ( photo numéro 6 du portfolio sur le site du journal Le Monde http://www.lemonde.fr/web/portfolio/0,12-0@2-3246,31-728724,0.html )

Petits diables

Petits diables sur un Tram
Ils enflamment
Jaunes
La course rouillée
d'une ville à
reconstruire
d'une ville à
hacher
d'une ville à
sourire libre
comme un chat
de Chris
Impertinence blanche
sur noir désastre.

d'après le sourire de la liberté une photo de Chris Marker d'après sa propre création sur les trams de Sarajevo

Au bord du précipice

Froid et solitaire, Buster K cherche comment ne pas se laisser congeler, Buster tient son trésor tout contre lui, à un pas de la tristesse, le précipice blanc est là, le regard tourné vers le passé, Buster n'a plus l'énergie des larmes, fragile, à un pas du cristal, prêt à fondre, Buster hésite à vivre,

Se donner encore quelques minutes pour les peut-être

Il ne veut plus enlever son masque blanc.

d'après une photo du film Ma Vache et moi de Buster Keaton, voir sur le site de l'institut Lumière de Lyon, http://www.institut-lumiere.org/, dans le programme de la rétrospective

Destruction d’un immeuble

Dans un désert anguleux de béton
une fontaine brillante
les étincelles d'une vie mécanique
coeur invisible
intermittent
clin d'oeil hypnotique
écoulement délicat et violent
d'une absence
d'une destruction
scintillement de
fatal
peut-être.

inspiré d'une scène de rue

L’homme infime

L'homme infime
sous la caresse des nuages
silhouette fuyant son avenir
pataugeant dans l'humidité du présent
il cherche entre la terre et l'eau
les stries du possible
les rêves enfin fossilisés dans le réel
un sens non-vacillant
à ses incertitudes.

d'après Crépuscule, une photo de la série Madagascar de Jean-Noël De Soye