C’est le moment de l’embrasser et l’hésitation est là. Nous avons marché dans la ville calme du dimanche. Nous avons parlé du collège, des copains et des dernières vidéos vues sur le net. Les silences timides ne duraient pas. Chacun s’employait, fébrile, à éviter ces blancs. On se plaît et chacun sait que l’autre sait… mais quand vient l’heure de la déclaration, l’appréhension grignote les certitudes. Elle m’a fait des compliments sur ma tenue et moi sur sa coiffure. J’ai vu ces joues rosir, à peine. Cela m’a ému. Nous avions fixé d’un commun accord le point d’orgue de notre promenade à deux, la première en dehors des activités quotidiennes: ce pont où à cette saison les fleurs et l’eau se mélangent avec sensualité. Alors que d’autres vont au cinéma ou au skate parc pour leurs rendez-vous amoureux, nous c’est la nature, une intimité hors de la ville. Elle aime les fleurs et moi le bruit de l’eau qui coule sous ce pont. Je ne sais plus quand je lui ai pris la main mais c’était doux de la tenir. Nous n’avons pas arrêté de sourire ou de rire, c’était chouette. Depuis que nous nous sommes accoudés à ce pont, un délicieux silence s’est installé et, miracle, nous sommes seuls. Elle s’est blottie contre moi à l’instant et je crois que c’est le moment de l’embrasser. Je m’approche avec lenteur de son visage en regardant la rivière, je fais durer, puis je me tourne vers ses lèvres en forme de fleur.
d’après une photo de @tee_gf, photo du jour le 13 avril 2012 sur Webstagram