« c’est un infini en intensité et non en extension qu’il s’agit d’inventer »
Alexandre Monnin et Nathan Ben Kemoun : La sobriété comme suffisance intensive, l’exemple de la musique – La musique en mouvements
Enjeux d’un ralentissement de l’action culturelle
La réduction plus ou moins importante des budgets ou du temps disponible en interne pour mener des projets alliée à la prise en compte des enjeux écologiques engagent les bibliothèques à repenser aussi la place de l’action culturelle.
Faire venir de très loin, même en train, certains artistes pour une ou deux soirées posent aujourd’hui question. Enchaîner les expositions ou certaines propositions, pour remplir une saison culturelle et essayer de faire du chiffre, doivent aussi être interroger en terme d’impacts sur le territoire et les habitants.
Élargir vraiment les publics de l’action culturelle, au-delà des multi-pratiquants (qui fréquentent intensément tous les lieux culturels) et des convaincus (sur une forme, comme les accros au conte, sur une thématique, comme les écologistes convaincus) demande une approche globale et du temps long.
Si les bibliothèques veulent aller davantage vers les droits culturels et la co-construction (avec les partenaires et-ou avec le public), il est urgent de ralentir et de prendre le temps de repenser le projet culturel et les méthodes pour le mettre en œuvre.
Ralentir pour approfondir les projets
Comme le souligne fort justement le compte-rendu du Forum Bis:
- Ralentir faciliterait la coopération et la coconstruction des projets culturels et artistiques.
- Ralentir permettrait une meilleure articulation des projets culturels aux enjeux écologiques.
- Ralentir participerait à la qualité des projets culturels et artistiques. Il permettrait plus de créativité, un meilleur accueil des équipes artistiques et des publics, plus de temps pour la rencontre, pour la médiation.
- Ralentir offrirait une meilleure qualité de vie, plus de confort, de sérénité, de sécurité, de santé au travail. Il ne s’agit pas seulement de faire mieux, mais d’être mieux.
Prélude au ralentissement: réfléchir en interne
Les bibliothèques ont tout intérêt à bifurquer dans cette direction commençant par un temps de la réflexion en interne. Vous pouvez d’ailleurs vous inspirer de l’atelier utilisé lors du Forum Bis (voir en annexe du document)
Les objectifs de l’atelier étaient les suivants:
- Mettre en débat le sujet du renoncement
- Permettre à un groupe de pouvoir discuter et partager des idées autour de ce sujet
- Identifier les axes à explorer en lien avec le renoncement
Trois étapes pour ce formation d’atelier participatif type World Café:
- Premièrement : Que pourrait-on faire moins ?
- Deuxièmement : Que gagnerait-on à faire moins ?
- Troisièmement : De quoi aurions-nous besoin pour faire moins ?
Quelques pistes de travail pour ralentir l’action culturelle
Pour conclure provisoirement le sujet, voici des premières pistes de travail et de réflexion:
- travailler avec des articles locaux sur des pratiques artistiques sur le long terme
- amplifier les démarches de co-construction et d’implication des usagers autour de leur talent ou de leur passion.
- faire venir pour un temps plus long des artistes venant de loin pour des rencontres, des ateliers et de la médiation dans différents lieux et situations
- prendre le temps de rendre les projets adaptés au territoire et aux habitants
- prendre le temps de donner envie de venir, de participer ou de s’impliquer.
D’autres idées ? D’autres envies ?
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