Il y a quelques mois j’ai été amené à proposer un plan d’action pour un poste de chef de projet « Médiation numérique ». Je compile ici les lignes de force qui sont susceptibles d’être réutilisées dans d’autres contextes.
Le plan d’action se déploie sur 3 axes principaux qui pourront être modifiés et affinés avec un groupe projet.
1/ La médiation numérique
> Mise en place d’un groupe projet pour préciser le contenu de la politique numérique, en assurer le suivi et la mise en œuvre
Ce groupe de travail sera composé de 5 à 10 personnes. Dans l’idéal et sur la base du volontariat, les différents types de bibliothèques devraient être représentés, le responsable informatique et les collègues particulièrement motivés par ce projet. Le groupe projet se réunira régulièrement et utilisera des outils de gestion de projet numérique type Trello (https://trello.com/). Les membres de ce groupe de travail auraient pour vocation de convaincre et de former les autres collègues.
- Rédaction de la charte de développement numérique
- affiner les objectifs et le périmètre de la politique numérique
- réflexion et proposition sur les publics cibles qui pourront être différents selon les thématiques fortes à défendre : faire connaître le patrimoine à un public jeune ? Valoriser telle action auprès d’un public senior ?
- réflexion sur la mise en œuvre ou non d’une ou de plusieurs identités numériques, c’est à dire un ou des avatars destinés à personnaliser l’institution sur les réseaux sociaux
- lister les ressources et les moyens disponibles
- élaborer le budget des différentes actions envisagées
- identifier et former les personnes relais dans les différentes bibliothèques
- planifier la montée en charge des différents axes de développement retenus
- en fonction des possibilités du logiciel de portail, passer en revue les CMS les plus connus et sélectionner celui qui pourrait être utilisé en complément pour la mise en ligne de contenus.
- rédaction d’une chaîne de production et de validation des contenus: calendrier de mise en ligne, circuit de validation, durée de visibilité selon les contenus avec archivage ou pas.
- réfléchir et proposer des axes et le contenu de la communication interne et externe
- création et constitution de kits matériels pour la production de contenus autour des animations (kit podcast, kit vidéo, kit photo) avec mode d’emploi
- sélection des critères d’évaluation sur les différents axes de la politique numérique.
- validation successive de ses travaux par l’équipe de direction
Réflexion sur les outils de publication et de médiation en ligne
- Réfléchir sur l’évolution du logiciel de portail.
- Envisager la création d’un ou plusieurs sites satellites au portail d’une part pour pallier le cas échéant aux limitations de la version actuelle du logiciel de portail, d’autre part pour offrir des accès moins institutionnels aux ressources ou aux actions des bibliothèques. L’utilisation de CMS standards comme Drupal permettra d’envisager l’intégration d’informations du portail dans le ou les sites satellites. Plusieurs sections déjà actives sur le portail ou le secteur jeunesse pourraient par exemple disposer chacun d’un site propre pour valoriser leurs actions, faire de la médiation et créer de l’interaction avec leur public.
Mise en place d’un comité éditorial et d’une chaîne de validation des contenus
- création d’un comité éditorial qui propose, planifie, suit, met en œuvre la production de contenus en ligne et assure la présence en ligne. Ce comité recoupera en partie le groupe projet numérique.
- établir une charte de rédaction des contenus en ligne (longueur et mise en forme des textes, place de l’illustration et des contenus multimédias). Après validation en équipe de direction et pour son appropriation par les rédacteurs potentiels, ce document sera soumis à commentaires et pourra évoluer jusqu’à une version définitive.
> Développer la culture numérique, formation et accompagnement des collègues
- diffusion hebdomadaire d’une newslettre de veille sur le numérique, les actions numériques de la ville et dans la région, le monde culturel, les bibliothèques et le numérique, toutes informations dans ce domaine susceptibles de servir de source d’inspiration. Les informations seront stockées en ligne sur un outil de type Scoop.it. Par la suite cette veille comportera une dimension participative où les collègues pourront faire des suggestions.
- si elle n’existe pas, réaliser une enquête sur le niveau d’information, de formation et d’attente des collègues via un sondage.
- organiser trois conférences par an sur des thèmes de l’actualité numérique (la lecture sociale à l’ère du numérique, qu’est-ce qu’un Fablab ?…) par des personnes extérieures (locales ou d’ailleurs) ou le chef de projet numérique.
- rédiger et diffuser des synthèses de lecture professionnelle, de journées d’étude ou de formations.
- prévoir un temps d’appropriation des outils numériques et un temps de préparation à la mise en œuvre avec présentation, utilisation professionnelle, temps d’échange et d’évaluation.
