Avec l’aimable autorisation de la revue Argus, je publie ici l’article qu’ils m’ont demandé afin de présenter un dossier sur la médiation. Ce dossier est paru dans le volume 39 numéro 3 (Hiver 2011).
Etre des passeurs tel est l’un des axes forts du métier de bibliothécaire. Les collections et les services que nous proposons n’ont de sens que s’ils rencontrent un public. Cette exigence de médiation n’a cessé de s’accentuer au fil de notre histoire et surtout de s’adapter au contexte social dans lequel nous vivons. La mise en place de politique d’animations a été une étape importante pour faire vivre nos collections au-delà du prêt et de conseils inter-individuels. L’ambition d’élargir sans cesse notre public nous a conduit à démultiplier les actions hors les murs. Il s’agissait dans un premier temps de démarche expérimentale issue de volontés individuelles et de rencontres avec des partenaires sociaux ou éducatifs. C’est en cela que la démarche de médiation en bibliothèque est fortement teintée d’une couleur sociale, à savoir rencontrer des publics défavorisés ou tout au moins éloignés du livre et de la culture. L’article de Madjid Ihadjadene et Bernadette Dufrene, Les médiations en bibliothèque : une logique de service public? fait le point sur cette notion et son évolution. Vous en trouvez de merveilleuses illustrations dans ce dossier. Pour paraphraser Le Bossu (Paul Féval) alias Lagardère, si tu ne viens pas à la bibliothèque, la bibliothèque viendra à toi!
Et ils sont de plus en plus nombreux les preux chevaliers du livre et de la culture à partir à l’assaut du public. Qu’il s’agisse d’un bibliothécaire ambulant qui aide les parents à savoir lire des histoires à leurs enfants (Jean-François Cusson, Montréal); ou du développement du programme “Un naissance un livre” visant à offrir une livre aux enfants de moins d’un an; ou d’un vélo sert de catalyseur pour proposer des lectures, des débats ou des ateliers d’art en pleine rue (Ramon Vitesse le Biblio-vélo à Cowansville); ou de l’heure du thé qui permet aux femmes de l’arrondissement de Villeray (L.F. Beaulieu, Montréal) de se rencontrer à la bibliothèque, de se socialiser et d’ouvrir quelques livres; ou deux tentes qui se déplacent de parcs en jardins à Québec pendant l’été suscitant la découverte du livre auprès des enfants (Mylène Gauthier, Québec); ou les livres vivants sur les communautés autochtones à Quebec (Mazzeo, Madavine Tom et Karen Rodrigue-Gervais); ou la Bibliothèque ouverte (BiO) qui combine les actions de proximité hors les murs et la co-création du service in situ avec un volet numérique (Ramon Vitesse); ce dernier entre d’ailleurs en écho avec l’expérience de médiation numérique de Romans-sur-Isère (Lionel Dujol), tous ont chevillé au coeur l’ambition de démocratiser la bibliothèque.
Il faut miser sur la relation humaine dans nos bibliothèques car les collections sont en train de nous échapper complètement au profit du numérique. Chacun peut découvrir, collectionner et organiser de plus en plus facilement tout seul ses contenus culturels. Aujourd’hui la médiation ne relève plus d’une démarche volontariste en direction de certains publics mais doit devenir une stratégie globale de nos établissements que ce soit sur place ou en ligne. Comme l’explique L. Naccache, la connaissance provient de la rencontre de deux subjectivités et non simplement de la consultation d’une information par un individu. Les bibliothèques ont tous les atouts et les ressources pour jouer cette carte. Ne ratons pas ce tournant!
Note:
Perdons-nous connaissance? Lionel Naccache (Odile Jacob, 2010)
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