- Formation à la rédaction sur le web
- Formation à l’écriture de chroniques de documents
- Formations aux outils logiciels ou aux matériels en fonction des choix effectués tout au long des développements de la politique numérique
> Développer la production de contenu en ligne et la médiation documentaire numérique
- Encourager et développer la production de contenus autour de l’action culturelle : dossiers thématiques en ligne, reportages photos sur les ateliers, photos et petit compte-rendu sur une animation, petite vidéo sur une animation, visite vidéo d’une exposition, envisager les moyens de mettre en œuvre une captation systématique des moments forts de l’action culturelle (cf. à Toulouse, http://www.bibliotheque.toulouse.fr/Archives-conferences.html)
- démultiplier la médiation documentaire numérique : inciter les bibliothécaires et tous les collègues intéressés à rédiger une chronique par mois sur des notices ou sur des ressources en ligne
> Développer la communication et la présence en ligne
- assurer une présence en ligne sur les principaux réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Google+ avec une publication minimum par jour.
- A partir de la définition de rubriques récurrentes (par exemple : le livre de la semaine, la rétrospective du mois, l’animation du jour, etc…) Tous les contenus produits y seront propulsés et quelques contenus à dimension plus interactive seront produits spécifiquement pour ces réseaux, comme des petits jeux sous forme d’énigme ou de concours.
- Mettre en place une ou plusieurs newslettres qui récapitulent l’ensemble des informations produites.
- Pour certains contenus, des relais pourraient être trouvés sur le site de la ville et d’autres sites d’informations locales.
2/ Définir et développer les espaces de médiation numérique
Après un état des lieux et en s’appuyant sur les actions en cours, il s’agira d’établir un petit cahier des charges des espaces de médiation numérique qui pourra s’adapter en fonction de la taille de l’établissement. Celui-ci sera souple et évolutif dans un domaine ou les technologies changent vite.
Quelques bases pour ce cahier des charges :
- éléments scénographiques pour matérialiser l’espace (banderoles ou tapis de sol personnalisés en fonction d’une charge graphique à concevoir avec l’agence de communication Ligne A Suivre).
- du matériel pour un usage sur place dont la quantité variera selon la taille de l’espace : des tablettes multimédias (iPad et d’autres sous Android), des téléphones mobiles grand format type Galaxy Note, des liseuses, des ordinateurs portables et des objets connectés ludiques type Karotz (lapin communiquant, http://store.karotz.com/fr_FR/).
- Dans les grandes médiathèques, ces espaces pourront être déclinés dans une version jeunesse.
- Les contenus : l’accès à des ressources numériques, des applications généralistes (réseaux sociaux, bureautiques, pratiques,…) et culturelles ainsi que des jeux.
Certaines bibliothèques petites ou moyennes ne pourront pas créer d’espace et ne pourront que prêter du matériel et organiser des présentations ou des animations sur place.
Outre les formations aux outils numériques, ces espaces pourraient être animés selon deux grands axes :
- créneaux autour d’une thématique (exemples : les applications pour vos enfants, les jeux de société sur tablette, Facebook pour débutant, comment préparer ses vacances ? , créer un jeu vidéo)
- rendez-vous personnalisés avec l’animateur pour une durée de trente minutes à une heure.
Un plan de communication sera aussi préparé et mis en œuvre après une première phase d’expérimentation des espaces numériques.
3/ Actions culturelles et développement des partenariats dans le domaine numérique
L’objectif sera d’intégrer de manière progressive des animations numériques dans le programme général du réseau des médiathèques. Pour la saison 2013 – 2014, il s’agira d’inclure du numérique sur plusieurs moments forts existants et/ou de s’associer si possible avec un évènement numérique de la ville. Quelques exemples d’actions culturelles: Créer une application pour enfant avec Olivier Douzou, Dessiner et bloguer au quotidien (Ma vie en patate de Martin Vidberg http://vidberg.blog.lemonde.fr/ ou Ma vie en BD http://blog.chabd.com/) ou autour de l’art numérique avec un acteur local. De manière stratégique, il sera aussi demandé d’inclure du numérique dans des actions récurrentes comme les comités de lecture ou d’écoute, l’heure du conte ou les ateliers de dessin.
Par la suite, il pourra être envisagé de créer un évènement ponctuel ou récurrent autour du numérique. Afin de nouer des partenariats avec différents acteurs numériques de la ville et le monde universitaire, les médiathèques pourraient accueillir une série de conférences sur le thème des Fablab. En accompagnement des conférences, une exposition d’objets fabriqués par le FabLab existant ou des démonstrations du fonctionnement des imprimantes 3D pourraient avoir lieu à la médiathèque centrale.
Les espaces numériques pourraient aussi servir de laboratoires d’échange et d’expérimentation entre des usagers, des créateurs et/ou des entreprises.
Comme tout le reste du blog, ce plan d’action est en Creative Commons et n’hésitez pas à faire vos remarques ou à compléter.
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